Courrier

Élargir l'aide médicale à mourir ?

Notre appel à tous d’hier en lien avec l’affaire Cadotte a suscité un courrier abondant. Notre question : devrait-on élargir l’accès à l’aide médicale à mourir pour permettre le consentement anticipé ? Voici un aperçu des quelque 200 commentaires reçus. 

J'aime trop la vie

Dans le cas où je souffrirais éventuellement de démence ou d’alzheimer, je souhaiterais avoir la possibilité, pendant que je suis pleinement capable d’y consentir, de recevoir l’aide à mourir. Qu’on établisse un processus sans équivoque, des règles précises, j’en suis. Mais de grâce, qu’on me permette de refuser de vivre en « légume ». J’aime trop la vie pour la voir se prolonger de manière inconsciente. À quoi bon laisser battre un cœur qui ne sait même plus qu’il bat ? J’estime avoir le droit de m’y refuser.

— Jocelyne Kucharski

Un souhait légitime

Oui, aucune hésitation. Tout comme un testament permet d’exprimer les dernières volontés d’un individu concernant ses biens matériels, un document légal rédigé à l’avance devrait pouvoir permettre de demander l’aide médicale à mourir en cas de maladie incurable débilitante comme la maladie d’Alzheimer. C’est légitime de vouloir mourir dans la dignité et ne pas devenir un fardeau pour ses proches.

— Madeleine Tremblay, Montréal

Le dernier sourire

Avant de partir, si elle avait bénéficié de l’aide médicale à mourir, ma mère m’aurait entendue lui dire combien je l’aimais. Elle m’aurait aussi entendue lui dire que je n’aurais voulu aucune autre mère qu’elle, et elle aurait su que je ne l’oublierai jamais. J’aurais eu son dernier baiser et son dernier sourire. Au lieu de cela, ma mère, femme énergique, intelligente, généreuse et aimante, est décédée des suites de la maladie d’Alzheimer après avoir perdu toutes ses facultés et sa dignité sans savoir que j’étais à ses côtés. 

— Claire Tardif

L'inévitable doute

Bien sûr qu’on devrait élargir l’aide médicale à mourir à ceux et celles qui ne peuvent donner le consentement à la toute fin, faute de pouvoir le faire. Après tout, ces personnes n’ont pas les mêmes droits que les autres dans l’état actuel du droit. Par contre, si une personne devait changer d’idée par rapport à son choix anticipé, comment pourrait-elle le signifier ? On devrait tenter de le savoir malgré tout jusqu’à la dernière minute afin d’être le plus certain possible. Il restera toujours un doute cependant. Mais lors du choix anticipé, on devrait lui faire part de ce danger, de façon à ce que cette personne soit prête à l’assumer.

— Jacques Lapointe

Difficile à vivre

Oui, pour le consentement anticipé ! En tant qu’aidante naturelle, je vois ma mère dans un état qu’elle-même ne voudrait pas voir. Pourquoi ne pas ouvrir le débat sur cette possibilité de choisir de mettre fin à ses jours une fois le diagnostic d’alzheimer posé et une fois l’état critique atteint. Cet état critique serait préalablement identifié par la personne elle-même lors du consentement anticipé. Je ne souhaite à personne de vivre ce qu’elle vit et ce que ses proches vivent aussi. 

— Lucie Bourque

La qualité avant la quantité

Oui, je crois que l’aide médicale à mourir devrait être élargie pour tenir compte du choix de la personne de privilégier une qualité de vie plutôt qu’une quantité d’années pendant lesquelles il n’y a qu’un semblant de vie (l'état végétatif).

La loi devrait permettre des directives anticipées choisies et énoncées librement par chacun. Maintenir des personnes en vie, sans qualité de vie même si un pronostic de mort n’est pas prévisible dans un avenir rapproché, n’apporte rien ni à la personne, ni à sa famille et ni à la société, tout en étant très coûteux. L’accent et l’argent devraient être mis sur la sécurité et la formation de la jeunesse et de meilleurs soins pour les personnes malades. Pour ma part, mon choix est fait : qualité plutôt que quantité.

— Nicole Gingras Marette

Un flou à corriger

Nous devons enlever de la loi actuelle la notion floue de « mort prévisible à court terme » et ne garder que les critères de souffrance insupportable et du caractère irréversible de la maladie. Et élargir la notion de « consentement explicite » pour inclure les consentements anticipés : quand une personne encore en bonne santé relative, libre de son destin et pleinement consciente de la portée de ses décisions, signe de son plein gré et devant témoins une demande d’aide médicale à mourir, advenant des conditions futures où elle deviendrait inconsciente et incapable de formuler une telle demande, cette volonté devrait être prise en compte par le système médical.

— Pierre Sormany

Éviter l'acharnement

Je suis entièrement d’accord avec le consentement anticipé. Une personne par exemple souffrant de l’alzheimer, au début de la maladie, pourrait en toute conscience signer une lettre à cet effet pour en finir avec ses souffrances sans nom. D’autres maladies dégénératives pourraient aussi être admises. C’est cela, à mon avis, finir ses jours dans la dignité. Autrement, c’est de l’acharnement qui n’est pas loin du masochisme.

— Francine Roy

Écourtons le débat

Oui, ça presse. Pour avoir vu mourir plusieurs personnes atteintes de maladies chroniques ayant subi une fin de vie pitoyable et pour la famille qui est obligée de vivre cette mort inévitable et indigne pour un être humain, le débat devrait être court. Et moi, je voudrais avoir la possibilité d’y avoir recours si indication. Tant qu’une personne est apte à décider pour elle-même, rien ni personne ne devrait combattre les dernières volontés de cette personne. Même si c’est douloureux. On devrait pouvoir le faire en même temps que son testament devant notaire. Et aucune religion ne devrait se mêler de ce choix. 

— Murielle Laferrière, infirmière retraitée, Pointe-Claire

Je signe

Que l’on me donne tout de suite ce papier et je le signe dans un grand geste d’amour pour moi et pour les miens. Quiconque a vu dépérir une personne aimée à cause ce cette ignoble indignité humaine qu’est cette maladie n’a pas envie de vivre ou de faire vivre cela aux siens. 

— Diane Bérubé

Le temps est venu

Je suis tout à fait pour cette démarche. Quand on est atteint d’une maladie incurable ou autre, le droit de choisir quand on veut mourir fait partie de mourir dans la dignité autant pour la personne atteinte que pour les proches qui assistent à cette mort lente et troublante. Il est grand temps que nos institutions s’ajustent et que les gouvernements que nous avons élus répondent.

— Joanne Fortin

Allez de l'avant

Je suis pour l’aide médicale à mourir. J’ai vu mon père et mon frère être atteints de l’alzheimer. Deux hommes forts avec des idées et des opinions que je ne reconnaissais plus, tant ils étaient diminués. Ma famille et moi étions tellement impuissants, tristes et anéantis. Nous les aimions tellement, sans pouvoir leur rendre leur dignité. Ce n’est certainement pas ce qu’ils auraient voulu, eux si fiers et si solides. Je ne vois pas de dignité quand un homme végète en couche, avec un toutou qu’il berce. Madame la ministre, allez de l’avant, on est derrière vous. 

— Cécile Gendron

L'autre solution

Oh oui, on doit l’élargir aux maladies dégénératives qui ont une date de fin de vie lointaine et imprécise. Personnellement, apprendre une telle nouvelle, c’est sûr que je mettrais fin à mes jours, ne voulant pas m’imposer et imposer à mes proches cette longue agonie. Se suicider, ça veut dire mourir seule, ça veut dire laisser ses proches dans un mélange d’impuissance et de colère. C’est préférable de mourir dans la dignité entourée de ceux qu’on aime et qui acceptent et comprennent notre choix.

— Danielle Girard, Montréal

Hors de question

Il faut absolument que cette commission évolue et permette ce changement. Personnellement, je suis prêt à aller en Suisse ou en Belgique si je suis atteint de l’alzheimer. Ma mère est décédée de cette maladie et il est hors de question que je passe par là. Mon entourage est au courant et les fonds sont réservés. Je ne suis pas le seul à penser ainsi.

— André Lepage

Prisonnier de son corps

Je suis tout à fait en accord avec l’élargissement de l’aide médicale à mourir. Je pense que nous sommes rendus là. Beaucoup de personnes handicapées et souffrantes le sont parce que les avancées de la médecine ont fait en sorte de les sauver ou de les maintenir en vie. Elles sont ensuite prisonnières de leur corps. Nous avons augmenté la longévité au détriment de la qualité de vie. Ma mère a fait un AVC à 89 ans et est restée paralysée. Elle a passé les trois dernières années de sa vie en CHSLD, à passer de son lit à son fauteuil roulant, sans même pouvoir se déplacer seule. Elle demandait à mourir, me disait qu’elle avait hâte d’être en vacances, le demandait dans ses prières. Elle avait encore sa tête, d’où sa souffrance. J’aurais souhaité qu’elle ait l’option de décider de partir. Je ne sais pas si elle l’aurait prise, mais au moins, elle aurait eu le choix !

— Luce Bourdon

Il faut l'avoir vécu

Oui, bien sûr. Ma femme est décédée de la maladie de Lou Gehrig à l’âge de 53 ans, il y a déjà neuf ans. Quand tu n’as jamais vécu cette situation, tu ne peux pas comprendre ce que l’autre peut vivre. Ma femme m’a dit : « Je t’aime trop pour t’empêcher de vivre ta vie. Je n’ai plus de qualité de vie, et tu es esclave de moi. » Ceux qui sont contre n’ont jamais vécu cela.

— Claude Lanctôt

Se poser la question

On doit avoir droit au consentement anticipé, lorsqu’on est sain d’esprit, de requérir à l’aide médicale à mourir en cas de démence (ce qui nous mènera inévitablement vers une mort), mais ô combien longue et souffrante pour la personne elle-même et tous ses proches. Ce serait vraiment plus facile pour tous de pouvoir planifier ce passage de vie à trépas dans des conditions favorables et confortables pour le malade, dont les proches pourraient garder un souvenir heureux et apaisant. Pour avoir personnellement assisté à la longue déchéance de mes deux parents qui souffraient de la maladie de Parkinson, combinée à une démence, nous aurions tous souhaité avoir droit à ce « privilège ». On doit se poser la question : qu’est-ce qui est mieux entre faire le deuil de ses proches atteints de démence de leur vivant ou les laisser partir en toute quiétude et dignité ?

— Isabelle Levasseur, Saint-Laurent

La détresse

Pour avoir soigné pendant des années ma grand-mère et ma mère atteintes d’alzheimer, je souhaite qu’on légifère au plus vite. J’ai passé un test d’alzheimer récemment et on me dit que je n’ai pas de signe pour le moment, mais j’ai 78 ans. Qui me dit que cela n’arrivera pas dans quelques années. Je ne voudrais pas imposer cela à mes enfants et petits-enfants. On ne peut imaginer la détresse que les personnes atteintes vivent. 

— Ghislaine Thibault

Mon choix est fait

Maintenant âgée de 70 ans, j’ai déjà fait part à mes proches, verbalement et par écrit, de mon désir de mourir advenant une condition physique ou mentale m’empêchant d’avoir une bonne qualité de vie. Je suis d’avis que toute personne a le droit de choisir son destin. Je souhaite donc qu’un élargissement de l’aide médicale à mourir se fasse d’ici là.

— Danielle Parent, Montréal

Avant qu'il ne soit trop tard

Tout à fait ! Nous traitons mieux les animaux que les humains ! Aucune personne vivante et consciente ne souhaite terminer sa vie active de manière aussi atroce qu'avec l’alzheimer ou le parkinson ou toute maladie dégénérative. En ce qui concerne l’alzheimer, il faut choisir de partir avant de ne plus en avoir conscience. J’en discute régulièrement avec mes enfants puisque ma mère en est atteinte gravement. Vraiment triste de voir des êtres tant aimés terminer leur vie d’aussi horrible façon.

Naître c’est mourir, il est grand temps dans notre société de légiférer !

— Hélène Gagné

Je veux avoir le choix

Oui ! J’ai 76 ans et si je souffre de démence ou d’alzheimer éventuellement, je veux avoir le choix de mettre fin à mes jours pour éviter à ma famille de prendre soin de moi dans cet état. Je veux avoir le pouvoir de mettre mes volontés à l’avance et mes conditions pour l’aide médicale à mourir.

— Francine Beauchamp

Lésées dans leur droit

Je suis en faveur de l’élargissement de l’aide médicale à mourir, car je crois qu’avec des directives médicales anticipées, toute personne a le droit de décider de mourir dans la dignité. En fait, je crois qu’avec les restrictions actuelles, certaines personnes comme celles atteintes de la maladie d’Alzheimer et de démence sont lésées dans leur droit. Quand une personne se sachant atteinte de cette maladie prend les mesures nécessaires pour pouvoir mourir dans la dignité, nous devrions comme personnel soignant être à son écoute malgré le délai.

Et qu’offrons-nous comme société aux aidants naturels qui se battent avec un système ne les soutenant pas du tout ? Nous finançons avec des milliers de dollars certains organismes, dont L’Appui pour les proches aidants d'aînés, devant offrir du soutien à ces aidants naturels, mais à part financer un système bureaucratique, on ne voit jamais d’aide directe à ces personnes ou si peu.

Par équité pour ces personnes malades et qui le désirent, oui, je suis totalement en faveur de l’élargissement de l’aide médicale à mourir. J’espère que l’on en fera une priorité dans les prochains débats sur cette question.

— Anne-Claire Marcotte

Lésées dans leur droit

Je suis en faveur de l’élargissement de l’aide médicale à mourir, car je crois qu’avec des directives médicales anticipées, toute personne a le droit de décider de mourir dans la dignité. En fait, je crois qu’avec les restrictions actuelles, certaines personnes comme celles atteintes de la maladie d’Alzheimer et de démence sont lésées dans leur droit. Quand une personne se sachant atteinte de cette maladie prend les mesures nécessaires pour pouvoir mourir dans la dignité, nous devrions comme personnel soignant être à son écoute malgré le délai.

Et qu’offrons-nous comme société aux aidants naturels qui se battent avec un système ne les soutenant pas du tout ? Nous finançons avec des milliers de dollars certains organismes, dont L’Appui pour les proches aidants d'aînés, devant offrir du soutien à ces aidants naturels, mais à part financer un système bureaucratique, on ne voit jamais d’aide directe à ces personnes ou si peu.

Par équité pour ces personnes malades et qui le désirent, oui, je suis totalement en faveur de l’élargissement de l’aide médicale à mourir. J’espère que l’on en fera une priorité dans les prochains débats sur cette question.

— Anne-Claire Marcotte

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