Mon clin d'œil

Pour Justin, un peu plus et Ivanka se mettait à chanter.

Opinion : Société

Nous, les Y

Ma génération ne se désintéresse pas de la politique, elle passe à l'action.

À écouter les politiciens, nous, la génération Y, demeurons un grand mystère à percer. Et pourtant ! Nos opinions sont sur Facebook  ; plus encore, elles se reflètent dans chacune de nos actions, ou inactions. Paul St-Pierre Plamondon dit que nous ne nous reconnaissons pas dans les partis politiques ? Il était temps que quelqu’un l’entende !

Orientés vers l’action

Notre génération en est une d’action. Face à un monde de possibilités, on porte un nombre grandissant d’entrepreneurs, plus lucides que jamais, on assume le passé tout en se concentrant sur l’avenir. Limiter l’anglais au cégep pour protéger le français alors que nous sommes si fiers d’être bilingues, que c’est grâce à ça que nous pouvons si facilement découvrir le monde ? N’essayez pas de nous convaincre de laisser aller notre bilinguisme, notre cœur canado-québécois. Ce serait nous arracher une partie de nous-mêmes comme certains tentaient d’arracher le français à ceux avant nous. L’auriez-vous accepté ?

Voyageurs

Nous voyageons plus que jamais. Nous sommes fiers de sortir notre passeport canadien. On nous accueille alors à bras ouverts où d’autres sont refoulés. On nous parle des Rockies autant que du Pied de cochon. Ça alimente nos conversations, ça illumine les yeux de nos interlocuteurs, ça nous rend fiers, que l’on ait ou non visité ces deux destinations. Le Canada, une inspiration quand on en sort. C’est un modèle d’ouverture à suivre.

Le Québec présentement ? Je ne sais pas, mes interlocuteurs semblent s’entendre sur le fait que c’est une question trop complexe à aborder.

Ces voyages nous offrent une tout autre perspective de nos petits «  problèmes  ». Notre vision du monde est globale. Les batailles de clocher, la charte des valeurs, le souverainisme ? Autant débattre du but d’Alain Côté ! Tout ça fait partie du passé, c’est assumé. Ça a forgé notre réalité certes, mais ça n’en fait plus partie.

Animés par une vision globale

En sortant de nos villages, on voit que le monde a besoin qu’on se penche sur le climat, la survie des producteurs artisanaux, les OGM, la montée de l’extrémisme et de l’incompréhension qui l’attise. Avouons que devant tout cela, perdre notre temps à débattre d’Hérouxville et des patates en flocons peut sembler inutile !

Nous sommes fiers de qui nous sommes  ; d’être montréalais, canadiens et québécois. La bataille francophone a contribué à forger notre personnalité, mais elle n’est plus la nôtre. Un Italien me disait hier encore qu’au Canada, chaque arrivant peut rester authentique à ses origines alors qu’au sud de la frontière, tous devenaient américains. Selon lui, la bataille des francophones nous a poussés à respecter la culture des autres, à la valoriser. Notre héritage français, c’est ainsi que nous le vivons maintenant.

Et la politique dans tout cela ?

Je doute que l’un des vieux partis du Québec sache rallier notre génération à court terme. Il faudrait un Justin Trudeau peut-être, quelqu’un qui n’a pas peur de passer à l’action pour suivre ses valeurs, et ce, même s’il ne respecte pas toujours les codes des vieux partis. Le gars ouvre ses bras aux musulmans refoulés par Trump et on nous parle de ses vacances en famille. Vous m’excuserez, mais je laisse aux boomers le loisir d’en débattre pendant que j’aiderai ces immigrants à s’intégrer.

On n’aime pas Justin pour ses selfies, mais pour son énergie, sa présence sur le terrain, le fait que trois de ses ministres portent le turban et que son ministre du Commerce international ait en effet un cv bien rempli… en commerce international !

Je ne crois pas que nous soyons désintéressés de la politique.

Allez voir sur Facebook, nous avons des opinions fortes et nous prenons action sur celles-ci. Je l’ai dit plus tôt, nous sommes des entrepreneurs, des gens d’action.

Débattre sans agir par peur de conséquences, très peu pour nous. Pendant que le gouvernement tente de limiter l’anglais en milieu de travail, plusieurs apprennent le mandarin pour ouvrir de nouveaux marchés. Pendant que les médias discutent de patates en flocons, on installe un jardin sur nos toits, un réfrigérateur de partage dans nos ruelles. Nous ne sommes pas en opposition aux partis, nous traitons des mêmes sujets, sans pour autant avoir les mêmes débats sur ceux-ci (et honnêtement, pourquoi débattre quand on peut passer à l’action !).

Pour répondre [enfin] à M. St-Pierre Plamondon, je crois qu’en s’attachant à de vieux débats, en restant centré sur le passé, c’est davantage la politique qui ne s’intéresse pas encore à nous.

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