Bois d’œuvre

Le fédéral va « appuyer l’industrie »

Alors que plane la menace de l’imposition par les États-Unis d’un droit compensatoire sur le bois d’œuvre, le gouvernement canadien va « appuyer l’industrie en cas de conflit », affirme Rémi Massé, député d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia et président du caucus du Québec du Parti libéral du Canada.

M. Massé a fait cette précision par l’entremise de son attaché politique, hier, après que l’hebdo gaspésien L’Écho de la Baie l’a cité affirmant que le gouvernement fédéral étudiait « les possibilités pour compenser les pertes ».

Ces subtiles nuances sont suivies de près dans le monde forestier, qui cherche à comprendre quelle politique adoptera le gouvernement Trudeau dans ce dossier épineux.

Une conférence téléphonique des ministres responsables des forêts a eu lieu vendredi dernier, a appris La Presse, mais peu d’information a circulé.

Le bureau du ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, n’a pas répondu hier à la demande d’entrevue de La Presse.

Le bureau du ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, a confirmé la tenue de cette conférence téléphonique, mais n’a pas voulu en révéler la teneur. Des détails sont attendus au cours de la semaine.

« Notre gouvernement défendra vigoureusement les intérêts de l’industrie canadienne du bois d’œuvre résineux, y compris au moyen de recours en vertu de l’OMC, ainsi que de l’ALENA ou des tribunaux américains, selon le cas‎ », a fait savoir le ministre Carr par courriel, hier.

Reprise de la bataille

Selon Carl Grenier, spécialiste de ces questions et ex-négociateur du Québec, le gouvernement fédéral est appelé à faire des arbitrages entre la Colombie-Britannique et les autres provinces dans la défense de ce dossier devant les autorités américaines. « L’industrie dans l’Ouest veut un règlement rapide », dit-il.

Jusqu’ici, remarque M. Grenier, le gouvernement fédéral n’avait pas vraiment répondu aux demandes d’aide, qui émanent surtout des scieries de l’Ontario et du Québec.

La bataille du bois d’œuvre a repris ces derniers mois, avec l’expiration d’un accord conclu en 2006 et le dépôt d’une plainte en subventionnement par les forestiers américains auprès des autorités américaines.

Le mois dernier, la Commission du commerce international des États-Unis (ITC) a conclu de manière préliminaire que la concurrence canadienne avait nui à l’industrie américaine, ce qui est la première étape vers l’imposition d’un droit compensateur sur le bois canadien.

Entre 2015 et 2016, la part du bois canadien sur le marché américain est passée de 29,5 % à 34 %, selon la preuve présentée à l’ITC par les plaignants américains.

Les représentants de l’industrie américaine affirment que les scieries canadiennes ont capturé 75 % de la hausse de la consommation de bois dans les neuf premiers mois de 2016, alors que la reprise de la construction domiciliaire se confirme aux États-Unis.

Une tendance qui pourrait prendre fin avec l’imposition d’un droit compensateur de 25 % sur le bois d’œuvre canadien, ce qui pourrait survenir à la fin de mars ou au début d’avril.

Emplois en jeu

De nombreux emplois sont en jeu au Québec, souligne Sylvain Roy, député de Bonaventure et porte-parole du Parti québécois en matière de forêts. « À partir du moment où les pénalités rétroactives seront imposées, début avril, il va falloir des moyens, dit-il. C’est 60 000 jobs au Québec. »

M. Roy s’interroge comme tout le monde sur la façon dont le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, va aborder le dossier : « On le dit populiste, mais est-ce qu’il va prendre pour la population qui veut des habitations à coût abordable ? Est-ce qu’il veut protéger le lobby des entreprises forestières ? »

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