Cycliste tuée à Rosemont

La victime était une mère « très dévouée »

Meryem Ânoun laisse dans le deuil ses trois enfants et toute une communauté

La cycliste tuée par un camion vendredi dernier dans Rosemont, Meryem Ânoun, était une mère de famille monoparentale de 41 ans. Elle laisse trois enfants dans le deuil et toute une communauté derrière elle.

« Perdre une mère, c’est difficile, mais perdre une mère comme elle, c’est encore plus difficile », a déploré son fils aîné, Badr Jaidi, en entrevue avec La Presse.

Ce matin-là, Meryem Ânoun s’est levée pour préparer le mariage de sa meilleure amie qui devait se tenir le lendemain, a-t-il relaté.

Elle a préparé des cônes de bonbons avec lui avant de faire une promenade sur son vélo. Elle se serait rendue chez sa coiffeuse pour prendre un rendez-vous pour la mariée.

Une tragique rencontre avec un camion a fait qu’au lieu d’un mariage, la famille Ânoun a dû assister à un enterrement.

UNE FEMME DÉVOUÉE

Sa famille, rencontrée à la mosquée Imam Warch, se souvient de Meryem comme d’une femme dévouée.

« N’importe qui ayant besoin de Meryem trouvait Meryem. C’était une femme canadienne, qui aimait sauver l’humanité, peu importe l’origine de la personne », affirme son père Abdel Ali Ânoun. Il espère que la mort de sa fille touchera tout le monde. « Elle donne l’image réelle de l’islam. »

Préparant sa maîtrise en psychologie de l’enfance, Meryem était très dévouée envers les enfants, selon sa famille.

Elle avait travaillé dans un centre de la petite enfance pendant cinq ans, et plus récemment à la Commission scolaire de Montréal (CSDM) en tant qu’éducatrice spécialisée.

« Dès qu’il y avait quelque chose en lien avec les enfants, elle était là, indépendamment de leur nationalité. Son éducation a été pour les enfants, pour travailler avec eux, pour mieux les comprendre », souligne son père.

TOUJOURS SOURIANTE

Ses amis et sa famille parlent d’une femme qui avait toujours un grand sourire. Malgré le deuil, le sourire de Meryem se transpose sur les lèvres de sa famille lorsqu’ils se souviennent d’elle.

« Elle disait qu’il y avait toujours une âme à sauver ou une personne à aider », relate son frère Yassir. 

« Elle était tellement dédiée à sa famille. C’était comme une deuxième maman pour nous », affirme Zakaria, son frère aîné.

Meryem était aussi bénévole dans plusieurs organismes. « Là où il y a quelque chose à donner, elle est là », confie sa voisine Djahida Lilouch. Ifrika Kadri se souvient de son amie comme d’une femme pieuse avec un sourire fascinant.

Ève Torres, de l’organisme La Voix des Femmes, a travaillé avec Meryem durant le mois du ramadan. Elle se souvient d’elle comme une femme fiable qui ne comptait pas son temps. « Elle avait fait des litres de soupe pour les familles démunies au centre de l’Association musulmane du Québec, elle était partout. C’était une super chef d’orchestre, une femme très chaleureuse qu’on ne pouvait pas ne pas aimer. »

Le vélo, une passion

Selon Badr Jaidi, son fils aîné de 21 ans, sa mère Meryem était une femme passionnée de vélo. Elle s’était redécouvert une passion pour la bicyclette depuis deux ans.

« Elle était attachée à sa bicyclette, je ne sais pas pourquoi. Elle était très occupée et la bicyclette, c’était une façon pour elle de relaxer et relâcher un peu le stress. Elle trouvait toujours un 20 à 30 minutes pour faire de la bicyclette. »

Malgré la mort tragique de sa mère, Badr n’arrêtera pas de pédaler. « Je ne pense pas qu’elle aurait aimé que j’arrête de faire du vélo. Le vélo, c’est amusant à Montréal, il y a des pistes cyclables partout, ça serait dommage d’arrêter. »

« Tu n’as aucune chance »

Dans la coop où elle habitait, ses voisines Ifrika Kadri et Djahida Lilouch ne voyaient jamais Meryem sans son casque rose. Vendredi, elle l’avait laissé à la maison.

Elle a été happée par un poids lourd, et ses frères se disent outrés des commentaires disant qu’elle aurait survécu avec son casque. « Un casque avec un poids lourd, ça va faire quoi ? Tu n’as aucune chance, avec un poids lourd. Il y en a qui essaient de justifier l’injustifiable », affirme Yassir, qui a dû identifier le corps de sa sœur.

Selon la police, les blessures de la victime étaient effectivement tellement graves qu’un casque n’aurait pas pu la sauver.

Enlever les poids lourds

Pour éviter que ce genre de drame ne se reproduise, la famille Ânoun demande aux autorités de prendre des mesures pour retirer les poids lourds des milieux urbains résidentiels.

« Normalement, personne ne s’attend à voir un gros camion comme ça dans une rue à deux voies. Je ne sais pas si c’est faisable, mais dans les petites rues, il y a beaucoup d’enfants, il est préférable que les camions prennent des rues où il y a beaucoup de voitures », suggère Badr.

« Des poids lourds qui cohabitent avec des cyclistes, je trouve cela vraiment ridicule, il faut les enlever… si tu vas à Paris ou à Londres, tu ne trouveras pas de poids lourds dans les rues », déplore Zakaria Ânoun.

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