Sûreté du Québec

ÉVOLUTION D’UN UNIFORME

1938

L’ancienne Police provinciale devient la Sûreté provinciale, au sein de laquelle la Police judiciaire (en civil), la Police de la route (uniforme kaki), la Gendarmerie (uniforme bleu) et la Police des liqueurs (uniforme gris) sont habillées différemment.

1962

Les anciennes branches de la Sûreté provinciale sont abolies et remplacées par des escouades au sein d’un organisme centralisé. Un uniforme unique est créé. Pour marquer la rupture avec l’ancien temps, il est d’une nouvelle couleur, vert olive. Les véhicules sont repeints en vert et jaune.

1968

Le gouvernement unioniste de Daniel Johnson père change le nom de l’organisme pour Sûreté du Québec. Les écussons, insignes et véhicules sont modifiés en conséquence.

1987

Après 25 ans, la direction décide de moderniser l’uniforme des policiers, mais en conservant la couleur verte caractéristique. Le designer Simon Chang conçoit les nouveaux vêtements.

2004

L’uniforme de travail de tous les jours demeure le même, mais un nouvel uniforme d’apparat, pour les événements plus formels, est conçu par le couturier Frank Napoli de la Maison Cooper de Montréal.

— Vincent Larouche, La Presse

ACTUALITÉS

De nouvelles couleurs pour la SQ

Élément distinctif du paysage québécois depuis 54 ans, le vert olive des uniformes et véhicules de la Sûreté du Québec (SQ) disparaîtra bientôt du décor. La Presse a appris que le corps policier abandonnera sa couleur emblématique pour revêtir de nouveaux habits aux teintes jugées plus modernes.

Selon nos sources, la couleur présentement favorisée serait le noir ou un bleu marine très foncé. Des patrons de couture seraient déjà prêts, mais pour le moment, ils sont gardés jalousement par la haute direction.

UNE « MARQUE DE COMMERCE »

Depuis sa nomination en octobre 2014, le directeur général de la SQ, Martin Prud’homme, parle ouvertement du besoin de donner un coup de jeune à l’image de l’organisme, notamment en délaissant son vert olive caractéristique, qu’il juge plutôt ingrat.

Cela fera 30 ans l’an prochain que la SQ a mené la dernière grande refonte des uniformes de travail. À cette occasion, le couturier montréalais de renommée internationale Simon Chang s’était livré à une étude approfondie avant de dessiner des vêtements qui se voulaient de leur temps.

Mais ses directives étaient claires : pas question de toucher au vert olive, adopté 25 ans plus tôt lors de la grande réorganisation de ce qu’on appelait encore la Sûreté provinciale, afin de marquer la rupture avec « l’ancienne police » d’avant les années 60.

« Le vert olive nous distingue. Il est fonctionnel, facile d’entretien et beau lorsqu’il est bien porté. »

— Jacques Beaudoin, ancien directeur général de la SQ, cité dans La Presse du 4 février 1987

Le grand patron du corps policier ajoutait que cette couleur était devenue la « marque de commerce » de la SQ.

DES COÛTS À PRENDRE EN COMPTE

Une annonce officielle doit avoir lieu sous peu pour dévoiler les nouvelles couleurs et les échéanciers de remplacement des uniformes et véhicules. Un uniforme de patrouilleur coûte au bas mot 300 $ et le corps policier est en période de restrictions budgétaires. Déjà, sur Facebook, des policiers commentent les rumeurs sur les uniformes et certains évoquent le coût potentiel d’un changement.

Après 1987, l’adoption des nouveaux uniformes s’était faite à coût nul, car ils avaient été introduits progressivement à mesure que des agents remplaçaient les pièces défraîchies. En revanche, lorsque la couleur verte avait été introduite d’un coup en 1962, des dépenses importantes avaient été nécessaires.

Joint par La Presse hier, l’ancien directeur général Serge Barbeau a toutefois souligné que le fait d’avoir une couleur très distinctive entraînait en soi des frais supplémentaires à l’époque où il était cadre de l’organisation.

« Pour confectionner les uniformes de la Sûreté, ç’a toujours été complexe et assez onéreux. Nous n’avions pas une couleur si populaire, si bien qu’il fallait nous-mêmes fournir le tissu aux confectionneurs qui n’étaient pas capables d’avoir la couleur exacte. Il fallait vraiment que ce soit la bonne teinte : je me souviens qu’on a déjà refusé des ballots complets, car ce n’était pas la bonne », se souvient-il.

Chose certaine, un changement d’uniforme fait toujours beaucoup jaser, tant chez les policiers actifs que chez les retraités, dit-il. « C’est une organisation fière et la couleur de l’uniforme, ça fait partie de notre héritage, de notre vécu. C’est sûr qu’il y a un attachement. »

— Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse

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