Discrimination systémique et racisme

Québec annonce une vaste consultation

La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, pouvait difficilement mieux tomber, hier, en annonçant une vaste consultation sur la discrimination systémique et le racisme à compter de septembre prochain.

L’annonce de Mme Weil coïncidait avec l’apparition d’une affiche proclamant « Saguenay ville blanche » au cimetière de Saguenay, à Saint-Honoré, et d’autocollants anti-immigration à Sherbrooke.

« Tous ces gestes haineux sont inacceptables dans une société, a déclaré Mme Weil en marge de son annonce à Montréal. C’est blessant. Moi, ça me touche profondément. »

La ministre a ajouté que les corps policiers doivent agir avec force et détermination contre ceux qui encouragent les discours haineux.

Cependant, le Service de police de Sherbrooke n’interviendra pas dans ce dossier puisque les messages sur les autocollants sont surtout de nature politique.

« On ne peut pas dire que c’est un contenu criminel, donc il n’y aura pas d’enquête déployée avec ça », a indiqué l’agent Samuel Ducharme en entrevue avec La Presse canadienne.

« S’il y a des crimes haineux qui sont commis, on va certainement prendre [des mesures] et procéder aux arrestations », a-t-il précisé, avertissant tout de même au passage qu’il y a des caméras dans les secteurs qui ont été ciblés et que des constats d’infraction pourraient être remis dans l’avenir en invoquant les règlements municipaux sur l’affichage.

Le maire décroche les pancartes

À Saint-Honoré, c’est le maire de l’endroit, Bruno Tremblay, qui a lui-même retiré l’affiche offensante qui avait été placée par-dessus celle du cimetière Saguenay.

En entrevue avec le journal Le Quotidien, de Saguenay, M. Tremblay s’est dit « choqué » par le geste qu’il a qualifié d’« inacceptable », faisant valoir que ce cimetière accueille déjà les dépouilles de personnes de confessions multiples.

Pour le professeur André Gagné, spécialiste en radicalisation au département d’études théologiques de l’Université Concordia, ces gestes sont « l’expression d’un malaise » face à l’islam.

« Un exercice utile et nécessaire »

Le professeur Gagné applaudit par ailleurs la démarche du gouvernement en matière de lutte contre le racisme et la discrimination systémique.

« Ce n’est pas une mauvaise idée pour le gouvernement d’investiguer ce qui se passe au niveau de l’éducation, de la santé et d’autres domaines pour voir s’il y a cette chose que l’on appelle le racisme systémique et, si c’est le cas, de faire des recommandations pour éradiquer le problème », dit-il.

Les consultations annoncées par Mme Weil seront pilotées par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJQ), avec l’objectif de « proposer des solutions concrètes et durables […] pour combattre ces problématiques ».

En mêlée de presse à la suite de son annonce, Kathleen Weil s’est bien défendue de vouloir faire le procès des Québécois, un reproche qui a été adressé au gouvernement Couillard, notamment par le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, en mai dernier.

« Je ne suis pas préoccupée du tout par ces commentaires, a-t-elle dit. Je crois que les gens vont voir l’exercice pour ce qu’il est : un exercice ouvert, démocratique, utile et nécessaire.

« Cette consultation, c’est la pièce manquante pour aller plus profondément dans le vécu. Il y a des gens qui souffrent encore », a-t-elle fait valoir.

La consultation s’amorcera en septembre.

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