SOMMET DU G7 DANS CHARLEVOIX

Pas d’alcool du Québec pour les chefs d’État

Les chefs d’État qui se sont récemment réunis au Sommet du G7 dans Charlevoix ont goûté des vins de l’Okanagan, de l’Ontario et même un mousseux de la Nouvelle-Écosse. Mais pas un seul vin du Québec ne leur a été servi, révèlent les deux menus publiés cette semaine par le Manoir Richelieu.

Cette situation est inacceptable aux yeux d’Yvan Quirion, président du Conseil des vins du Québec.

« C’est choquant, dit-il. On est toujours obligés de se battre. On dirait qu’il y a un racisme de nos vins. »

Le vigneron Anthony Carone est lui aussi déçu. La famille royale britannique a goûté plus d’une fois ses vins produits à Lanoraie. Son rouge Cabernet Severnyi 2008 a été servi à Kate Middleton et au prince William lors de leur passage à Montréal en 2011. La cuvée 2012 a été servie à la reine d’Angleterre lors de l’ouverture officielle de la Maison du Canada à Londres en 2015. Mais aucun de ses vins n’a été servi aux leaders du G7.

« À une époque où les pays se concentrent sur la production locale et protègent leurs industries, c’est un message direct aux vignerons québécois que le gouvernement actuel n’a aucun soutien pour notre industrie. »

— Anthony Carone, vigneron

Le Manoir Richelieu, qui a accueilli l’événement, se défend d’avoir négligé les produits québécois. Sa directrice des ventes et du marketing, Caroline Ouellette, assure que les ingrédients utilisés pour la conception des repas provenaient en grande majorité de Charlevoix.

La Fromagerie Dufour, à Baie-Saint-Paul, a d’ailleurs fourni du fromage Migneron et de l’agneau pour le Sommet du G7. Madeleine Dufour, de la fromagerie familiale, explique que l’organisation aurait également souhaité acheter ses vins, mais qu’ils n’étaient pas prêts. Au Manoir Richelieu, Caroline Ouellette assure également que les conjoints et les représentants des chefs d’État, les sherpas, ont dégusté des alcools du Québec pendant leur séjour au prestigieux hôtel. On leur a servi le cidre aromatisé à la prune des Vergers Pedneault et le mousseux Blanc de Blancs Brut 2013 du Cep d’Argent. La Seigneurie de Liret à l’île d’Orléans a aussi eu la confirmation que son mousseux avait été dégusté pendant le Sommet par les conjoints des chefs d’État lors d’un repas à l’extérieur du Manoir Richelieu. « On ne peut pas rendre publics tous les menus, résume Mme Ouellette. C’est une question de protocole. Mais il y a eu des produits du Québec. »

La Presse a obtenu une copie d’un menu servi lors du déjeuner de travail des dirigeants le 9 juin. Encore une fois, aucun vin québécois n’y figure.

« C’était le Canada qui accueillait le G7, explique Caroline Ouellette. Oui, c’était dans Charlevoix, oui, c’était au Québec, mais ils ont voulu mettre à l’honneur le Canada. »

Mme Ouellette soutient que différents sommeliers québécois ont été consultés pour la conception des menus. Elle ajoute que plusieurs bières de Charlevoix ainsi que le vin fortifié Fado du Domaine du Ridge étaient offerts au bar de l’établissement tout au long de l’événement.

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