soccer

L’Impact lance sa saison à domicile aujourd’hui, au Stade olympique, contre ses éternels rivaux torontois. Tour d’horizon.

Rémi Garde

« Beaucoup de signaux clignotent au vert »

Rémi Garde l’avoue, il n’a guère eu le temps de visiter Montréal depuis sa nomination à la barre de l’Impact en octobre dernier. Entre la constitution de son personnel d’entraîneurs, le recrutement, le camp d’entraînement et les matchs qui s’enchaînent désormais, son hiver a été particulièrement chargé. En entrevue, quelques jours avant son baptême du feu en sol montréalais, l’entraîneur français fait le point sur ses derniers mois et détaille sa philosophie.

Au-delà des résultats, quels enseignements collectifs tirez-vous des deux premiers matchs ?

Malgré les résultats défavorables, le constat est encourageant. Le groupe, qui a été largement renouvelé au cours de l’intersaison, se découvre et découvre aussi un nouveau staff. Le groupe a très bien travaillé depuis deux mois et je le sens très à l’écoute et avec une envie de progresser. Le groupe vit bien ensemble et beaucoup de signaux clignotent au vert, sauf les résultats. Et comme c’est le plus important dans le football, on ne peut pas dire que tout va bien ; loin de là.

L’une des missions de l’hiver était de rajeunir l’effectif, ce qui comporte des avantages, mais aussi des inconvénients. Travaille-t-on différemment lorsqu’on mène un tel effectif ?

Dans la feuille de route reçue, il y avait effectivement la volonté du club de rajeunir l’équipe qui était deuxième parmi les plus âgées de la MLS en 2017. C’est ce qui s’est passé, mais le groupe n’est pas complet non plus parce qu’on n’a pas pu faire aussi rapidement tout ce qu’on espérait faire. Jusqu’à présent, il y a des jeunes qui découvraient la MLS et un environnement nouveau. Avec eux, il faut avoir un petit peu de patience, mais ils doivent aussi grandir très vite parce que les résultats à court terme aident à valider le travail que vous proposez.

Dans un texte récemment publié dans L’Équipe magazine, Joey Saputo a indiqué que, « au mercato, [l’Impact avait] peut-être un peu sous-estimé [ses] besoins ». Partagez-vous son opinion ?

Ce n’est pas l’effectif qui a été sous-estimé. On sait ce qu’il faut faire, mais on n’a pas pu le faire tout de suite. C’est plutôt ça, l’exactitude. On a conscience, moi le premier et le club aussi, qu’il faut renforcer ce groupe qui avait été largement modifié avec le départ de plusieurs joueurs emblématiques, ainsi qu’à travers plusieurs mouvements. Maintenant, recruter un joueur dont on n’est pas sûrs ou par défaut, ce n’est pas mon style. On arrive à une période où j’espère que le recrutement va pouvoir avancer un peu.

Plus tôt cet hiver, vous avez déclaré que le “football moderne, c’est de la vitesse. Dans les jambes, mais aussi dans le cerveau”. Ç’a été la ligne directrice du mercato ?

C’est vrai que j’aime avoir une équipe qui joue un football collectif. Ça veut dire qu’on est connectés, qu’on sait ce qu’on essaie de faire tous ensemble pour mettre en difficulté l’adversaire. Il faut un minimum d’intelligence [de jeu], mais j’aime aussi les joueurs rapides physiquement et en termes d’exécution. Mais, comme je dis souvent à mes joueurs, une équipe est un puzzle, un assemblage. On ne peut pas tous avoir les mêmes qualités et être tous rapides, techniques et intelligents. Certains doivent être plus forts, d’autres plus endurants ou rapides. Il faut savoir composer une équipe complète.

Le début de saison est atypique avec cinq des six premiers matchs à l’extérieur, ce qui n’arrive jamais en Europe. En quoi cela a-t-il un impact sur votre semaine de travail ?

Ça conditionne un certain nombre de choses. Le dosage à l’entraînement peut être différent si on fait cinq heures d’avion plutôt que de jouer à la maison. Tous les éléments qui sont un peu nouveaux pour moi sont à prendre en compte, mais je m’appuie aussi sur l’expérience d’un club qui a quelques années de MLS derrière lui. Évidemment, on cherche toujours à s’améliorer. Par exemple, on a fait appel à un spécialiste du sommeil et de la récupération pour voir si certains détails peuvent être apportés afin de progresser dans ce domaine.

Aviez-vous certains préjugés sur la MLS avant de l’étudier de près au cours des derniers mois ?

J’avais comme préjugé que le jeu était un peu moins collectif et peut-être plus direct. Mais une équipe comme Columbus, que l’on vient d’affronter, possède un collectif très intéressant et bien rodé. On sent une entité et une philosophie de jeu qui est bien présente. En fait, ce n’était pas un préjugé parce que je n’étais pas certain de me dire : “Tous les dimanches, je vais trouver du kick and rush.”

Lors de l’assemblée des membres, vous avez cité Arsène Wenger comme inspiration. Est-ce sur le plan tactique, sur le plan du management ?

D’un point de vue tactique, il aime que ses équipes jouent vers l’avant tout en prenant du plaisir à le jouer. Jouer vers l’avant, prendre du plaisir, c’est évidemment plus facile à Barcelone ou Arsenal. Il faut toujours avoir une petite dose de pragmatisme, mais il m’a influencé en ça. Ce n’est pas le seul. Gilbert Gress, que j’ai connu à Strasbourg, était un très bon entraîneur. Daniel Jeandupeux était aussi un adepte du jeu-divertissement. Le plaisir vient parce qu’on crée des choses. On résout les problèmes de l’adversaire, certes, mais l’idée est de lui en créer davantage. Finalement, avec Raymond Domenech, à Lyon, on est montés en Ligue 1 parce qu’on avait une équipe jeune et joueuse.

Vous avez bâti un personnel d’entraîneurs que vous connaissez bien et qui possède une vaste expérience. J’ai trouvé que vous déléguiez beaucoup pendant les entraînements.

J’aime savoir tout ce qui se passe, mais j’aime aussi déléguer. Quand vous avez des gens compétents autour de vous, il faut savoir se servir de ces compétences. J’ai moi-même été longtemps l’adjoint de Paul Le Guen et de Gérard Houllier. Lorsqu’on est dans ce rôle-là, j’ai vu que, si on n’avait pas quelques responsabilités, on pouvait vite se lasser. L’énergie dans le staff n’était pas tout le temps positive à ce moment-là. J’ai tiré mes conclusions et ça correspond à ma manière. Mais je ne suis pas forcément, ici, dans une période où je délègue tant que ça. Le métier est tellement prenant qu’on ne peut plus le faire comme avant.

Sur une note plus personnelle, avez-vous pu découvrir autre chose que le Centre Nutrilait et le Stade olympique depuis votre arrivée ?

Pour être sincère, pas vraiment. Mes journées sont bien remplies, mais c’est le métier d’entraîneur et je l’accepte volontiers. Je suis dans mon élément quand je travaille comme ça. Mais, depuis que je suis là, il m’est quand même arrivé de couper un jour ou deux et j’ai eu la chance de prendre le pouls de la ville. C’est une ville très agréable.

Soccer

L’Impact doit s’améliorer à domicile

L’Impact a changé cet hiver. Il ne possède plus les mêmes contours sur le terrain ou parmi le personnel d’entraîneurs et ne traîne pas les mêmes complexes. Parmi les lacunes à éliminer, dès cet après-midi contre le Toronto FC (15 h), il y a cette vilaine tendance à laisser échapper trop de points à domicile.

5

L’Impact reste sur cinq défaites consécutives à domicile. Sa dernière victoire remonte au… 19 août, face au Real Salt Lake. « On est tous d’accord que 2017 a été une année difficile, a commencé Víctor Cabrera. Par contre, il y a une nouvelle mentalité avec les nouveaux entraîneurs. Je crois que l’équipe est un petit peu plus sérieuse. Il faut s’adapter aux nouveaux joueurs dans l’équipe, mais je sens qu’on est plus concentrés cette année. »

Une tendance à briser

On l’a vu, l’Impact n’a pas brillé par sa maîtrise à domicile lors de la deuxième moitié de saison. C’est même une tendance lourde dans les deux dernières saisons alors que l’Impact se retrouve parmi les plus mauvais élèves avec l’une des défenses les plus perméables.

2016 : 7v-5n-5d, 26 points, 31 buts marqués, 29 buts encaissés, 15e rang sur 20

2017 : 8v-1n-8d, 25 points, 30 buts marqués, 25 buts encaissés, 19e rang sur 22

Bon parcours obligatoire

Il est extrêmement difficile pour une équipe de jouer au mois de novembre sans un bon parcours à domicile. L’an dernier, les équipes de l’Association de l’Est ayant participé aux séries ont, en moyenne, engrangé 37,1 points à domicile. La palme de l’efficacité revient au Toronto FC avec 42 points. Dans l’Ouest, les six premières équipes ont remporté 36,3 points dans leur domicile. Dans les deux associations confondues, les Red Bulls de New York ont été les moins efficaces à domicile avec 33 points remportés au Red Bull Arena.

53 %

Dans les trois dernières saisons, Nacho Piatti a inscrit 23 buts à domicile, soit 53 % de sa récolte totale. Il n’a cependant plus marqué à Montréal depuis le 27 août.

3-3-0

L’Impact ne s’est encore jamais incliné lors de son match d’ouverture au Stade olympique. En 2013, il s’est notamment imposé 2 à 1 face au rival ontarien.

Une première pour Piette

Arrivé au cours du dernier été, Samuel Piette vivra sa première expérience au Stade olympique avec l’Impact. Le Repentignois n’a guère besoin de chercher bien loin pour trouver de la motivation. « J’ai très hâte de voir l’ambiance et la foule. On n’est pas au stade Saputo, alors il y aura plus de gens. Je suis très excité. En plus, c’est un match contre Toronto, on ne peut pas avoir un meilleur adversaire pour entamer la saison ici. »

Avantage Toronto

En 2015, l’Impact avait remporté ses trois matchs à domicile face à Toronto, dont un match de barrage maîtrisé de A à Z (3 à 0). Depuis, les Reds sont parvenus à renverser la tendance. En six rendez-vous au stade Saputo ou au Stade olympique, l’Impact a ainsi remporté un match et en a perdu deux contre le TFC. Cet historique est donc complété par trois matchs nuls.

Des changements ?

L’entraîneur-chef Rémi Garde n’a pas donné beaucoup d’indices sur son onze partant et, surtout, sur la possibilité d’y apporter des changements. Commençons par la défense centrale, où l’on attend les débuts de Rod Fanni à la place de Jukka Raitala. Sera-t-il enfin prêt même si la surface synthétique n’a pas aidé à son retour vers un rythme nécessaire ? Au moins, Cabrera et lui ont pu se découvrir un peu. « J’apprends à jouer avec lui parce qu’il n’y a pas beaucoup de défenseurs centraux. On a essayé de bien communiquer toute la semaine », a mentionné Cabrera. Surveillons aussi le côté droit où Garde serait peut-être tenté d’aligner Chris Duvall à la place de Michael Petrasso.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.