Prendre sa place
Presque ! En fait, je l’ai écrit pendant mes vacances. C’était le seul temps que je pouvais consacrer à ça, alors quand mon bureau a fermé pendant deux semaines, je me levais à 5 h, je m’installais à mon ordinateur et je travaillais jusqu’à 21 h.
Quand j’ai été élue, j’ai lancé un appel aux jeunes de ma génération comme quoi il y avait de la place en politique. Je voulais concrétiser cet appel. Certains pourraient trouver ça inusité que j’aie choisi d’écrire un livre pour rejoindre les jeunes, mais c’était important pour moi de colliger ma vision par écrit. Je vais maintenant utiliser mon livre pour faire une tournée des cégeps et des universités cet hiver et au printemps.
Je suis une députée du Parti québécois, donc évidemment, j’endosse les positions de mon parti et je fais des liens avec certaines idées que l’on propose. En même temps, ce n’est pas un livre du PQ. J’y présente ma couleur, ma vision. Je ne voulais pas que le livre devienne un outil partisan. J’ai informé mon chef, Jean-François Lisée, une fois que j’ai su que le projet allait aboutir ! Il a lu le livre, m’a fait quelques commentaires, mais c’était surtout positif. Il n’a jamais contesté mes positions personnelles.
Par un manque d’intérêt, je dirais. Ils n’ont pas le sentiment que la politique est nécessairement le meilleur moyen de changer les choses. Je ne viens pas moi-même d’une famille particulièrement politisée. Je me suis fait dire comme d’autres que les politiciens étaient tous corrompus. C’est l’image politique que de nombreux jeunes ont reçue de leurs parents. On a grandi dans un contexte de scandales.
C’est sûr que la notion de partisanerie, parfois, c’est un peu lourd. La ligne de parti, je n’ai pas de difficulté avec ça, puisque nous avons des débats à l’interne. Mais l’atmosphère de confrontation entre les partis, c’est quelque chose qui rebute les jeunes envers la politique. On est un peu victimes de la façon dont notre système fonctionne.
Clairement. Il faut absolument le faire et ma formation politique n’est pas blanche comme neige à cet égard. Ç’a déjà été dans le programme et ça n’a pas été appliqué. En même temps, ce n’était pas un engagement électoral formel. Là, la bonne nouvelle, c’est que Jean-François Lisée veut vraiment le faire dès un premier mandat. Si on prend un engagement ferme, que c’est dans notre plateforme électorale, il faut alors le faire. Sinon, c’est clair que ça augmente le cynisme et que les gens se disent : « Pourquoi je te croirais ? »
Je me suis questionnée en effet si je ne devais pas me concentrer sur les jeunes, mais je voulais qu’il y ait une perspective intergénérationnelle. Oui, je m’adresse aux milléniaux, mais j’inclus plus large que ça. C’est important de faire le pont entre les générations. Si nous sommes si épanouis et ambitieux, c’est parce que d’autres nous ont précédés et qu’ils nous ont légué des outils qui nous accompagnent toujours.
Ça fait 10 ans qu’on en parle. On a l’impression que c’est omniprésent depuis toujours et qu’on n’en sort jamais. Or, je cite des statistiques dans le livre qui montrent que les jeunes sont pour l’encadrement des accommodements raisonnables. Le problème, c’est de sans cesse recommencer le débat et ne pas agir. Si les recommandations du rapport Bouchard-Taylor avaient été appliquées, on n’en serait pas là aujourd’hui. L’escalade du débat se fait parce qu’il n’y a pas d’actions du gouvernement et qu’il y a tout de même des préoccupations chez les citoyens. Le résultat est que la classe politique et le gouvernement se déconnectent de plus en plus et que dès qu’il y a une petite chose qui arrive, les gens sont plus sensibles parce que le débat a traîné. Quand tu laisses quelque chose pourrir, ça finit par se dégrader, et c’est ce qui s’est passé ces dernières années.
Milléniaux, ayons l’audace d’agir
Catherine Fournier
Éditions Somme Toute
256 pages