BIEN-ÊTRE PSYCHOLOGIQUE

QUE SAVONS-NOUS DE LA SANTÉ MENTALE ?

Au Québec, une personne sur quatre vivra un problème de santé mentale au moins une fois au cours de sa vie. Mais à quoi réfère-t-on exactement lorsqu’il est question de santé mentale ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé mentale comme étant un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. « La santé mentale est en quelque sorte le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté. La santé mentale est donc un concept beaucoup plus large et différent de ce qu’en langage populaire on entend par maladie mentale ou troubles mentaux », précise Claude Leblond, travailleur social et président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ).

LES CONDITIONS DE VIE :  UN FACTEUR IMPORTANT

On sait aujourd’hui que plusieurs facteurs influencent la santé mentale d’une personne. Parmi ceux-ci, on trouve les conditions de vie. Il existe en effet un grand nombre de situations, d’événements ou de bouleversements qui peuvent perturber la vie d’une personne et fragiliser sa santé mentale. Il peut s’agir d’une perte (d’un être cher, d’un emploi, etc.), d’un échec (relationnel ou professionnel, par exemple), d’un accident, d’une maladie physique, de l’isolement, d’un manque de soutien, d’un milieu de vie difficile, etc. « Ces conditions de vie difficiles peuvent conduire à un stress intense qui finit par affaiblir avec le temps, la capacité d’une personne à fonctionner de façon optimale », soutient M. Leblond. C’est pourquoi le courant alternatif en santé mentale, porté par les organismes communautaires et de défense des droits en santé mentale, se montre critique face à la tendance lourde observée au Québec voulant que les problèmes de santé mentale soient surtout abordés selon une approche médicale plutôt que sous l’angle des personnes elles-mêmes, de leurs situations personnelles et de leurs conditions de vie. « En d’autres mots, on fait trop souvent abstraction du fait que vivre une problématique de santé mentale découle, dans bien des cas, de la difficulté de faire face à des situations de vie ou des problèmes relationnels, qui se manifestent par un mal-être plus ou moins grave et empêchent la personne de fonctionner normalement », explique M. Leblond.

L’APPROCHE MÉDICALE, UNE PARMI TANT D’AUTRES

Sans sous-estimer la nécessité de l’approche médicale qui s’avère utile, M. Leblond est catégorique : « Des problématiques variées nécessitent des approches tout aussi variées. Ce qui convient à une personne ne peut convenir à tout le monde ». Devant les difficultés de vie, on peut consulter différents intervenants ou professionnels pour s’aider à y faire face. Par exemple, des organismes communautaires offrent différents services : maisons des familles, centres de crise et de prévention du suicide, organismes en santé mentale, etc. Les établissements du réseau de la santé et des services sociaux offrent également des services d’accueil psychosocial, des équipes en santé mentale, des services aux enfants, aux jeunes, aux adultes et aux familles en difficulté, ainsi qu’aux personnes âgées, dans le cadre de différents programmes. Ces services sont offerts par plusieurs professionnels tels que des infirmières, des travailleurs sociaux, des psychologues et des médecins qui travaillent en interdisciplinarité auprès de la personne ou de sa famille. Lorsqu’une situation se détériore, elle peut requérir l’intervention d’équipes de psychiatrie constituées de plusieurs professionnels, dont des travailleurs sociaux, qui travaillent en collaboration avec les psychiatres pour soutenir et aider la personne et sa famille à résoudre ses difficultés. La psychothérapie peut également être requise ou aidante dans certaines situations et pour certaines personnes.

LES TRAVAILLEURS SOCIAUX :  DES INTERVENANTS CLÉS

Comme les conditions de vie influencent significativement la santé mentale d’une personne, les travailleurs sociaux peuvent jouer un rôle de premier plan dans le traitement des troubles de santé mentale. Ceux-ci sont présents dans les organismes communautaires et les différents programmes des établissements du réseau de la santé et des services sociaux. On les trouve aussi en pratique autonome ou dans les programmes d’aide aux employés. Les travailleurs sociaux offrent entre autres des services de consultation individuelle, de couple ou familiale afin d’aider les personnes à résoudre leurs difficultés en s’appuyant sur leurs forces, leurs ressources personnelles et celles de leur milieu de vie. Ils les accompagnent dans la défense de leurs droits et leur offrent une perspective d’intervention critique des aspects sociaux impliqués dans leurs difficultés tout en les aidant à retrouver leur pouvoir d’agir, à améliorer leur situation et à vivre selon leurs aspirations tout en favorisant un mieux-être et une plus grande qualité de vie. « Il importe également de savoir que plusieurs travailleurs sociaux et la majorité des thérapeutes conjugaux et familiaux détiennent un permis de pratique de psychothérapie », ajoute M. Leblond.

BON À SAVOIR

Dans les communautés, des organismes travaillent davantage dans une perspective collective et en concertation à mettre sur pied et à offrir des ressources telles que du logement social ou des activités favorisant l’inclusion sociale ou telle que du soutien communautaire auprès des personnes ; d’autres réalisent des projets pour améliorer le transport, la sécurité alimentaire, créer des réseaux d’entraide, favoriser l’inclusion sociale, lutter contre la pauvreté, défendre les droits des personnes dans différents secteurs (logement, consommateurs, aide sociale, santé mentale, personnes âgées, etc.). Parmi ces professionnels, on trouve aussi des travailleurs sociaux, très actifs, ayant à cœur la promotion d’une plus grande justice sociale et la réduction des inégalités sociales et économiques.

LE SAVIEZ-VOUS ?

L’OTSTCFQ regroupe plus de 12 500 travailleurs sociaux, lesquels œuvrent principalement dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais également au sein d’organismes communautaires ou en pratique autonome. Ils interviennent souvent auprès des personnes et des communautés les plus vulnérables de la société en agissant notamment sur les déterminants sociaux de la santé.

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