Personnalité de la semaine

Victoria Chouinard

L’élève à l’école secondaire Saint-Jean-Eudes, à Charlesbourg, vient de gagner le Premier Prix de la dernière finale québécoise d’Expo-sciences. Son projet portait sur l’identification de la vie marine à partir d’analyses d’ADN dans l’eau.

Victoria Chouinard, élève à l’école secondaire Saint-Jean-Eudes, à Charlesbourg, entre au cégep en septembre prochain. À St. Lawrence, en anglais, en sciences naturelles.

Parce que la science, c’est son truc.

Elle vient de gagner le Premier Prix de la dernière finale québécoise d’Expo-sciences et part bientôt pour Regina pour l’Expo-sciences pancanadienne, puis ce sera le Brésil, au niveau mondial.

C’était la troisième fois que notre personnalité de la semaine, élève en cinquième secondaire, participait à une expo-sciences. La troisième fois qu’elle se distinguait. La troisième fois qu’elle explorait des champs scientifiques nouveaux pour elle et donc chaque fois différents. La troisième fois que bien des profs et des parents aussi ont dû se dire que bravo, ils avaient bien fait leur boulot.

La jeune fille de 17 ans, jointe au téléphone, explique qu’elle a commencé à participer aux Expo-sciences en troisième secondaire, donc en 2015, avec un exercice de vulgarisation sur la transplantation et le rejet des organes greffés. Avec cette présentation, elle s’est inscrite à l’Expo-sciences régionale puis s’est rendue à la finale québécoise.

L’année suivante, continue-t-elle, c’est un projet en chimie qui l’a menée jusqu’à l’Expo-sciences pancanadienne. Son expérience : chercher des propriétés antimicrobiennes dans les feuilles de légumes. Malheureusement, et quoi qu’en pensent les adeptes du chou frisé – kale – et autres radis noirs, elle n’en a pas trouvé. Mais la démarche et la clarté du travail ont impressionné les juges de l’exposition.

Cette année, c’est en biologie aquatique que la jeune fille s’est dirigée. Le but du projet cette année ? Mettre en œuvre une approche mise au point par un groupe de biologistes de l’Université Laval, pour identifier la vie marine en se fiant à des analyses d’ADN dans l’eau.

« J’ai pris 10 échantillons d’eau dans la rivière Saint-Charles à Québec, pour comparer ce que je pouvais identifier avec la méthode ADN-e [ADN environnemental] et les méthodes traditionnelles », explique la jeune femme entre deux cours.

La méthode ADN-e, c’est une approche qui permet de déceler les habitants des cours d’eau en cherchant l’ADN en suspension dans le liquide. L’eau des lacs, océans et rivières en tous genres charrie en effet des déchets organiques provenant des animaux : excréments, vieilles écailles, mucus et compagnie.

En cherchant ainsi de l’ADN, en prenant des échantillons en une seule journée, Victoria a retracé 27 espèces, alors que les méthodes traditionnelles ont permis d’en identifier 36 dans cette même rivière. Sauf qu’on parle ici de recherches de poissons à la mitaine, avec des filets, pendant… 18 ans !

« Avec un peu plus de temps et un peu plus d’échantillons, on aurait pu en identifier beaucoup plus. »

— Victoria Chouinard

Trouvaille importante, toutefois, rapidement Victoria a pu identifier dans l’eau la présence de spécimens du gobie à taches noires, l’un de ces poissons exotiques envahissants qui ont été introduits accidentellement dans certains milieux où ils se reproduisent et menacent la biodiversité existante.

On l’avait vu dans le Saint-Laurent, note-t-elle, et le poisson fréquente les eaux saumâtres, donc mi-salines, mi-douces, mais là, il est bien rendu dans la rivière Saint-Charles. « C’est important de faire un suivi », note la jeune scientifique.

Soutien et inspiration

Qui a aidé Victoria à faire tout ce chemin ? Sa mère propriétaire d’une agence de voyages, son père médecin. Des professeurs qui ont été ses mentors, dont les biologistes Louis Bernatchez et Martin Laporte, à l’Université Laval, épicentre du projet d’ADN-e, cette méthode d’identification de la faune marine par l’ADN du matériel organique flottant dans l’eau. Le second projet en chimie, dit-elle, a été directement inspiré par le passage à son école du chimiste et vulgarisateur Normand Voyer, un homme passionné par la science qui s’est donné comme mission de convaincre les jeunes d’aimer ce champ du savoir.

Et que veut faire Victoria plus tard ? Peut-être aller en ingénierie biomédicale, sûrement en sciences. Mais la jeune fille garde toutes les portes ouvertes.

Le nez dans un labo tout l’été ? Victoria pense aussi à la course, car l’athlétisme fait également partie de sa vie. Les 5 km, la piste, le cross-country. « Je me suis blessée donc j’ai dû arrêter, mais là j’ai hâte de reprendre. » Et nous, on a hâte de connaître la suite.

Victoria Chouinard en quelques questions…

Un de tes films préférés : Avant toi

Un de tes livres préférés : On n’éteint pas le soleil, de Tarek Djian

Une de tes phrases préférées : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »

Un de tes personnages historiques préférés : John A. Macdonald

Un de tes personnages contemporains préférés : Barack Obama

Si tu devais aller manifester, ce serait pour quelle cause et qu’écrirais-tu sur ta pancarte ? « Je ne suis pas du genre à prendre part à des manifestations. J’écrirais probablement sur ma pancarte : “Je suis en train de perdre du temps précieux pour manifester. Ne manifestez pas.” »

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