OPINION

CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Misons davantage sur la main-d’œuvre venue d’ailleurs

Au cours des 15 prochaines années, la pénurie de main-d’œuvre constituera un des principaux goulots d’étranglement de notre croissance économique, particulièrement en région.

La solution à ce problème sera plurielle : retenir sur le marché les travailleurs d’expérience, favoriser la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs, mais également, miser davantage sur une main-d’œuvre venue d’ailleurs.

Cela signifie en accueillir un plus grand nombre, en retenir plus au Québec et les intégrer mieux, en meilleure adéquation avec les besoins du marché du travail.

L’emploi n’est bien sûr pas le seul facteur d’une intégration réussie, mais il en constitue à coup sûr un des principaux leviers.

Le gouvernement du Québec et les communautés d’accueil déploient déjà beaucoup d’efforts et de ressources pour intégrer les nouveaux arrivants, avec un succès inégal.

Un plan d’intervention

Nous pouvons, nous devons faire mieux. Pour que l’immigration au Québec soit un succès autant pour l’immigrant que pour son milieu d’accueil, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) croit qu’il faut intervenir sur quatre plans.

1. En amont du processus, raffiner la sélection des candidats en facilitant un contact direct entre les employeurs québécois et les dossiers des candidats à l’immigration.

Le recrutement se ferait avant même l’acceptation de la demande d’immigration du candidat, à l’aide de la déclaration d’intérêt, qui s’en verrait ainsi favorisée et accélérée.

2. Favoriser l’installation des immigrants en région.

Selon Statistique Canada, plus de 85 % de la population immigrée du Québec habite dans l’agglomération montréalaise. Or, 55 % des besoins de main-d’œuvre se situent en région, rapporte Emploi-Québec. Le recrutement direct des candidats par les employeurs atténuerait ce déséquilibre. 

Pour les immigrants qui sont déjà ici, le gouvernement du Québec a confirmé, dans un récent budget, le projet Un emploi en sol québécois qui s’étendra désormais à huit régions pour les trois prochaines années. Cette initiative de la FCCQ, destinée à favoriser l’accès des personnes immigrantes à des emplois en région, permet la tenue de rencontres entre des employeurs en régions et des immigrants arrivés depuis moins de cinq ans.

3. Accompagner les employeurs dans l’intégration au travail des immigrants. 

Même faisant face à une pénurie de main-d’œuvre, des entreprises demeurent réticentes à embaucher des immigrants. Nous constatons qu’il faudrait en outre accompagner les employeurs, particulièrement les PME, dans l’accueil et l’intégration de ces travailleurs.

Cet accompagnement viserait à développer les sensibilités de gestion aux aspects spécifiques touchant les employés fraîchement arrivés au Québec. Il pourrait être offert par les chambres de commerce du Québec avec l’appui et l’encadrement du gouvernement.

4. Faciliter l’intégration et le réseautage des immigrants entrepreneurs.

Quiconque décide de laisser son pays natal affiche déjà des caractéristiques qu’on retrouve chez les entrepreneurs : le goût du risque.

La tendance des immigrants à posséder leur propre entreprise quatre à sept ans après leur arrivée dépasse celle des natifs.

Ils sont toutefois défavorisés dans la mesure où, à leur arrivée, ils ne disposent pas de réseaux d’affaires et ne sont pas familiers avec la culture d’affaires québécoise et canadienne. Un programme québécois facilite l’accueil et l’intégration d’immigrants entrepreneurs dont le projet satisfait certaines conditions.

Le gouvernement a récemment annoncé un budget permettant de mettre à profit le vaste réseau des chambres de commerce dans un programme de réseautage pour accompagner les immigrants entrepreneurs dans les réseaux d’affaires.

Le Québec est depuis toujours une terre d’immigration. Rarement depuis l’après-guerre le contexte a-t-il été aussi favorable à la pleine participation des immigrants à notre économie et à notre épanouissement collectif. À nous de relever ce défi.

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