Chronique

Survivre à la téléréalité (et à Pamela)

Il y a du solide et du mou dans la nouvelle minisérie Sur-Vie de la chaîne spécialisée Séries+, qui fouille dans les coulisses pas très propres d’une téléréalité de type cupidon.

Le meilleur ? Les personnages croches, manipulateurs, accros à la célébrité et dopés au pouvoir. Du bonbon à jouer pour les acteurs, dont Luc Picard, Mariloup Wolfe et Monia Chokri. Le moins bon ? Le scénario qui manque de croustillant et d’éléments juteux dans les deux premiers épisodes (sur un total de six). Comme si la production avait appuyé sur le frein au lieu d’enfoncer l’accélérateur.

Pourtant, Sur-Vie regorge de potentiel pour ressembler à une émission follement amusante et grinçante à la UnREAL. L’approche privilégiée par l’auteure Martine D’Anjou se colle plus au « conte noir », très cynique, très désabusé. La réalisation d’Yves-Christian Fournier (Blue Moon) appuie cette idée que tous les personnages de Sur-Vie habitent un univers sombre et gris à la House of Cards.

C’est bien. Ç’aurait pu être meilleur sans quelques répliques trop appuyées disant essentiellement que n’importe qui voudrait vendre son âme en échange de son moment de gloire à la télévision. Ça sonne cliché, mettons.

Le premier épisode de Sur-Vie, que Séries+ relaiera le jeudi 6 avril à 22 h, s’ouvre avec les déboires professionnels de la populaire actrice québécoise Frédérique Boileau (Mariloup Wolfe), qui tente désespérément de percer à Hollywood depuis trois ans. Rien ne fonctionne pour la belle et blonde Fred, qui rentre au Québec endettée jusqu’aux oreilles et coupée de tous ses contacts professionnels.

Pour se sortir du trou, Frédérique accepte de participer à la téléréalité Sur-Vie, que produit son copain Maxime (Sébastien Huberdeau) pour le Canal K. Pour Fred, c’est l’unique moyen de raviver sa carrière flétrie et de sauver son couple à la dérive.

C’est ici que ça devient piquant avec l’entrée en scène de l’influent producteur Charles Grisé (Luc Picard), qui tire toutes les ficelles à l’intérieur du somptueux manoir où fricotent les concurrents. Il embauche une scénariste (Anne-Marie Cadieux) pour structurer l’histoire et confie les tâches ingrates à sa productrice déléguée (Monia Chokri), une femme glaciale qui hérite des lignes les plus acides de la série.

C’est la star internationale Raquel Rose (Pamela Anderson) qui anime Sur-Vie, un coup fumant de la production pour faire parler de l’émission. Remarquez ici l’effet miroir sur la réalité. 

Entre vous et moi, Pamela Anderson est une très mauvaise actrice et donne exactement ce que l’on attend d’elle : des répliques susurrées sans âme ni émotion. Elle s’exprime en anglais avec des sous-titres.

Par contre, les comédiens embauchés pour incarner les candidats de Sur-Vie – mise en abyme ici – sont excellents, dont Catherine St-Laurent (la danseuse nue) et Mylène St-Sauveur (la star du porno). Comme dans toute téléréalité qui se respecte, le casting a été assemblé pour provoquer des conflits. Mais une fois que cette grosse machine décolle, elle devient impossible à contrôler pour le réalisateur (Robin-Joël Cool).

Le récit se pimente au milieu du deuxième épisode, alors que de la cocaïne circule sur le plateau et qu’un groupuscule de participants fomente une révolte. Ça, c’est accrocheur. Tout comme les internautes qui vomissent sur les concurrents sur Twitter ou Facebook.

On entend souvent le producteur (Luc Picard) dire qu’il faut donner au public de Sur-Vie ce qu’il veut voir. En tant que membre du public de Sur-Vie, deuxième alerte à la mise en abyme ici, j’aurais aimé voir plus d’éléments sulfureux et moins de la relation complexe entre Fred (Mariloup Wolfe) et sa maman (Carole Laure). Cette intrigue gruge trop de temps d’antenne. Ce qui captive, c’est tout ce qui grouille dans l’envers du décor.

Produit par Fabienne Larouche et Michel Trudeau, Sur-Vie n’est pas une critique virulente ou une dénonciation de la téléréalité. Il s’agit plutôt d’une observation lucide et sarcastique sur le phénomène. L’émission se moque d’elle-même à plusieurs reprises avec beaucoup d’autodérision. Vous verrez que même les journalistes ont leur rôle à jouer dans ce grand cirque cathodique.

Occupation double à Bali

Parlant de téléréalité, Julie Snyder a révélé hier soir, lors de sa toute première visite à En mode Salvail, que les célibataires d’Occupation double s’installeront à Bali cet automne.

L’animateur ou l’animatrice n’a pas encore été choisi. Chose certaine, ce ne sera ni Maripier Morin, ni Marie Mai, ni Kim Rusk. En entrevue avec Éric Salvail, la démone a parlé de la fin du Banquier, de ses futurs projets à Radio-Canada et de l’empire Éricor. Un très bon moment de télé.

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