Des ponts et des noms

Ferroviaires

Outre les ponts Laurier et Victoria déjà nommés, on compte plusieurs autres ponts ferroviaires autour de l’île de Montréal. Ce sont les ponts Saint-Laurent (1886), du Canadien Pacifique (1893) et du Canadien National (1854) à Sainte-Anne-de-Bellevue, Bordeaux (1876) et de l’île Bigras (1882).

DES PONTS ET DES NOMS

Explorateurs

Comme nous l’avons vu, les explorateurs Jacques Cartier et Samuel de Champlain ont donné leur nom aux deux ponts routiers enjambant le Saint-Laurent vers la Rive-Sud. À noter qu’à côté du pont Champlain existe l’estacade construite en 1965 afin d’éviter des embâcles printaniers imputables à la construction et à l’élargissement des îles d’Expo 67.

DES PONTS ET DES NOMS

Politiciens

Outre les trois ponts nommés pour rendre hommage à des premiers ministres, deux autres portent le nom de politiciens. Il s’agit du pont Médéric-Martin, du nom du maire de Montréal de 1914 à 1924 et de 1926 à 1928, ainsi que du pont Galipeault menant à l’île Perreault. Antonin Galipeault fut ministre québécois sous Louis-Alexandre Taschereau.

DES PONTS ET DES NOMS

Premiers ministres 

Trois ponts autour de Montréal ont été baptisés du nom de premiers ministres. En 1904, Wilfrid Laurier, alors premier ministre du Canada, a l’honneur de voir son nom attribué à un pont ferroviaire à Pointe-aux-Trembles. En 1934 est inauguré le premier segment du pont Honoré-Mercier, du nom du premier ministre du Québec de 1887 à 1891. Le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine (1967) salue l’ancien premier ministre du Canada-Est.

Des ponts et des noms

Colons

Pierre Le Gardeur, premier seigneur de L’Assomption, a donné son nom à un pont jeté sur la rivière des Prairies. Le pont de l’île Bizard tient son nom de Jacques Bizard, militaire suisse et premier seigneur des lieux. Quant au premier habitant de l’île Jésus, Olivier Charbonneau, il a lui aussi son pont.

Des ponts et des noms

Dirigeants étrangers

Trois dirigeants étrangers ont vu leur nom être associé à un pont de l’île de Montréal. Le pont routier et ferroviaire Victoria (1860) est nommé en honneur de celle qui fut la reine du Royaume-Uni et du Canada de 1837 jusqu’à sa mort en 1901. Le pont Pie-IX renvoie au 255e pape de l’Église catholique, qui a régné 31 ans, de 1846 à 1878. Plus près de nous, le pont Charles-De Gaulle (1985) rappelle la mémoire de celui qui a été président de la France de 1958 à 1969.

Des ponts et des noms

Autres

Le pont de la Concorde, construit pour Expo 67, est nommé selon la devise de Montréal : Concordia salus. Celui de l’Île-aux-Tourtes enjambe l’île du même nom. Trois hypothèses sont associées au pont Viau, selon la Commission de toponymie du Québec. À Montréal, on l’appelle aussi pont Ahuntsic, du nom d’un jeune Huron s’étant noyé dans la rivière des Prairies. Trois autres structures traversent les eaux entourant l’île de Montréal : les lignes de métro jaune et orange ainsi que la centrale hydroélectrique de Rivière-des-Prairies.

Des ponts et des noms

Civils

Quelques civils ayant fait leur marque dans différents métiers sont aussi honorés dans la toponymie des ponts. C’est le cas de Pascal Persillier-Lachapelle (pont Lachapelle), tanneur et marchand de Côte-des-Neiges. Le nom du pont Louis-Bisson nous vient d’un aviateur. Le pont Papineau-Leblanc rend hommage à l’agent seigneurial Joseph Papineau (père de Louis-Joseph) et à Alpha Leblanc, membre d’une vieille famille de Laval.

Montréal, 375 ans d’histoire

Une île et ses ponts

Chaque dimanche de l’année, un pan de l’histoire de Montréal vous est conté. Aujourd’hui, les ponts Jacques-Cartier et Victoria.

Une scène comme celle montrée ci-dessus rappelle que, Montréal étant une île, les ponts sont essentiels dans tous les aspects de son essor.

C’était vrai au XIXe siècle lorsque les premiers ponts ferroviaires et routiers ont été construits tant sur les flancs nord que sud de l’île. C’était vrai à la fin des années 20, au moment où a été prise cette photo du pont Jacques-Cartier en devenir – qui était alors appelé pont du Havre. Et ça reste tout aussi vrai de nos jours.

Les deux premiers ponts ayant permis de relier Montréal au reste du continent étaient routiers et ont été aménagés sur la couronne Nord, donc avec l’île Jésus (aujourd’hui Laval) : les ponts Lachapelle (1836) et Viau (1847). Mais très vite, l’expansion des chemins de fer amène la construction de plusieurs ponts ferroviaires au-dessus du fleuve Saint-Laurent, de la rivière des Prairies et du lac des Deux Montagnes. Le pont Victoria, inauguré par le prince de Galles – le futur roi Édouard VII – le 25 août 1860, en est le meilleur exemple.

Quelques décennies plus tard, avec l’accroissement géographique et l’essor fulgurant de l’industrie automobile, la construction de nouveaux ponts routiers se fait pressante. Ainsi naît le projet du pont Jacques-Cartier.

PONT VICTORIA

Au milieu du XIXe siècle, Montréal est la ville la plus prospère du pays. « La ville se révèle une véritable plaque tournante pour le commerce et le transport, dit l’historien Martin Landry, de Montréal en histoires. Sa position géographique enviable fait de l’île de Montréal un arrêt incontournable pour les navires de marchandises qui sillonnent le fleuve et qui pénètrent le continent, notamment grâce au canal de Lachine qui relie le Saint-Laurent aux Grands Lacs. »

Le port de Montréal est alors très sollicité. En parallèle, le chemin de fer est un moyen de transport en expansion. Comme certains tracés ferroviaires commencent à s’éloigner des grandes artères navigables, le train fait de plus en plus concurrence aux navires pour le déplacement des individus et l’expédition de marchandises.

Les autorités canadiennes, conscientes de cette situation, envisagent d’exploiter un chemin de fer reliant Montréal à Toronto. Cela mènera à la création de la compagnie du Grand-Tronc en 1852. Le projet sera concrétisé en quelques années, notamment avec l’inauguration (1854) d’un premier pont ferroviaire reliant Sainte-Anne-de-Bellevue à Vaudreuil en traversant l’île Perrot. Mais on en veut plus. La compagnie du Grand-Tronc souhaite un accès aux États-Unis et à la mer au moyen d’un autre chemin de fer, au sud de Montréal. D’ailleurs, dès 1846, des commissaires du port de Montréal comme des politiciens (George-Étienne Cartier, John A. Macdonald) formulent le même désir, indique Martin Landry.

C’est ainsi que les travaux de construction du pont Victoria s’amorcent le 24 mai 1854. Cinq ans et demi plus tard, le 12 décembre 1859, les ouvriers posent la dernière travée et le pont est ouvert à la circulation le 17 décembre. Avec ses 2,7 km, le pont Victoria devient alors le plus long du monde !

PONT DU HAVRE (JACQUES-CARTIER)

Le projet de construction d’un pont routier entre Montréal et la rive sud répond à un autre enjeu : la pression démographique couplée à l’émergence de l’automobile. « En 1920, la voie réservée aux automobiles du pont Victoria étant partiellement détruite par un incendie, le besoin d’un nouveau pont devient pressant », écrit Martin Landry.

Les travaux de la nouvelle infrastructure s’amorcent officiellement le 26 mai 1925 et exigent la destruction de bâtiments du quartier Sainte-Marie. Or, dans le secteur, Hector Barsalou, propriétaire d’une entreprise de savon, refuse l’expropriation de son usine. C’est pour cette raison que le tracé du pont décline légèrement sur la gauche quand on entre dans Montréal.

D’abord payant, le pont du Havre est ouvert à la circulation routière, cycliste et piétonne le 14 mai 1930 (la cérémonie officielle a lieu le 24 mai). Dans son numéro du 15 mai, La Presse rapporte que le premier piéton ayant traversé de la rive sud à Montréal était « un écolier qui se rendait à l’école Saint-Pierre ». Le premier automobiliste à se rendre sur la Rive-Sud s’appelait Henri Campeau et demeurait rue Champlain, ajoute le quotidien. Quatre ans plus tard, des pressions populaires, alimentées croit-on par les membres de l’Ordre de Jacques-Cartier, une société secrète composée pour la majorité de fonctionnaires fédéraux canadiens-français, exigeaient un nom francophone pour le pont, question de refléter l’héritage français du pays. Ça tombait bien, 1934 marquait le 400anniversaire de la découverte du Canada par Jacques-Cartier. Le 30 juin 1934, le pont du Havre devenait donc officiellement le pont Jacques-Cartier.

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