À ma manière

Comment j’ai démarré une entreprise avec ma famille

Chaque semaine, une personnalité du milieu des affaires nous raconte en ses mots une page de son histoire.

Qui ? Roseline Filion, présidente et cofondatrice d’Immersia jeux d’évasion et double médaillée olympique en plongeon à la retraite

Je n’ai jamais rêvé de lancer mon entreprise. L’entrepreneuriat est arrivé par accident. Et ça n’a aucun lien avec ma retraite du plongeon. Lors de l’enterrement de vie de jeune fille de ma cousine Roxane, en 2015, Échappe-toi Aventure immersive, à Montréal, était à notre agenda. On a adoré l’expérience, même si on n’était pas bons ! On a voulu réessayer sur-le-champ.

Les week-ends suivants, on est allés en famille découvrir tous les jeux d’évasion de Montréal ! Peu de temps après, lors d’un souper, mon frère nous a demandé : « Pourquoi on ne lancerait pas une telle entreprise ? » Ça nous a allumés tout de suite. Les Filion rêvaient de faire quelque chose ensemble et on venait de trouver.

On est une famille tissée serré. Jeunes, on vivait tous dans le même secteur à Fabreville. On ne connaît ni la jalousie ni la chicane. On s’encourage dans chaque projet. On est là pour l’autre. Ma famille a toujours été présente à mes compétitions, aux concerts de Roxane qui est chanteuse...

Après notre oui, il fallait monter un plan d’affaires. Ça voulait dire quoi ? Heureusement, on a tous des qualités différentes. Mon frère Maxime a une forte expérience en marketing numérique, ma cousine Marilyn est chef cuisinière, les maris de mes cousines, Stéphan et Stéphane, sont manuels. Une qualité importante dans le contexte où il fallait créer des univers intéressants chez Immersia.

J’étais blessée, dans le plâtre, avant l’année olympique. Ça m’a permis de lire sur le démarrage d’entreprise. Il y a un engouement pour l’entrepreneuriat, surtout chez notre génération. Ce projet fut une excellente façon de rester saine d’esprit et de m’évader des JO.

On a ensuite cherché un local. On avait deux options, dans un espace sur rue ou industriel. On a signé un bail pour un local de 3000 pieds carrés dans un secteur industriel. On a investi environ 35 000 $ pour les rénovations. On a développé le scénario des jeux nous-mêmes. On s’est enfermés un week-end au chalet avec le plan des salles et on en a conçu deux. En tout, ce projet nous a coûté moins cher que ce que nous avions budgété, car nous sommes très créatifs. Des amis nous ont aidés. Mon oncle aussi, un électricien. On a exploité les talents de notre entourage.

Parallèlement, je me préparais pour les Jeux de Rio. Tout le monde m’a dit : ta priorité, c’est les Olympiques. Je n’ai donc pas senti que je retardais ma famille dans le démarrage de l’entreprise. Cela dit, j’ai fait une entrevue sur Immersia à Rio. Et ce, sans même connaître la date d’ouverture. Il fallait que ça marche ! La décision de prendre ma retraite s’est néanmoins faite de façon posée.

Dans ma check-list sportive, les cases étaient cochées. Je voulais mettre mes efforts dans mes autres projets, comme lancer Immersia et travailler dans les médias. La décision de prendre ma retraite fut tout de même très difficile. Vingt ans de carrière à changer du jour au lendemain, alors que ma vie avait été planifiée au quart de tour jusque-là… La transition est encore difficile, mais elle se passe bien.

Immersia a finalement ouvert ses portes en octobre 2016. Au tout début, Maxime s’attendait à des visites de notre entourage seulement. Or, il n’y a eu que des inconnus comme clients. On a payé le loyer d’octobre le premier week-end ! Comme on n’avait pas encore d’employés, mes parents étaient à l’accueil. On a beaucoup travaillé les deux premiers mois.

Gérer une entreprise est difficile, car je vis beaucoup de nouveautés. C’est très demandant. Et je pensais n’avoir que ça, du temps, à ma retraite. Je veux tout faire et être à 60 places au même moment. On est en constante évolution. Je veux tout améliorer, mais je reste fière du produit. Aujourd’hui, on a trois salles pour accueillir les clients. On prévoit en ouvrir une quatrième bientôt. Le succès est au-delà de nos attentes. On a plus de groupes corporatifs de confirmés en décembre que de jours dans le mois.

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