Opinion  Religion

Que faire contre les imams autoproclamés ?

La Ville de Montréal ne délivrera pas de certification d’occupation permettant des activités religieuses dans un centre communautaire musulman par l’« imam » Hamza Chaoui. Mais modifier une loi municipale pouvant empêcher l’établissement d’un lieu potentiel en vue de la radicalisation d’individus n’est pas le seul moyen pour résoudre le problème, car la Charte garantit la liberté de religion, et la radicalisation d’individus peut aussi se faire dans des lieux de culte.

En entendant les propos de Chaoui, nous sommes-nous demandé si l’individu en question possède une formation adéquate pour exercer une telle fonction ? La seule chose dont nous sommes certains, c’est que cet « imam » ne détient qu’un baccalauréat en génie électrique de l’Université Laval, rien qui vaille pour ce genre de profession. Tel qu’un membre du clergé appartenant au judaïsme et au christianisme, l’imam n’est pas seulement un homme de terrain, mais doit aussi avoir des connaissances et des compétences certifiées et reconnues !

Un bon nombre de groupes religieux exigent déjà de leurs responsables une formation universitaire en la matière. On ne devrait pas simplement pouvoir s’autoproclamer imam, prêtre, pasteur ou rabbin sur la seule base de répondre à l’« appel de Dieu ».

Pour être un dirigeant religieux, l’État québécois devrait exiger une formation universitaire reconnue par le ministère de l’Éducation. Sans formation, pas d’accréditation ni reconnaissance. 

En somme, une personne ne devrait pas avoir le droit d’exercer la profession de membre du clergé sans avoir les compétences requises. 

N’est-ce pas ce que nous exigeons pour la majorité des métiers exercés dans notre société ? Pourquoi serait-ce différent lorsqu’il s’agit d’être à la tête d’un groupe religieux ?

FORMATION MULTIDISCIPLINAIRE

À quoi pourrait ressembler une telle formation ? D’abord, elle devrait se faire dans le cadre de nos universités laïques, car l’enseignement dispensé ne peut pas être sectaire ou favoriser une religion quelconque. La formation doit aussi avoir un caractère multidisciplinaire, c’est-à-dire qu’elle doit s’appuyer sur un cursus comprenant des cours d’histoire, de science, d’anthropologie, de sociologie, de psychologie, de science politique, et de philosophie. 

Pour ce qui est de l’aspect « religieux » d’une telle formation, elle devrait se faire en sciences des religions, où les experts enseignent dans une perspective critique et tiennent compte des avancés de la recherche moderne concernant le phénomène religieux. Par exemple, il est impensable d’avoir un cours faisant la promotion du créationnisme (ou le « dessein intelligent ») à l’université, car cette croyance est contraire aux avancées scientifiques d’aujourd’hui. De plus, en sciences des religions, l’histoire de toutes les traditions est enseignée ; un remède efficace aidant à corriger le regard myope que les gens portent sur leur tradition religieuse.

Il est grand temps que nos politiciens fassent preuve de courage et travaillent à l’établissement de politiques visant à mieux encadrer l’espace religieux. De telles mesures concernent aussi le domaine de l’éducation, et cela à tous les niveaux. Il est de notre devoir de se protéger contre les dérives sectaires pouvant nuire à la société québécoise.

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