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Un distributeur
accuse Renaud-Bray « d’importation illégale »

Le distributeur de livres Diffusion Dimedia accuse le libraire Renaud-Bray « d’importation illégale » d’ouvrages, un conflit acrimonieux qui se retrouvera devant les tribunaux la semaine prochaine.

Diffusion Dimedia a demandé hier à la Cour supérieure du Québec une injonction « pour stopper l’importation illégale de livres dont elle est le distributeur exclusif ». La requête a été déposée, mais elle sera entendue mercredi par un juge.

« Au cours des derniers jours, Diffusion Dimedia a constaté que certains livres non fournis par Diffusion Dimedia étaient en vente chez Renaud-Bray et a acquis la certitude que ceux-ci avaient été importés directement de France en violation de la loi 51 et de la loi sur le droit d’auteur », a fait valoir l’entreprise.

Il s’agit là d’une nouvelle étape dans le différend commercial qui oppose les deux sociétés.

Diffusion Dimedia affirme que Renaud-Bray a décidé de changer « brusquement et unilatéralement », il y a deux mois, les conditions commerciales qui prévalaient entre les deux entreprises depuis plus de 20 ans.

Les sociétés sont en désaccord quant aux modalités de remboursement des exemplaires invendus, ce qui a amené Diffusion Dimedia à suspendre ses livraisons à Renaud-Bray ce printemps. Comme le distributeur représente plus de 300 éditeurs de livres, cet arrêt de livraisons aurait normalement dû se traduire par des pénuries de certains ouvrages dans les librairies de Renaud-Bray.

Or, selon des exemples cités dans la requête, Renaud-Bray aurait depuis « entrepris de s’approvisionner illégalement auprès d’un fournisseur français ». Diffusion Dimedia cite les cas des best-sellers Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez, Pour en finir avec Eddy Bellegueule, d’Édouard Louis, et Le capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty, qui se retrouvent encore sur les tablettes du libraire.

La plaignante affirme que Renaud-Bray crée un « précédent extrêmement dangereux dans la diffusion du livre québécois ». Diffusion Dimedia laisse entrevoir des « victimes innocentes » dans l’industrie ainsi que plusieurs mises à pied au sein de son entreprise, si le tribunal n’adhère pas à sa demande.

UNE DÉMARCHE « FRIVOLE »,
DIT RENAUD-BRAY

Dans un communiqué laconique,
Renaud-Bray s’attaque aux arguments de son distributeur. « L’injonction déposée ce matin par Diffusion Dimedia inc. contre
Renaud-Bray est un geste visant à médiatiser davantage le différend commercial qui existe entre les deux sociétés privées auprès de l’opinion publique. La direction de
Renaud-Bray qualifie la démarche de frivole et d’infondée. »

Le groupe dénonce aussi une campagne de « dénigrement », qui s’attaque à son principal dirigeant, Blaise Renaud. L’entreprise réserve ses autres commentaires pour le tribunal, la semaine prochaine.

Il reste que toute cette situation est jugée « dramatique » par l’Association nationale des éditeurs de livres. « À l’ANEL, 21 de nos 104 membres sont distribués par Diffusion Dimedia, ce qui veut dire qu’un membre sur cinq est touché car leurs nouveautés et leurs livres en rupture de stock ne seront plus réapprovisionnés chez Renaud-Bray », a expliqué hier Richard Prieur, porte-parole du regroupement.

M. Prieur cite l’exemple d’un éditeur membre de l’ANEL qui aurait déjà perdu 150 000 $ depuis le début du conflit.

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