Chronique

Denis Coderre débarque au 98,5

Si lundi matin prochain vous entendez Denis Coderre commenter l’actualité politique sur les ondes du 98,5, sachez que vous ne rêverez pas. L’ex-maire de Montréal remplacera pendant quelques jours Pierre Curzi dans le cadre de la Commission Curzi Dumont diffusée tous les matins à l’émission Puisqu’il faut se lever, animée par Paul Arcand. Même si, pour le moment, cette collaboration est prévue pour une courte durée, tout indique qu’elle prépare l’arrivée de ce nouvel acteur.

Denis Coderre sera jumelé à Mario Dumont tous les matins vers 8 h 30 pour y débattre des sujets politiques et des enjeux de société qui alimentent l’actualité. À la direction du 98,5, on ne s’en cache pas : ce remplacement d’une semaine est une façon de prendre la température de l’eau. Et cela, de diverses façons.

« On ne peut pas présumer de l’avenir, mais c’est sûr qu’on va regarder cela de très près, m’a dit hier Philippe Lapointe, directeur général du 98,5. Pour Denis Coderre, aussi, ça sera une façon de tester les choses. »

Les patrons de Cogeco suivront également les réactions des auditeurs. Ceux-ci verront-ils en Denis Coderre l’éclaireur que l’on souhaite retrouver dans ce type de rôle ? « Ce qui est intéressant là-dedans, c’est que, tout comme Dumont et Curzi, Denis Coderre a une connaissance de l’“inside” du monde politique, dit Philippe Lapointe. C’est ça que l’on vient chercher chez lui. »

Denis Coderre sera appelé à commenter la politique fédérale et provinciale. Mais comment abordera-t-il la scène municipale ? Valérie Plante devrait-elle s’inquiéter de l’arrivée de ce nouveau chroniqueur doté de connaissances riches et pointues sur le fonctionnement et la gestion de la Ville de Montréal ?

« Soyons clairs, il ne s’agit pas d’une entrevue que nous ferons tous les matins avec Denis Coderre. Il ne sera pas là non plus pour régler ses comptes avec qui que ce soit. »

— Philippe Lapointe, directeur général du 98,5

« C’est un homme intelligent. Je crois qu’il comprend très bien le rôle qu’il a à jouer chez nous », dit Philippe Lapointe.

C’est à Paul Arcand que revient l’idée de confier ce mandat à Denis Coderre. Sachant que le « roi des ondes » et l’ex-maire ont connu de sérieux affrontements sur les ondes du 98,5, on imagine que les deux hommes ne retiennent aujourd’hui que les qualités professionnelles et humaines de l’autre.

Embauché par la firme Stingray en mars dernier à titre de conseiller spécial, Denis Coderre a pris un moment de recul depuis sa défaite aux élections municipales de novembre 2017. Ce nouveau mandat à la radio l’enthousiasme au plus haut point, selon le patron du 98,5. « Denis Coderre a très hâte de venir relever ce défi chez nous », dit Philippe Lapointe.

Quel avenir attend Denis Coderre au 98,5 ? Philippe Lapointe, qui réfléchit constamment à la façon de bonifier la composition de ses équipes, m’a dit qu’il est hors de question de retirer ou de faire bouger ceux qui détiennent les rôles clés et qui assurent le succès de la station.

« Pas question de toucher à Paul Arcand, Paul Houde, Bernard Drainville, Isabelle Maréchal, Mario Langlois et Ron Fournier, m’a confirmé Philippe Lapointe. Il ne faut pas s’attendre à de gros changements l’automne prochain. » Denis Coderre pourrait toutefois s’insérer comme commentateur politique dans l’une des émissions de la station.

Ce n’est un secret pour personne, Denis Coderre a des aptitudes évidentes pour le monde des médias. Son grand naturel et son sens de la formule font de lui un communicateur hors pair. Ses premières armes à la radio, il les a faites en 1991 à CKVL. L’ancien député Jean-Pierre Charbonneau et lui animaient alors un face-à-face quotidien.

Dans un portrait que ma collègue Katia Gagnon a consacré à Denis Coderre en novembre 2013, Charbonneau disait ceci au sujet de son collègue : « On ne peut pas faire de combat au fleuret devant quelqu’un qui prend un bâton de baseball. Il ne voulait jamais perdre. Et il a fait de la politique de la même façon qu’il a fait de la radio. »

Il ne fait aucun doute que Denis Coderre fera un excellent chroniqueur à la radio. Mais osera-t-il, après des décennies de vie politique et la multiplication d’innombrables amitiés et relations, se mouiller et critiquer ses confrères et consœurs du monde politique ?

J’ai très hâte de voir comment il se débrouillera. Et je suis persuadé que je ne serai pas le seul à vouloir le savoir.

Denis Coderre va donc se retrouver dès lundi devant les micros du studio de Paul Arcand. Mais la veille, c’est suivi par les nombreuses caméras de Conversations secrètes qu’il se confiera à l’animateur. Dans la promo de l’émission qui est diffusée depuis quelques jours à TVA, Arcand demande à Denis Coderre s’il songe à un retour en politique. Pour le moment, la promo ne laisse voir qu’un sourire narquois du principal intéressé. On découvrira dimanche soir s’il a l’intention d’emprunter de nouveau le corridor (très achalandé par les temps qui courent) qui relie le monde des médias à celui de la politique.

Je demeure convaincu que Denis Coderre reviendra en politique. Reste seulement à déterminer sur quelle scène ce retour se fera. D’ici là, l’homme de 54 ans est prêt à saisir toutes les occasions et à vivre toutes les nouvelles expériences qui s’offrent à lui. En tout cas, le rôle de chroniqueur politique à la radio saura lui faire vivre beaucoup de sensations.

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