Journaux régionaux
Un nouveau concurrent virtuel pour Transcontinental
La Presse
Un nouveau concurrent se dressera devant Transcontinental dans le secteur des hebdomadaires régionaux au Québec, mais sur le web. Une entreprise de Beauce, Néomédia, a annoncé hier l’achat de 11 des journaux que Transcontinental avait acquis chez Québecor plus tôt cette année.
Ces hebdos sont situés à Valleyfield, Chambly, Joliette, Saint-Félicien, Saguenay, Sainte-Thérèse, Laval, Trois-Rivières, Sorel-Tracy et Mont-Saint-Hilaire. Néomédia cessera la publication des versions papier de ces journaux pour se concentrer exclusivement sur leurs sites web.
La société mère de Néomédia exploite déjà EnBeauce.com, un portail d’information régionale qui connaît beaucoup de succès dans cette région. L’entreprise gère également les sites web de cinq journaux régionaux établis dans le Bas-Saint-Laurent, dans Charlevoix, en Estrie et au Nouveau-Brunswick.
« Ça arrivait à point, on était mûrs pour conquérir les régions du Québec », a déclaré le président de Néomédia, Claude Poulin, au cours d’un entretien téléphonique avec . La valeur de la transaction n’a pas été divulguée.
Néomédia aurait souhaité acheter 19 autres hebdomadaires de Transcontinental, mais l’entreprise n’a pas réussi à s’entendre avec le fiduciaire nommé dans ce dossier, le cabinet comptable Mallette. Ce dernier intervenait à la demande du Bureau de la concurrence, qui avait ordonné à Transcontinental de se départir de 33 journaux.
« Le Bureau a fait tout son possible pour jauger le marché afin de trouver une solution de rechange permettant d’éviter que Transcontinental conserve la propriété de certains journaux, a expliqué dans un courriel une porte-parole, Mélanie Beauchesne. Les offres qui ne respectaient pas les dispositions du consentement entre Transcontinental et le Bureau n’ont pas été acceptées. »
Transcontinental a cessé la publication de ces 19 journaux et d’une autre publication déficitaire dès hier, ce qui a entraîné le licenciement de 80 des 1800 salariés de la division Solutions communautés locales de l’entreprise.
M. Poulin espère toutefois relancer une partie des 19 journaux sur le web au cours des prochaines semaines. « On est en train de contacter les employés », a-t-il dit.
Trois autres journaux de Transcontinental ont trouvé preneur hier : et de Longueuil passent aux mains du groupe Les Médias de la Rive-Sud, alors que de Saint-Jérôme sera acquis par les Éditions Blainville Deux-Montagnes.
La Fédération nationale des communications (FNC-CSN), qui représente les quelque 18 salariés syndiqués de et de deux journaux vendus à Néomédia, s’est montrée soulagée que 14 publications puissent survivre. La secrétaire générale de la FNC, Pascale St-Onge, s’inquiète toutefois du modèle d’affaires de Néomédia.
« Ils semblent préconiser une marchandisation de l’information qui n’est là que pour alimenter le contenu publicitaire et favoriser les entrepreneurs. À notre avis, c’est une vision très réductrice de ce qu’est l’information dans une société démocratique. »
— Pascale St-Onge, secrétaire générale de la FNC
Claude Poulin a assuré que Néomédia allait reprendre les journalistes et les vendeurs de publicité des 11 journaux acquis. Il s’est aussi dit prêt à adhérer au Conseil de presse, comme le réclame la FNC. Par contre, il ne sait pas encore si les publications conserveront leurs bureaux. Une structure décentralisée, où les salariés travailleraient à la maison, est envisagée.
Convaincue que le succès d’EnBeauce.com peut être reproduit dans toutes les régions du Québec, Néomédia n’entend pas en rester là. « L’objectif, c’est de se rendre à 150 journaux web d’ici les trois ou quatre prochaines années », a confié M. Poulin.
« Un journal web est rentable dès sa première année et les frais fixes sont tellement faibles qu’on peut affronter pas mal de tempêtes avant de devoir lever le drapeau blanc », a-t-il ajouté, en soulignant que les coûts d’impression et de distribution peuvent accaparer jusqu’à la moitié du budget d’un hebdo.
Les transactions annoncées hier font suite à l’achat des 74 journaux hebdomadaires de Québecor par Transcontinental pour 75 millions, autorisée en mai par le Bureau de la concurrence. Transcontinental détient désormais un quasi-monopole dans le secteur de la distribution régionale de circulaires au Québec.
de Rouyn-Noranda
de Val-d’Or