Aviation

Bombardier devra investir 300 millions en Alabama

De nouveaux documents rendus publics hier, dont une copie de l’entente entre Airbus et Bombardier, ont notamment permis d’apprendre que Bombardier devra investir 300 millions de dollars en Alabama, qu’Airbus pourra réutiliser des technologies de la C Series sur ses propres avions et que Boeing juge inutile l’assemblage d’avions C Series aux États-Unis.

300 millions US

Pour la première fois dans ces documents, déposés au département américain du Commerce dans le cadre d’un appel à des commentaires sur la transaction annoncée avec Airbus, Bombardier a fourni un chiffre sur l’investissement qu’elle prévoit devoir effectuer pour construire une nouvelle ligne d’assemblage final à Mobile, en Alabama, dans l’usine d’Airbus. Bombardier estime la somme nécessaire à 300 millions US.

Cet investissement créerait 2000 emplois permanents aux États-Unis, dont de 400 à 500 emplois directs, estime l’entreprise. À cela s’ajouteraient 6000 années-personnes, réparties sur environ deux ans, pour la construction elle-même.

Selon Bombardier, cette somme fait partie des 709 millions qu’elle s’était déjà engagée à débourser en cas de besoin dans le cadre de l’entente avec Airbus et elle ne remet pas en question son plan d’atteindre le point d’équilibre avec la C Series en 2020. 

Propriété intellectuelle cédée

C’est aussi la première fois que l’entente signée par Bombardier et Airbus en vue du transfert de 50,01 % de la propriété du programme C Series est rendue publique, même si certaines portions ont été caviardées.

Il s’en dégage notamment qu’Airbus a obtenu de Bombardier une licence « perpétuelle, non exclusive et non transférable pour l’utilisation par Airbus pour n’importe quel programme d’avion qui n’est pas en concurrence avec Bombardier ou [la C Series] de tous les droits de propriété intellectuelle, logiciels, données ou savoir-faire » liés à la C Series.

Autrement dit, Airbus pourra récupérer des façons de faire ou des technologies développées par Bombardier pour la C Series dans d’autres appareils, notamment ses avions de ligne ou des avions militaires.

Alabama : Boeing s’y oppose

La demande de commentaires du département du Commerce est la première occasion pour Boeing de faire connaître les motifs légaux de son opposition à l’entente entre Airbus et Bombardier.

Un haut dirigeant de l’entreprise dont le nom a été caviardé a ainsi fait valoir, dans une déclaration sous serment lundi, que le fait d’établir de nouvelles installations pour la C Series en Alabama n’avait pas de sens du point de vue économique, si ce n’est en tant que « tentative d’évitement » des tarifs qui seraient imposés par les États-Unis.

Un tel geste « divise l’augmentation de la productivité entre deux installations, ce qui augmente les frais généraux et les coûts de démarrage du programme », croit-il.

Les commandes actuelles pour la C Series « sont insuffisantes pour soutenir la production à Mirabel au rythme actuel pour le futur prévisible, encore moins celle d’une deuxième ligne en Alabama ».

Pour Boeing, la création de cette deuxième ligne créerait au contraire pour Bombardier « un fort incitatif à trouver de nouveaux clients pour la capacité excédentaire du programme » et « explique pourquoi Bombardier agit de façon si agressive dans le marché ».

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