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Opinion

Arrêtons de taxer les taxes

Nos gouvernements nous facturent taxes, impôts, cotisations et surtaxes sur presque tous les aspects de nos vies.

On paie de l’impôt sur nos revenus, sur nos investissements et sur nos rentes, on paie des cotisations pour le Régime des rentes du Québec, l’assurance médicaments, les frais de garde et une multitude d’autres programmes et services, on paie des taxes sur les biens que l’on achète, des taxes spécifiques à certains produits tels l’alcool et le tabac, des taxes sur nos propriétés et sur l’eau.

En voici une autre, kafkaïenne cette fois : les Québécois paient des taxes sur leurs taxes.

L’absurdité de la double taxation est relativement commune au Québec. C’est ce qui arrive chaque fois qu’un Québécois achète une caisse de bière au dépanneur, ou chaque fois qu’il fait un plein d’essence.

Sur un litre d’essence, les gouvernements provincial et fédéral commencent par appliquer leurs taxes d’accise, respectivement de 19,2 et de 10 cents par litre. Dans la grande région de Montréal, le gouvernement provincial applique ensuite la surcharge pour le financement de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) de 3 cents par litre. Ensuite, sur le montant total de votre plein, taxes incluses, les gouvernements ajoutent leurs taxes de vente. Sur l’essence, c’est plus d’un demi-milliard de dollars que les Québécois paient en taxes sur les taxes chaque année. C’est le gouvernement du Québec qui prend la part du lion, récoltant plus de 360 millions de dollars par an grâce à cette double taxation de l’essence. C’est sans compter les centaines de millions additionnels récoltés par la double taxation d’autres produits.

Le gouvernement ne devrait pas nous taxer sur les taxes qu’il nous impose. De la même façon qu’on ne devrait pas avoir à payer deux fois pour un même bien, le gouvernement abuse de notre capacité de payer lorsqu’il vient piger de multiples fois dans nos poches pour taxer les taxes qu’on lui paie déjà.

Des provinces agissent

Certaines provinces ont déjà reconnu ce non-sens, et ont choisi de mettre fin à cette double taxation. C’est ainsi qu’au Manitoba, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique, la part des taxes spécifiques est omise du calcul des taxes de vente provinciales, ce qui permet aux consommateurs locaux de faire des économies substantielles.

Au Québec, on estime qu’environ 5 cents par litre passent dans cette taxe sur la taxe.

Cette double taxation affecte la quasi-totalité des Québécois, par son application sur l’essence, l’alcool et tous les autres produits sur lesquels le gouvernement applique des taxes spécifiques. Y mettre fin permettrait de remettre de l’argent dans les poches de tous les Québécois, un objectif louable que s’était donné le gouvernement Legault lors de son arrivée en poste.

Alors que le gouvernement Legault travaille sur son premier budget, mettre fin à cette double taxation serait une mesure fort bien accueillie, si ce n’est que pour le répit qu’elle pourrait donner aux contribuables québécois.

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