Étude

L’anxiété, un frein pour désamorcer les peurs

Il est plus difficile de se débarrasser de ses peurs et phobies lorsqu’on est anxieux, selon une nouvelle étude montréalaise. L’explication : la zone du cerveau impliquée dans le déconditionnement des peurs est moins active avec l’anxiété.

« Nous avions fait une découverte similaire avec le trouble de stress post-traumatique (TSPT) », explique l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry, Marie-France Marin, de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. « Le même mécanisme joue pour les troubles anxieux. »

La chercheuse montréalaise, qui a travaillé avec des collègues de plusieurs universités américaines, dont Harvard, où elle a fait son postdoctorat, a exposé 82 personnes, dont les trois quarts avaient un trouble anxieux, à des stimuli, dont certains étaient associés à de légères décharges électriques. Cela les rendait craintifs des stimuli accompagnés de décharges. Ensuite, ils étaient à nouveau exposés aux stimuli, mais sans décharges. Pendant tout ce temps, des images de l’activité de leur cerveau étaient enregistrées.

La conductivité de la peau de tous les cobayes était enregistrée, pour vérifier si les gens ayant un trouble anxieux réagissaient plus fortement aux décharges électriques. Ce n’était pas le cas.

La zone associée au désapprentissage de la peur, le « cortex préfrontal ventromédian » (vmPFC), était beaucoup moins active, donc moins efficace, chez les patients atteints de troubles anxieux. Plus les troubles anxieux étaient graves, moins le vmPFC était efficace. De plus, les patients ayant plusieurs types de troubles anxieux avaient une activité plus intense de la zone où la peur est enregistrée dans la mémoire, appelée « amygdale ».

« C’est la même région qui est moins activée chez les patients atteints de TSPT. Le vmPFC est aussi connecté de manière différente au reste du circuit de la peur chez les patients atteints de troubles anxieux et chez les gens n’en ayant pas. »

— Marie-France Marin

Est-ce que la peur marque autant les anxieux que les patients TSPT ? « On ne peut pas faire de comparaison entre les deux groupes pour le moment », dit Mme Marin.

Quelles sont les conséquences cliniques de cette découverte ? « Il faut en tenir compte lors du traitement des phobies chez les anxieux, explique Mme Marin. Il faut renforcer l’activité du désapprentissage des peurs, peut-être avec une psychothérapie, ou alors avec la stimulation magnétique transcrânienne. Mais il faudra faire des études pour voir ce qui fonctionne. » La stimulation magnétique transcrânienne est une approche proposée voilà plus d’un siècle, mais seulement récemment envisagée par la psychiatrie, qui ne doit pas être confondue avec les électrochocs.

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