Opinion  Scandales sportifs

Aux commanditaires d’agir

Il est plus facile et moins risqué de larguer une personnalité sportive que de se dissocier d’une entité comme la FIFA

La situation actuelle au sein de la FIFA n’est pas sans rappeler d’autres événements du même genre qui ont déjà entaché la réputation de nombreuses organisations sportives nationales ou internationales.

Rappelons les enjeux entourant l’octroi par le CIO des Jeux olympiques à la ville de Salt Lake City, en 2002, l’odeur de scandales entourant le règne de Max Mosley à la tête de la FIA ou encore le dossier de corruption impliquant le grand manitou de la F1, Bernie Ecclestone, en Allemagne. La problématique avec de telles situations, c’est qu’il existe peu de moyens très efficaces de contrôler ces organisations qui évoluent sur la scène internationale.

Qui peut, demain matin, décider de poursuivre en justice le CIO, la FIFA ou la FIA ? C’est possible, mais l’aspect international de la chose demandera probablement des efforts ardus, soutenus et concertés de la part d’un quelconque organisme qui osera défier le système. Cette fois, il semble que le tout-puissant FBI ait réussi à ébranler la tout aussi puissante FIFA. Mais pour combien de temps ? Déjà, le président russe, Vladimir Poutine, crie au scandale, arguant que les Américains font preuve « d’une violation très grossière des règles de fonctionnement des organisations internationales ».

Et la problématique est encore plus criante à l’intérieur de la FIFA. Ce genre d’organisme international réussit à créer entre ses membres une fratrie qui demeure difficile à desceller. Michel Platini a demandé sans succès la démission de Joseph Blatter, mais il a échoué à recevoir l’appui d’une majorité des fédérations et de leurs membres. Rappelons qu’être membre de la FIFA apporte son lot d’avantages de toutes sortes, qu’il s’agisse, outre l’honneur d’y être associé, des nombreux voyages et activités internationales. Bref, on peut simplement imaginer.

Les seuls qui pourront ébranler les colonnes du temple de façon significative et exiger des changements en profondeur au sein de l’organisation sont les commanditaires. Ces entreprises investissent des millions de dollars annuellement pour voir leur image associée à une organisation prônant des valeurs tels les bienfaits du sport, la persévérance et le dépassement de soi.

Mais la perspective pour une entreprise commanditaire d’être associée à une entité sportive qui a commis une ou des fautes fait habituellement réfléchir la haute direction.

Encore faut-il que les faits reprochés à l’organisation sportive en faute soient majeurs et sans appel. Le Tour de France continue de bénéficier d’appuis financiers substantiels, malgré les nombreuses histoires de dopage qui l’affectent depuis de nombreuses années. Et ce n’est pas d’hier que la FIFA reçoit son lot de critiques. Plusieurs exemples flagrants prouvent hors de tout doute raisonnable un laxisme certain dans l’application des règles de gouvernance au sein de cette fédération. Pourtant, elle bénéficie encore aujourd’hui de l’appui des plus grandes entreprises de la planète !

Donc, force est de constater qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres quand vient le temps pour un commanditaire d’assumer ses responsabilités devant une puissante organisation comme la Fédération internationale de football. Avouons qu’il est beaucoup plus facile et moins risqué pour un commanditaire de larguer une personnalité sportive comme Lance Armstrong ou Tiger Woods que de se dissocier d’une entité sportive comme la FIFA, dont les ramifications (et donc les ventes potentielles…) s’étendent sur tous les continents de la planète !

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