Ça s’explique

Enquête sur le
FBI

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes (et moins jeunes !) une parcelle d’actualité. Cette semaine… on enquête sur un corps policier très important aux États-Unis, le FBI, et sur le renvoi de son directeur par le président Trump.

Résumé de l’épisode précédent : 

James Comey, le directeur du FBI, a été mis à la porte le 9 mai par Donald Trump. Parfois appelé le « premier policier » des États-Unis, le patron du FBI dirige une force qui compte 30 000 agents et autres spécialistes pour mener toutes sortes d’enquêtes.

C’est quoi, le FBI ?

Les lettres FBI signifient Federal Bureau of Investigation.

En français, on dirait Bureau fédéral d’enquête.

MISSION

Protéger les États-Unis contre le terrorisme, l’espionnage, les attaques cybernétiques et d’autres crimes importants. L’organisation policière fondée en 1908 lutte aussi contre les organisations criminelles qui sévissent dans plusieurs États et peut aussi donner un coup de main aux polices locales lors de crimes majeurs ou d’enquêtes particulièrement complexes. Son champ d’action se trouve surtout aux États-Unis, ce qui n’empêche pas le FBI d’agir à l’échelle internationale si nécessaire.

Nommé par le président

Le directeur du FBI est en principe nommé par le président pour une période de 10 ans. James Comey avait été nommé en 2013 par Barack Obama. Le patron du FBI ne travaille toutefois pas pour le président. Son rôle est de combattre le crime et d’enquêter. Même sur les politiciens, si nécessaire. Même sur le président : c’est arrivé au président Richard Nixon dans les années 70.

Pourquoi Trump a-t-il congédié Comey ?

« On ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Il y a plusieurs versions qui se contredisent », explique Christophe Cloutier-Roy, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de l’UQAM. Le spécialiste souligne que Donald Trump lui-même a donné plusieurs explications différentes pour justifier ce renvoi.

Ça se complique…

Le cœur de l’affaire se trouve dans les liens que des collaborateurs du président Trump, dont son ancien conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, auraient entretenus avec la Russie. Une enquête du FBI a en effet été lancée pour déterminer si les Russes ont aidé Trump à gagner l’élection, entre autres grâce au piratage informatique.

« Un bon gars »

James Comey a affirmé que Donald Trump lui avait demandé d’arrêter d’enquêter sur les liens entre son équipe et la Russie, et le président aurait ajouté que Flynn est « un bon gars ». En entrevue avec NBC, le président a confirmé que c’était sa décision et qu’elle était motivée par le fait qu’il croyait que cette histoire de collusion avec les Russes avait été fabriquée de toutes pièces par les démocrates, ses adversaires politiques, et leur servait d’excuse pour avoir perdu l’élection.

Obstruction ?

« Si M. Trump a demandé à M. Comey d’arrêter l’enquête sur Mike Flynn, il y a tout lieu de croire que ce serait de l’obstruction à la justice », dit Christophe Cloutier-Roy. L’obstruction à la justice, c’est empêcher des gens qui ont le devoir de mener une enquête de faire librement et correctement leur travail. Le patron du FBI n’est pas au service du président et le FBI n’est pas une police politique, c’est-à-dire qu’il ne doit pas agir en fonction de ce qui plaît ou déplaît au président. C’est « capital dans une démocratie », souligne M. Cloutier-Roy.

Est-ce une première ?

Il est très rare qu’un directeur du FBI soit démis de ses fonctions, mais il y a un précédent : Bill Clinton a renvoyé William S. Sessions en 1993 pour des raisons éthiques. Ce dernier avait notamment été accusé d’avoir détourné des fonds gouvernementaux pour des travaux à sa résidence.

Sources : Christophe Cloutier-Roy (chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’UQAM), www.FBI.gov, NBC.com

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