Le chiffre de la semaine

12

C’est le nombre de mots de base en inuktitut du Nunavik qui désignent la neige, selon le linguiste missionnaire Lucien Schneider.

LA VIDÉO DE LA SEMAINE

Un orignal sur la piste

Cet orignal a été filmé il y a deux ans sur une piste du centre de ski Mont-Sainte-Anne. L’animal, qui ne chaussait pas de skis, préférait la piste damée à la neige profonde du sous-bois.

Regardez la vidéo complète : http://www.youtube.com/watch?v=tBCPXayj_XA

Plein air

Haute altitude : prendre le temps

Le petit groupe parvient au sommet du mont Kilimandjaro de bon matin. Les membres de l’expédition sont fatigués, mais pas épuisés. Ils prennent des photos et font même une petite danse pour célébrer leur réussite.

D’autres randonneurs arrivent au sommet, mais ils sont tellement exténués qu’ils se font pratiquement traîner par leurs guides. Le visage blanc ou verdâtre, ils ont l’air de zombies.

Alors que le premier petit groupe a pris une dizaine de jours pour s’acclimater à la haute altitude, les autres randonneurs ont prévu beaucoup moins de jours pour faire l’ascension de la montagne de 5895 m.

De nombreuses agences de voyages offrent l’ascension du Kilimandjaro en cinq ou six jours. Cela permet au randonneur de boucler son expédition en neuf ou dix jours à partir de Montréal.

« C’est complètement fou », lance Emmanuel Daigle, un guide professionnel québécois qui vient de lancer Haute altitude – Du trek à l’expédition, un livre de 192 pages qui traite de tous les aspects d’un voyage en haute altitude, qu’il s’agisse de l’équipement, de l’entraînement, de la nutrition, de la santé et, surtout, de l’importance de prendre le temps de s’acclimater.

« J’espère que ce livre va changer la donne parce que ça n’a aucun sens, ce qui se passe sur le Kilimandjaro, soutient M. Daigle. Ça ne devrait pas arriver que quelqu’un vomisse ses tripes, ait mal à la tête à n’en plus finir et finisse par mourir. On n’a pas suivi les règles de base. »

MANQUE D’INFORMATION

Selon lui, la grande majorité des forfaits proposés pour le Kilimandjaro n’ont pas de bon sens parce qu’ils sont trop courts. Les agences de voyages impliquées ne sont pas nécessairement de mauvaise foi, elles sont tout simplement ignorantes. Les clients ne sont pas plus informés.

« Les clients sont habitués à planifier leurs vacances en partant du nombre de jours dont ils disposent, observe M. Daigle. En altitude, ça ne marche pas comme ça. »

« Le nombre de jours de l’expédition est dicté par la hauteur de la montagne, pas par le nombre de jours de congé. »

— Emmanuel Daigle, guide professionnel et auteur

Et il faut du temps. Selon M. Daigle, au-delà de 2500 m, la vitesse d’ascension ne doit pas excéder de 300 m à 500 m entre chaque coucher. À partir de 3000 m, il faut passer deux nuits consécutives à la même altitude à chaque palier de 1000 m.

Bref, une ascension du Kilimandjaro en cinq ou sept jours, il faut oublier ça.

Emmanuel Daigle souligne également la nécessité de se donner un objectif réaliste. Ce n’est pas parce qu’on a vu une vidéo exaltante sur l’Ama Dablam (une montagne de 6812 m dans l’Himalaya) qu’on peut l’inscrire illico dans son agenda.

« C’est peut-être plus réaliste d’y aller dans cinq ans, indique M. Daigle. D’ici cinq ans, on peut aller chercher de la formation, de l’expérience. Plus on se donne un objectif réaliste, plus on va avoir du plaisir parce qu’on va l’atteindre. »

Il recommande aussi de ne pas sous-estimer l’entraînement nécessaire pour un trek ou une expédition en altitude. Même un sentier « facile » comme le chemin de l’Inca, vers le Machu Picchu, au Pérou, nécessite une remise en forme.

Pour les treks plus exigeants, il faudrait mettre en place un programme d’entraînement de quatre à six mois avant le départ.

CHANGER LES MENTALITÉS

L’auteur note également que ce n’est pas tout le monde qui devrait aller se promener en haute altitude. Il existe un grand nombre de contre-indications, comme l’hypertension pulmonaire et les troubles de coagulation majeurs. Malheureusement, bien des agences de voyages acceptent des clients pour des expéditions en haute altitude sans trop poser de questions sur les antécédents médicaux.

Dans son livre, Emmanuel Daigle aborde aussi la question des médicaments à apporter, comme le fameux Diamox, que certains prennent en prévention contre le mal aigu des montagnes.

« On n’a pas besoin de médicaments pour aller en altitude, affirme M. Daigle. Le corps peut arriver à s’adapter et à s’acclimater, si on lui donne le temps. »

Le Diamox pourra toujours servir si un problème se présente. Ou si quelqu’un insiste pour « faire » le Kilimandjaro en cinq jours.

« Il est temps de changer les mentalités à ce sujet et commencer à offrir des séjours beaucoup plus longs, écrit Emmanuel Daigle. Cela diminuera considérablement le nombre d’évacuations dues au mal aigu des montagnes, à l’œdème pulmonaire ainsi qu’à l’œdème cérébral de haute altitude, et augmentera nettement le plaisir ressenti sur cette magnifique montagne. »

Haute altitude – Du trek à l’expédition

Emmanuel Daigle

192 pages, Vélo Québec Éditions

Consultez le site d’Emmanuel Daigle : www.emmanueldaigle.com

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