Le Canadien

Le recordman du camp de perfectionnement !

C’est probablement un record : le défenseur Mac Bennett en est cet été à une septième participation au camp de perfectionnement du Canadien ! Et non, il n’en a pas marre de faire mille et un tests et de patiner sur un pied. « Au contraire, je considère ça comme le paradis du hockey en raison des ressources qui sont mises à notre disposition », estime l’arrière de 24 ans, qui avait été le choix de troisième tour du Tricolore en 2009. Malgré le temps qui passe, Bennett ne croit pas que le temps commence à lui manquer. « L’âge moyen des défenseurs dans la LNH est de 27 ou 28 ans, rappelle-t-il. L’important pour moi, c’est de continuer à m’améliorer. » Après quatre saisons à l’Université du Michigan, l’ancien partenaire de Greg Pateryn à la ligne bleue des Wolverines a dû s’ajuster aux rigueurs d’un long calendrier. Il croit qu’il sera maintenant en mesure d’afficher plus de constance et de retrouver ses repères à l’attaque, lui qui a dû se contenter de 4 buts et 12 points en 59 matchs.

Bradley voulait s’éviter une déception

Matthew Bradley doit être bien content d’avoir été choisi par le Canadien au cinquième tour du dernier repêchage, car il avait décidé de ne pas assister au repêchage en Floride afin de se préparer au pire. « Mon agent m’avait prévenu que les joueurs moins bien classés avaient des chances de ne pas être repêchés et il ne recommandait pas de vivre ce genre de déception sur place », a raconté le centre des Tigers de Medicine Hat. Doté d’un bon coup de patin et d’un bon sens du hockey, Bradley a amassé 17 buts et 40 points en 71 rencontres en étant le pivot tantôt le deuxième trio, tantôt le troisième. « Il y a quand même plusieurs joueurs plus âgés qui vont revenir l’an prochain, mais je m’attends à avoir plus de responsabilités. » Bradley, qui est natif de Surrey, en Colombie-Britannique, est un bon ami du petit frère de Brendan Gallagher, Nolan. Il s’est également entraîné pendant trois ans avec le père de ceux-ci, Ian.

Le Canadien

Bozon joue à nouveau à armes égales

Ç’a été une année de remise à niveau pour l’espoir français Tim Bozon, qui est retourné à contrecoeur dans la Ligue de l’Ouest alors qu’il avait la possibilité de faire le passage chez les professionnels l’automne dernier.

« Ça m’a pris une semaine avant d’accepter de retourner dans le junior », a confié Bozon, qui devait prendre les bouchées doubles pour effacer toute trace athlétique de la méningite bactérienne qui a failli lui coûter la vie en mars 2014.

« Finalement, j’y suis retourné avec une bonne attitude. Ça reste du hockey quand même. J’ai travaillé fort avec les entraîneurs hors glace pour rattraper mon retard et avoir du plaisir sur la glace… même si, en tant que joueur de 20 ans, ce n’est pas l’endroit où je voulais être.

« À la fin de la saison, j’ai réalisé que c’était peut-être une bonne chose que j’y sois retourné. »

L’ailier de 21 ans, revenu chétif et affaibli de sa maladie, avait du chemin à faire. On l’avait bien vu au camp d’entraînement du Canadien, en septembre dernier : sa simple présence était admirable, mais dans un environnement hyper compétitif, il devait d’abord rattraper son retard face aux autres avant de penser à se distinguer d’eux.

Si, chemin faisant, les séquelles physiques ont disparu, Bozon a constaté qu’il resterait marqué à vie par ce qui lui est arrivé.

« Ce sera toujours en moi. J’en garde des flashes dans ma tête. C’est à moi de minimaliser tout cela et d’avancer. C’est mon histoire, ça fait partie de ma vie. »

L’ENTRAÎNEMENT HORS GLACE D’ABORD

Avec le Ice de Kootenay, on lui a demandé de veiller sur les nombreux jeunes joueurs qui l’entouraient. Il a rempli un rôle de leader qu’il ne connaissait pas et il s’y est plu.

«  Durant ma maladie, on m’a beaucoup aidé, et j’ai réalisé que c’est en étant ensemble qu’on pouvait avancer, et non en restant seul. Sans dire que j’étais égoïste, c’est sûr que ça m’a changé. »

Le fait d’avoir signé son premier contrat avec le Canadien avant le terrible épisode lui a apporté un sentiment de sécurité qui lui a permis d’aborder la dernière saison avec plus d’abandon.

« Je ne me préoccupais vraiment pas des matchs, avoue-t-il. Que je fasse quatre points ou aucun, je m’en foutais. D’ailleurs, je n’ai pas fait beaucoup de points. Sam Reinhart [l’excellent espoir des Sabres de Buffalo] et moi étions dans le même état d’esprit : on allait au gymnase trois ou quatre fois par semaine, la veille des matchs et même après les parties pour faire notre musculation.

« J’aurais peut-être pu récolter 20 points de plus, mais ma préoccupation était de m’améliorer défensivement. J’ai souvent joué en infériorité numérique, j’ai bloqué des lancers… Je voulais progresser sur les aspects du jeu où il fallait que je m’améliore le plus, en plus de travailler à l’extérieur de la glace. »

« Les mauvaises langues diront que j’ai régressé, que j’ai pris du retard en retournant dans le junior, mais autant l’organisation que moi savons que ce n’est pas vrai. »

— Tim Bozon

LA FRANCE L’A BOUDÉ

Le résultat de tout cet investissement en gymnase est impressionnant. Bozon avait chuté à environ 155 lb après être sorti du coma. Cette semaine, au camp de perfectionnement du Tricolore, il pointe à 207 lb.

« Il n’y a pas de secret, c’est une question de volonté », dit-il en haussant les épaules.

Mais il y a aussi le fait que, depuis plus de sept semaines, il n’a que cela à faire !

Bozon a pris part au dernier match de la saison des Bulldogs de Hamilton, mais ceux-ci n’ont pas participé aux séries éliminatoires de la Ligue américaine. Il croyait ensuite représenter la France au Championnat du monde, mais il n’a pas été retenu au sein de la sélection.

« Je pensais vraiment y aller mais à la dernière minute, j’ai su que je n’y allais pas, a confié Bozon, qui avait représenté la France il y a deux ans. J’étais vraiment déçu. On m’a donné zéro raison. »

Dirait-il que ses relations avec le programme français se sont refroidies à cause de cela ?

« Peut-être qu’eux diront non, mais à cause de la façon dont les choses se sont passées, je pense que oui. Je ne peux pas me permettre de dire que je suis un joueur incontournable dans l’équipe, mais la France n’a pas 25 000 joueurs dans la LNH ou même seulement repêchés.

« C’est dommage, ça manque de professionnalisme. Ils devraient intégrer davantage les jeunes et se préparer en fonction des Jeux olympiques de 2018 et du Championnat du monde qui aura lieu chez nous en 2017. Mais ce n’est pas moi qui contrôle cela. Si le coach me prend, j’y vais, sinon tant pis. »

Visiblement, ce n’est pas tout le monde qui est convaincu que Bozon a retrouvé son niveau d’antan. Mais le jeune homme ne se laisse pas démonter. Il a le Canadien derrière lui, et ça lui suffit amplement.

« Tant pis pour ceux qui pensent que je suis fini. Moi, je sais que je suis encore dans les plans. »

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