Le hockey à la norvégienne

Les points, pas les poings

FREDRIKSTAD — Georges Laraque étonnera toujours.

Après avoir été homme d’affaires, commentateur sportif, figurant au cinéma, membre du Parti vert et militant végétalien, l’ancien homme fort de la LNH a décidé de sortir de sa retraite pour aller jouer en Norvège.

La nouvelle est sortie en janvier. Mais cette fois, c’est pour de vrai. Samedi, Laraque a joué son premier match avec le Lokomotiv Fana, une équipe de 2e division basée à Bergen, la deuxième ville du pays. Il a compté trois buts et amassé une mention d’aide. Laraque restera avec le club jusqu’à la fin des séries éliminatoires.

« C’est le fun de renouer avec la compétition, quelle que soit la ligue », lance l’athlète de 38 ans, qui n’a pas joué chez les pros depuis ses derniers matchs avec le Canadien, en 2011. « Mais je suis un peu nerveux. Je ne veux pas décevoir. Ça fait trois mois que je m’entraîne pour me remettre en forme. »

Revenir au jeu, cinq ans après avoir accroché ses patins, quand on a mis fin à sa carrière à cause de problèmes chroniques aux vertèbres, est un geste surprenant. Mais ce qui surprend davantage, c’est que l’ancien dur à cuire n’a pas été embauché pour ses talents de pugiliste.

Dans la ligue norvégienne, où les batailles sont interdites, son rôle sera cette fois de noircir la feuille de pointage. « Je m’en vais là pour scorer », promet Laraque, pas mécontent de se voir attribuer un nouveau genre de mission.

Cette déclaration peut paraître improbable, considérant la réputation du matamore, qui accumulé plus de 1126 minutes de pénalité en 13 saisons dans la LNH avec les Oilers, les Coyotes, les Penguins et le CH.

Mais Laraque tient à nous rappeler qu’il sait aussi jouer au hockey. Pendant le lock-out de la LNH en 2004-2005, il avait notamment compté 11 buts en 13 matchs dans la Ligue de hockey suédoise. « L’année où je me suis le plus amusé de toute ma vie », dit-il.

Cette mémorable performance est ce qui a incité l’entraîneur du Lokomotiv Fana, Henrik Sahlin, à le joindre par Facebook en janvier pour lui faire une offre.

« Georges est un de mes joueurs préférés depuis que je l’ai vu jouer en Suède en 2005, raconte Sahlin, joint par courriel. Je lui ai demandé de venir pour ses talents offensifs… Qu’il soit gros et fort n’est qu’un boni. »

JOUER BÉNÉVOLEMENT

Georges Laraque, du reste, ne sera pas là seulement pour « scorer ».

Son séjour en Norvège inclut une foule d’activités de relations publiques, comme des visites d’hôpitaux, des rencontres avec des jeunes, des conférences et beaucoup d’entrevues avec les médias. « Mon emploi du temps est booké au boutte », souligne le Québécois.

Le plus frappant – sans jeu de mots – est que Laraque fera tout gratuitement, sur la glace comme en dehors. À l’instar de tous les joueurs de 2e division en Norvège, il ne recevra pas de salaire. En revanche, on lui fournira un logement et on paiera ses dépenses.

Ça ne semble pas l’incommoder. « Ça fait longtemps que je n’ai pas joué. Je ne sais pas quel sera mon rendement. Je ne sais pas si mon dos va tenir... Je ne veux pas décevoir. Il y a moins de pression sans salaire. »

À l’entendre, on dirait presque qu’il s’en va en vacances. Mais il affirme prendre cette occasion très au sérieux.

Si tout se passe bien, et que le corps suit, son séjour chez le Fana pourrait lui ouvrir les portes de l’Europe, où il pourrait revenir l’an prochain pour un ultime tour de piste.

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