Bilan de la session parlementaire

Analyse des forces en présence

Parti québécois

Voici une analyse des « étoiles » de la dernière session parlementaire
 de chaque parti, selon notre journaliste Denis Lessard, en collaboration avec Tommy Chouinard, Martin Croteau et Serge Laplante.

PREMIÈRE ÉTOILE

Pierre Karl Péladeau en est l’illustration la plus récente : la fonction change l’homme. Depuis qu’il est devenu chef de l’opposition, le magnat de la presse a changé de ton à l’Assemblée nationale. Il doit toujours lire ses questions, mais a abandonné le ton agaçant du prédicateur qui caractérisait ses interventions comme simple député. Dans ses échanges en Chambre comme avec les journalistes, il a clairement fait le choix de la dignité, seul niveau qui convienne à ses nouvelles responsabilités. Le politicien unidimensionnel qui n’intervenait que sur l’économie a diversifié ses intérêts – les réductions de services en éducation, en santé, le sort des autochtones sont désormais dans sa palette. Par-dessus tout, clairement, il a décidé d’écouter les conseils de ses collaborateurs, choisis parmi les vétérans, rompus aux usages de l’Assemblée nationale.

DEUXIÈME ÉTOILE

Jean-François Lisée aurait pu se disqualifier avec sa fuite à l’approche du combat pour le leadership de son parti. Il a décidé de se concentrer sur son travail de député de l’opposition, avec un rare bonheur. Ses interventions en Chambre sont d’une rare efficacité. En deux questions, il a fait reculer le ministre Gaétan Barrette sur la question des hausses de tarifs pour le transport adapté. Lisée est en route pour le trophée du joueur le plus utile à son club. Pour le responsable de la Santé, il est un adversaire bien plus redoutable que la péquiste Diane Lamarre, porte-parole officielle du PQ en la matière.

TROISIÈME ÉTOILE

Alexandre Cloutier est bien silencieux à l’Assemblée nationale depuis la fin de la course à la direction du PQ. En dépit de sa défaite, il est un des joueurs qui a le plus progressé dans l’opinion publique depuis le début de 2015. Les participants aux funérailles de Jacques Parizeau ont pu constater que son pouvoir d’attraction auprès des sympathisants avait été décuplé. Juriste, il ne sautera pas dans l’arène pour pourfendre les projets de loi sur la laïcité de l’État et la lutte contre les discours haineux, probablement plus proches de ses convictions que la défunte charte de son collègue Bernard Drainville. En nomination, avec Sylvain Gaudreault, pour le trophée du joueur le plus gentleman.

À ÉCHANGER

Bernard Drainville a mal fini la course à la direction de son parti, forcé de se rallier même après avoir très durement attaqué son futur chef lors du débat des candidats à Québec. Même s’il n’a pas fini la course, il aura perdu davantage que ses rivaux Cloutier et Ouellet. Le PQ lui doit l’erreur de la Charte de la laïcité, fatale en campagne électorale. Aspirant à la direction de son parti, il a mis la balle en jeu sur le terrain miné de la date du référendum. Depuis son retour en Chambre, ses interventions un peu démagogiques sur les tarifs d’Hydro et les compteurs intelligents n’ont pas fait mouche.

Bilan de la session parlementaire

Péladeau considère que le débat sur ses avoirs est une « diversion »

Pierre Karl Péladeau a affirmé hier que le débat sur ses avoirs est une « diversion » qui permet au gouvernement Couillard de dévier l’attention des véritables préoccupations des citoyens.

« Nous posons des questions qui nous apparaissent tout à fait légitimes, qui sont celles que les citoyens et les citoyennes souhaiteraient poser au gouvernement, nous le faisons parce que nous sommes les dignes représentants des citoyens et des citoyennes », a dit M. Péladeau.

« C’est triste de constater qu’ils n’ont pas de réponse, et ils reviennent systématiquement avec le même bavardage, excusez-moi l’expression, le même baratinage », a-t-il ajouté.

Les derniers mois ont été chargés pour M. Péladeau, qui a pris la tête du PQ au terme d’une longue course à la direction. À maintes reprises, il s’est retrouvé sous les feux de la rampe en raison de son double rôle d’aspirant premier ministre et d'actionnaire de contrôle du plus gros empire médiatique du Québec.

M. Péladeau s’est félicité d’avoir formé une opposition « constructive » et « efficace ». Il rappelle que son parti a proposé un projet de loi « zéro émission » pour favoriser la vente de voitures électriques, convaincu tous les partis d’appuyer une loi proclamant la Journée Nelson Mandela et introduit une motion reconnaissant le « génocide culturel » subi par les Premières Nations.

— Martin Croteau, La Presse

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