Photo numérique

Leica lance un appareil à contre-courant

Oubliez les dernières avancées technologiques, le nouveau-né de Leica arrive sans écran. Oui, sans possibilité de voir ses photos directement sur l’appareil ! L’écran est remplacé par une molette pour choisir l’ISO. À contre-courant des normes nouvellement établies, le mythique fabricant allemand fait un pied de nez à ses concurrents.

L’écran est souvent devenu le point central de l’appareil photo numérique. Il est inclinable, pivotant et tactile. Faire ses photos en visant avec l’écran est devenu la norme pour de nombreux photographes. Comment expliquer que le dernier sorti de l’usine allemande soit réduit à son plus simple appareil ?

« Je pense que ça va faire plaisir à beaucoup de puristes. Les photographes ont souvent l’habitude de toujours trop regarder leurs images sur l’écran de leur appareil. Le Leica M-D est peut-être une façon de rester dans le moment présent », raconte Michel Huneault, photojournaliste et utilisateur des boîtiers Leica.

Revenons en arrière pour mieux comprendre l’arrivée du Leica M-D. Les nouvelles technologies apparues au début des années 2000 ont bouleversé l’industrie de la photo et transformé sa pratique. La photographie argentique a rapidement disparu au profit du numérique. D’ailleurs, cette révolution n’est toujours pas terminée. La vague numérique a failli emporter le mythique fabricant d’appareils télémétriques. À cette période, les acheteurs ne recherchaient plus la qualité des objectifs et du boîtier, mais bien celle de son capteur numérique. Un choc pour Leica, qui a bâti sa réputation sur la qualité de ses objectifs.

Les premiers M numériques, le modèle phare de la prestigieuse marque, n’étaient pas performants face à leurs concurrents. Les grands fabricants possédaient de grands moyens pour concevoir des capteurs très performants. C’est à ce moment que la division photographique de Leica est vendue à des investisseurs.

RETOUR EN FORCE

Le vent tourne avec la sortie en 2009 du M9, qui offre enfin un capteur numérique produisant de bonnes performances. Les amateurs reviennent à leur ancienne histoire d’amour avec Leica et la rentabilité de l’entreprise est de retour.

En 2012, les amateurs sont étonnés par la sortie du M Monochrome, un appareil produisant uniquement des images en noir et blanc.

« Je pensais en vendre deux ou trois dans mon année. J’ai plutôt vendu une trentaine de boîtiers, j’avais une liste d’attente de plusieurs mois. »

— Jean Bardaji, propriétaire de Camtec, spécialiste Leica de Montréal

L’arrivée du nouveau venu sans écran est dans la lignée philosophique de Leica, axé sur le moment décisif, sur la vision du photographe, sans filtre, sans distraction technologique.

Coup de marketing ? « Peut-être… Je crois qu’ils veulent présenter la compagnie comme le seul fabricant de caméras modernes qui adhère aux principes de la photo pure. Le M-D est une philosophie. Si vous voulez adhérer au principe de la photographie traditionnelle, vous ne voulez pas contaminer ça avec le résultat immédiat produit par l’écran », explique M. Bardaji.

Le nouveau boîtier sans écran de Leica n’a pas fini d’alimenter les discussions chez les photographes. Michel Huneault ne se passerait pas de son écran qui lui procure un avantage créatif. « J’utilise l’écran comme une planche-contact immédiate et pour l’histogramme qui me permet de travailler une scène qui se révèle excellente sur le terrain. »

À suivre…

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