Série Jeunes retraités

L’ingénieur du peloton

David Veilleux

Âge : 28 ans

Sport : cyclisme

Travail : ingénieur et chef de marque chez Devinci

Le très grand public a découvert David Veilleux lors d’une saison 2013 marquée par le port du maillot jaune au Critérium du Dauphiné, puis une participation au Tour de France. Mais pour le cycliste, ces deux exploits n’étaient pas le début de l’aventure, mais l’aboutissement de près de 10 années d’efforts. Voilà pourquoi il a choisi de se diriger vers la retraite sportive au terme de cette année-là.

À la surprise de plusieurs… « Je pouvais comprendre que certains gens, qui ne me connaissaient pas avant, m’ont vu arriver et partir [en même temps]. […] Mais en étant sportif de haut niveau comme ça, tu fais énormément de sacrifices au chapitre de l’entraînement, de l’hygiène de vie, de la famille ou de l’école. Pour moi, la retraite, c’est un processus de réflexion qui se faisait toutes les années. Chaque fois, je regardais ce que j’avais accompli au cours de l’année, où j’en étais par rapport à mes objectifs et si je pouvais aller plus loin l’année suivante. »

Le Tour de France, qu’il a effectué sous les couleurs de l’équipe française Europcar, a toujours été un rêve pour l’homme aujourd’hui âgé de 28 ans. Plus jeune, c’est en voyant l’une des étapes du Tour, à la télévision, qu’il a bifurqué du vélo de montagne à la route. En le vivant de l’intérieur et en le terminant sur les mythiques Champs-Élysées, il a, en quelque sorte, bouclé la boucle. Mais même s’il n’avait pas été sélectionné pour le Tour de 2013, les chances auraient été « minimes » qu’il étire sa carrière de quelques saisons.

Car si sa vie a été dominée par le vélo, il n’a jamais perdu de vue ses études en ingénierie mécanique. Sitôt les derniers coups de pédales donnés lors des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, il s’y est replongé à temps plein à l’Université Laval. « Je n’ai pas arrêté en me posant des questions et en ne sachant pas où aller. J’ai toujours continué à aller à l’école même pendant que j’étais professionnel », précise-t-il. 

« Des fois, je ne faisais qu’un cours ou deux [par trimestre], mais c’était un minimum et ça me permettait de rester accroché. »

— David Veilleux

Aujourd’hui, Veilleux est ingénieur en recherche et développement et chef de marque des vélos de route au sein de la compagnie Devinci. Il supervise l’offre de produits, choisit les modèles à développer et les caractéristiques que devraient avoir les vélos. La compagnie de Saguenay peut aussi se targuer d’avoir un testeur idéal qui, malgré la retraite, n’a jamais perdu le plaisir de rouler. « Je suis content d’avoir arrêté à un moment où j’aimais encore le vélo. J’ai arrêté avant de m’écœurer parce que, parfois, tu vois des athlètes qui étirent leur carrière et qui ne veulent ensuite plus rien savoir de leur sport. Je suis encore dans le métier, j’adore les compétitions, je suis les coureurs québécois et je reste très informé. »

S’il est heureux de la tournure des événements, celui qui donne aussi des conférences axées sur la motivation a parfois des fourmis dans les jambes en repensant à son ancienne vie sur les routes. « Ce qui me manque, des fois, c’est l’intensité de la compétition, le feeling d’être dans un peloton, de me bagarrer pour la victoire ou d’avoir la satisfaction de me dépasser. Mais je n’ai pas tant [de nostalgie] que ça. Je suis très content parce que je n’ai pas de regrets au niveau de ce que j’ai fait ou de la décision que j’ai prise. »

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