La docteure répond

La saison des maux de gorge

Votre enfant, qui fréquente la garderie, a attrapé son troisième rhume de l’automne. Comme de fait, votre nez a aussi commencé à couler et vous avez maintenant une sensation de brûlure dans la gorge. On vous a déjà donné des antibiotiques dans le passé pour une pharyngite. Devez-vous consulter cette fois-ci ?

Chez l’adulte, la très grande majorité des infections à la gorge, ou pharyngites, sont virales (environ 90 % des pharyngites de l’adulte, moins chez l’enfant). « Virales », ça veut dire « causées par un virus », mais ça veut aussi dire que les antibiotiques n’ont pas d’effet sur cette infection. Le fait que votre nez coule est d’ailleurs un indice qui fait davantage penser à un virus qu’à une bactérie.

D’autres symptômes peuvent trahir une cause virale : l’absence de forte fièvre, une perte de la voix, la présence de diarrhée, de toux ou de conjonctivite (oui, vous pouvez être misérable avec une infection virale). Les pharyngites virales durent habituellement de trois à cinq jours puis partent comme elles sont venues, en attendant qu’un autre virus trouve vos amygdales. Vous pouvez utiliser des médicaments en vente libre pour soulager votre douleur et votre fièvre : l’acétaminophène, les anti-inflammatoires et les fameuses pastilles pour la gorge.

Malchance, une Pharyngite bactérienne

Si vous êtes malchanceux, il se peut que votre mal de gorge soit causé par une bactérie. Le plus souvent, le responsable est le streptocoque du groupe A (ou Streptococcus pyogenes pour les adeptes des langues anciennes). Contrairement aux virus, les pharyngites bactériennes se présentent plus fréquemment de façon abrupte et peuvent être accompagnées de fièvre (plus de 38 °C), de maux de tête et parfois d’inconfort abdominal. Elles se présentent souvent sans écoulement nasal ni toux. Les enfants de 3 à 15 ans sont par ailleurs plus souvent touchés que les adultes. 

Vous présentez ces symptômes et décidez de consulter votre médecin ? Sachez que « de visu », il peut être très difficile de distinguer une pharyngite virale d’une pharyngite bactérienne. 

Votre médecin fera donc probablement un test rapide de détection du streptocoque si possible, ou encore une culture avant d’entamer un traitement. Une culture de gorge, c’est comme une culture dans un jardin : ça ne pousse pas automatiquement. Il se peut donc que vous ayez à attendre quelques jours avant de savoir si un streptocoque s’est installé chez vous (habituellement, deux jours). 

Sachant cela, devez-vous commencer le traitement immédiatement ? Non. Dans la majorité des cas, il est tout à fait approprié d’attendre le résultat. Vous vous éviterez ainsi des antibiotiques inutiles si vous avez finalement une pharyngite virale (les antibiotiques ne sont pas des bonbons, votre flore intestinale le sait). Même si votre gorge est infestée de bactéries, les antibiotiques ne feront pas de miracle. Ceux-ci servent surtout à prévenir les complications des pharyngites, mais ne diminuent la durée des symptômes que d’une journée en moyenne. Même sans antibiotiques, 90 % des patients n’auront plus de symptômes après une semaine (notre système immunitaire, quelle merveille !).

Complications possibles

Si vous êtes malchanceux parmi les malchanceux, vous pourriez présenter une de ces complications. Votre médecin vous prescrira un traitement d’emblée si vous présentez une pharyngite et une éruption cutanée, signant une scarlatine (aussi causée par le streptocoque du groupe A, mais toutefois rare chez l’adulte). Vous devriez probablement faire un saut aux urgences si vous n’êtes plus capable de boire, d’ouvrir votre bouche, d’avaler votre salive ou si vous présentez un gonflement du cou, de la langue ou si vous avez de la difficulté à respirer. La fièvre ne devrait pas, par ailleurs, s’éterniser au-delà de quelques jours.

Enfin, il faut retenir que la majorité des infections de la gorge sont bénignes et passeront sans traitement. Le défi est de ne pas arroser les virus d’antibiotiques inutiles. On évite ainsi les effets secondaires de ces médicaments et le développement des résistances. Un pas dans la bonne direction pour la lutte de la race humaine contre les microbes !

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