Soins aux aînés

L'ancien ministre Hébert souhaite une intervention d’Ottawa en santé

QUÉBEC — La mise en place d’une « assurance autonomie » pour faire face aux dépenses croissantes pour les soins aux aînés est si importante qu’elle justifierait une intervention d’Ottawa dans ce champ de compétence provincial.

Ce cri du cœur surprenant a été lancé par l’ancien ministre péquiste de la Santé Réjean Hébert, maintenant professeur en santé publique à l’Université de Montréal. Ses amis souverainistes vont lui reprocher d’abdiquer quant à la défense des compétences du Québec, prévoit-il déjà.

« Oui, c’est la réaction habituelle, si les provinces et le Québec n’ont pas la vision nécessaire pour mettre en place les services aux personnes âgées, bien moi, je me tourne vers le gouvernement fédéral. On est toujours dans cette fédération ! L’enjeu est trop important pour qu’on laisse les choses aller ! », a-t-il soutenu dans une entrevue accordée à La Presse, hier.

Dans un texte pour « l’Observatoire des réformes en santé », il justifie l’intervention du gouvernement fédéral. « Bien sûr, les provinces [et surtout le Québec] y verront là un empiétement de leur compétence exclusive en santé. Mais pour améliorer les services aux personnes âgées et handicapées, assurer la pérennité de notre système de santé et soutenir les personnes présentant des incapacités avec équité et solidarité, n’est-il pas justifié de procéder ainsi ? », conclut-il.

« On n’y arrivera pas dans le contexte économique actuel où toutes les dépenses sont sur le dos des provinces et l’argent est à Ottawa. Comme dans les années 60, Ottawa devrait mettre en place un programme de soutien à long terme, avec son pouvoir de dépenser. »

— Réjean Hébert, ancien ministre péquiste de la Santé

Actuellement, « c’est la débandade », déplore-t-il. Québec devait investir 150 millions de plus par année pour les soins aux aînés. « Il faut donner une orientation claire aux soins aux personnes âgées, on a une vieille loi des années 60, alors que notre population était plus jeune, centrée sur les hôpitaux et les médecins. Ce n’est pas approprié pour répondre aux besoins actuels », observe M. Hébert.

UNE « RÉFORME INACHEVÉE »

Dans un texte à l’Observatoire des réformes en santé, où l’assurance autonomie est décrite comme une « réforme inachevée », l’ancien ministre de Pauline Marois précise sa pensée.

« L’arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau fournit au gouvernement fédéral une fenêtre d’opportunité pour proposer une telle réforme. Le fédéral pourrait proposer une loi sur les services de longue durée qui établirait des principes à respecter par les provinces lors de la mise en place d’une assurance de soins et services de longue durée. »

Ce fut le cas, rappelle-t-il, « lors de l’assurance maladie, cette intrusion du fédéral dans un domaine de compétence provinciale pourrait être réalisée via son pouvoir constitutionnel de dépenser. Comme un réinvestissement fédéral en santé est nécessaire et probable sous un gouvernement libéral, une enveloppe budgétaire spécifique pourrait soutenir les provinces qui implantent une telle assurance selon les principes de la nouvelle loi ».

Dans la plateforme électorale de Pauline Marois en 2012, le projet d’assurance autonomie (AA) visait à introduire une assurance publique des soins de longue durée dans le système de santé et de services sociaux du Québec. Le financement de l’AA était assuré par les impôts par l’entremise d’un programme budgétaire spécifique – 150 millions pour le Québec, quatre fois plus au Canada. Le projet de loi créant l’AA a été déposé à l’Assemblée nationale en décembre 2013. Des élections précipitées ont toutefois provoqué l’abandon du projet.

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