Fabrice Vil

Né à Montréal de parents d’origine haïtienne, Fabrice Vil n’a pas eu une enfance difficile, mais pas une enfance dorée non plus. « Nous étions une famille de classe moyenne, avoue-t-il. Mes parents ont fait énormément de sacrifices pour nous donner une excellente éducation. Mais j’étais conscient que plusieurs jeunes n’avaient pas cette chance. »

C’est au collège Jean-de-Brébeuf qu’il s’est découvert un intérêt, et a peaufiné ses habiletés, pour le basketball. Une passion qu’il transmettra d’ailleurs à son plus jeune frère, qui ira même jusqu’à jouer dans une ligue collégiale américaine.

C’est aussi à Brébeuf qu’il saisira toute l’importance d’avoir un bon coach. Un entraîneur dont la passion, les enseignements et les encouragements peuvent avoir une influence positive sur un jeune joueur, et ce, même à l’extérieur du gymnase.

Fabrice Vil deviendra d’ailleurs entraîneur à 16 ans, tout en poursuivant ses études. Il terminera sa formation en droit à l’Université de Montréal, pour ensuite décrocher un emploi dans un important cabinet d’avocats.

Mais le cœur n’y est pas. Du moins, pas totalement.

« J’avais l’impression de passer à côté de quelque chose. C’était un appel. C’était plus fort que moi », avoue aujourd’hui le jeune président de 29 ans.

Il cofondera, avec des amis et collègues, Pour 3 points (P3P), un OSBL qui mélange basketball et aide aux devoirs, en alternance, après les classes. Le nom de l’organisme est un clin d’œil au pointage le plus élevé que l’on peut récolter en un seul lancer au basketball.

Créé en 2010, le projet prendra forme rapidement. Mais comme lui a dit un jour Daniel Germain, le fondateur du Club des petits déjeuners : on ne change pas le monde à temps partiel. Depuis juillet 2013, Fabrice Vil est un entrepreneur social à temps plein. « Une décision difficile à prendre, mais qui a enfin donné un sens à ma vie », affirme-t-il.

Cette année, Pour 3 points chapeautera six équipes à l’école secondaire Joseph-François-Perrault. L’établissement scolaire du quartier Saint-Michel a été le premier à offrir le programme P3P. Et l’organisme est en pleine expansion, avec des projets pour trois autres écoles, à Montréal-Nord, Saint-Léonard et Saint-Henri.

« Nous sommes aussi en phase de transition. Nous désirons miser davantage sur la formation de nos entraîneurs. Ce sont eux qui sont au cœur de notre mission. On vient de lancer un programme sur deux ans qui vise à développer leur leadership et leurs habiletés afin qu’ils puissent devenir d’excellents mentors pour nos jeunes. »

Pour 3 points a déjà fait ses preuves. Plusieurs ados se sont améliorés et n’ont toujours pas décroché. Certains élèves, derniers de leurs classes, sont devenus les meilleurs.

Pour Fabrice Vil, ces petits et grands succès l’aident à continuer et le poussent à s’améliorer lui aussi. « J’apprends chaque jour. Je me suis cassé la gueule 100 fois et je vais encore me la casser, ça, c’est certain. Mais c’est aussi comme ça qu’on devient meilleur. »