Livre

Les écrits de Robert Dutton sèment la discorde

Les propos très durs écrits par l’ancien PDG de Rona Robert Dutton à l’endroit de Michael Sabia ne sont pas restés lettre morte. La Caisse de dépôt et placement a répliqué, hier matin, par un communiqué lapidaire qui conteste la version de l’ex-quincaillier. Précisions et autres réactions quant à l’apathie, dénoncée par M. Dutton, du gouvernement québécois dans la défense de nos sièges sociaux.

La Caisse nie

L’ancien président de Rona laisse entendre que la Caisse de dépôt a acheté pour 20 millions de dollars d’actions de Rona après avoir été mise au courant de l’intérêt manifesté par Lowe’s la première fois, ce qui est un délit d’initié. « En aucun temps, la Caisse n’a acheté d’actions sur la base d’informations privilégiées », a soutenu hier son porte-parole, Maxime Chagnon. Selon lui, les propos attribués par Robert Dutton au président de la Caisse Michael Sabia sont faux. « Le récit relaté dans le livre de M. Dutton ne correspond pas aux évènements et aux faits […], et ceux-ci n’ont pas été corroborés par de tierces parties », a rétorqué la Caisse dans un communiqué. La décision d’accepter l’offre de Lowe’s était motivée par le déclin de la performance de Rona, a dit son porte-parole.

Le Fonds FTQ a voté contre la vente de Rona

Robert Dutton a accusé le Fonds FTQ de transférer ses dossiers à la Caisse de dépôt et de « copier-coller » ses décisions. « C’est faux », affirme son porte-parole, Patrick McQuilken. Dans le dossier Rona, le Fonds était contre la vente à Lowe’s, a-t-il précisé. À l’assemblée des actionnaires de Rona, le Fonds a voté contre l’offre de Lowe’s, mais son vote n’a pas été comptabilisé lors de l’assemblée des actionnaires de Rona en raison d’un imbroglio. L’offre de Lowe’s a été approuvée à 99,7 %, alors que le Fonds détenait une participation de 3,5 %. L’affaire n’a pas eu de suites parce que « ça n’aurait pas changé le résultat du vote », a précisé son porte-parole.

« Une décision stratégique catastrophique », selon le PQ

« M. Couillard a donné le signal qu’il fallait vendre Rona pendant sa campagne au leadership. Le candidat de la CAQ, Christian Dubé, dit que c’était une bonne idée de vendre Rona aux Américains. Et le Parti québécois, au début, au milieu et à la fin, a toujours dit que c’était une décision stratégique catastrophique. »

— Jean-François Lisée, Parti québécois

« Québec solidaire veut ramener un des deux mandats initiaux qu’avait la Caisse, c’est-à-dire le développement économique québécois qui sous-entend le maintien des sièges sociaux dans la province. Ce mandat a été perdu sous Jean Charest pour seulement se concentrer sur les rendements économiques. »

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

De son côté, le Parti libéral du Québec tient à rappeler « que les entreprises du Québec achètent plus de compagnies étrangères que l’inverse, et [que] la valeur des transactions rendues publiques est à l’avantage du Québec ». « Nous avons mis en place un plan crédible pour que l’économie québécoise soit davantage une économie de dirigeants », a ajouté Guillaume Bérubé, attaché de presse de Dominique Anglade. La Coalition avenir Québec n’a pas répondu à nos questions.

Il faut renforcer le pouvoir des C.A., reconnaît le patronat

« Sur la question des sièges sociaux, le Québec a beaucoup fait d’acquisitions à l’étranger. Au net, ça ne va pas si mal. Il doit y avoir des acquisitions d’entreprises. C’est bon pour nous et pour les autres. Cela dit, il faut renforcer le pouvoir des conseils d’administration. Il faut leur laisser plus de temps d’agir, toujours dans l’intérêt, pas juste des actionnaires, mais de la corporation. Les C.A. doivent être vigilants et prendre le temps d’analyser les différentes possibilités. Mais il ne faut pas non plus empêcher la réalisation de transactions quand ça peut être bénéfique. »

— Yves-Thomas Dorval, PDG du Conseil du patronat du Québec

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.