Courrier

Voici quelques réactions au texte du DDavid Lussier sur l’aide médicale à mourir « Faire le bien », publié mardi dernier.

Partir avec le sourire

Pour avoir assisté au décès volontaire de ma petite sœur de 50 ans, je dis bravo à cette possibilité que nous avons de choisir le moment !

Notre cadette était atteinte de cancer du poumon et du cerveau. Incurable ! Elle a choisi la date de son départ avant de devenir incapable de le faire. Elle a supporté la souffrance jusqu’à ne plus pouvoir tenir, avec le sourire et sa bonne humeur légendaire.

Nous étions 15 personnes autour d’elle à boire un verre de champagne (c’était son souhait) quand elle a dit en se levant : « OK, on y va ! » Elle était encore très fonctionnelle, elle marchait et si vous l’aviez rencontrée dans la rue, rien ne paraissait. Une fois dans sa chambre des soins palliatifs, elle a serré chaque personne dans ses bras, elle s’est couchée, maman lui a tenu la main et elle s’est endormie avec un beau sourire dans un espace rempli d’amour et des gens qu’elle aime.

C’est extrêmement important de permettre cela ! Et il faudrait même élargir la loi, car elle est encore trop restrictive au Québec. Ma sœur est décédée en Belgique.

— Annick Van Campenhout

Merci de votre compassion, Dr Lussier

Comme votre histoire me fait du bien. Mon père et ma mère sont morts au bout de leurs forces.

Personne ne doit mourir de cette façon. Nous avons plus de compassion pour les vies animales que pour les humains.

J’espère que quelqu’un comme vous croisera ma route à la fin de mon parcours.

— Marie Lépine

Le bien-être du patient avant tout

Pourquoi prolonger la vie et, surtout, la souffrance lorsque la personne est au bout du rouleau? Ma mère ne pouvait plus respirer normalement, elle n’arrivait plus à se déplacer, et elle était extrêmement anxieuse à l’idée qu’on la découvre morte dans des conditions, pour elle, inacceptables. Pourtant, malgré deux demandes successives, le droit à mourir lui a été refusé sous prétexte qu’elle avait possiblement plus de trois mois à vivre. Elle est morte 14 jours après sa seconde demande, en se privant de nourriture et en faisant appel à des soins « de confort ». C’est inhumain ! 

Ce qui est le plus frustrant, c’est que le refus semblait provenir d’un médecin d’au plus 30 ans, sans aucune expérience de vie et, surtout, sans empathie. Si d’autres médecins ont été consultés dans le processus, ils ne se sont basés que sur un dossier, sans plus. 

J’espère qu’un jour, il y aura des médecins vraiment formés pour ce type de décision, qui tiendront compte davantage du bien-être du patient plutôt que de la peur d’être poursuivis par la famille. Peu de gens demandent le droit à mourir. C’est généralement très sérieux et très réfléchi.

Je suis d’accord avec le DLussier ! Si tous les médecins pouvaient comprendre et être comme lui.

— Linda Campeau

L’ultime droit

Âgée de 66 ans, je pense et réfléchis bien souvent à ce moment de la fin de vie, qui approche plus vite que je ne le voudrais.

Je suis de cette génération qui a vu l’avènement de tant de droits, à commencer par celui des ados, qui nous lançaient : « J’ai des droits.» Le droit de mourir dans la dignité est l’ultime droit. Je suis fière que nos politiciens aient réussi à faire ce grand pas en avant et à adopter ces lois (provinciale et fédérale), même si elles sont encore imparfaites.

Je me sens plus sereine face à mon « devenir » maintenant que je sais que mes choix seront respectés. Merci au DLussier et à tous ceux qui, comme lui, ont suffisamment de respect et d’empathie pour accepter d’accompagner ces personnes dans leur dernier choix, dans leur dernière étape.

— Hélène Tremblay, Verdun

Mourir en paix

L’idée de mourir demeurera pour les humains un moment d’une peur très grande. Cependant, l’avenir me semble plutôt relaxant à la pensée que je pourrai, le moment venu, oublier toutes ces souffrances physiques et morales, et quitter ce monde en paix plutôt qu’en souffrance…

— Michel Casaubon, Longueuil

Un grand merci 

Ma mère est décédée le 1er juin dernier. Elle demandait à mourir depuis belle lurette et se sentait prête. Elle avait 90 ans et était à bout de force. Sans maladie diagnostiquée, elle n’avait pas droit à l’aide médicale à mourir.

Sentant sa fin naturelle approcher, nous avons demandé à son médecin de famille d’avoir accès, par le biais du CLSC, aux soins de fin de vie. Devant l’insistance de toutes les personnes présentes (ma mère, ma sœur et sa conjointe, l’infirmière de la résidence – une amie de longue date de maman et moi), le médecin a finalement accepté de signer pour les soins de fin de vie. Il a prescrit à maman de la morphine liquide à prendre par la bouche… elle qui peinait à avaler.

L’infirmière de la résidence, très dévouée, nous a dit que le médecin avait signé pour les soins, mais qu’il ne voulait pas être dérangé ! Heureusement, un ami médecin a accepté très professionnellement d’assurer le suivi, et avec l’aide du CLSC, il a été possible de soulager efficacement la détresse respiratoire et les douleurs de maman.

C’est entourée d’amour qu’elle est décédée paisiblement.

Merci infiniment à l’infirmière de la résidence et à celle du CLSC, ainsi qu’à mon ami médecin. Sans eux, maman serait morte dans la douleur et l’anxiété. Elle a pu quitter la vie sereinement.

Merci à tous les médecins qui comprennent que la vie à une fin, et qu’il est humain de vouloir partir sans souffrance et dans la paix.

— Nathalie Ferron

Les mille deuils de la vie

Ce qu’il y a de pire dans les maladies dégénératives, c’est qu’elles n’en finissent plus de finir. D’année en année, on ne peut que constater la perte de capacité, l’évanescence de notre force physique. Tout devient épuisant. Le risque de chute augmente alors que la faculté de se relever, elle, disparaît. La retraite dans la nature, à faire du trekking, de l’horticulture et des voyages est désormais impossible. Il y a mille deuils à faire. Il vient un moment où la mort est le seul remède à nos souffrances et à nos frustrations. Je n’y suis pas encore, mais, par expérience, je comprends très bien ceux qui sont rendus là.

— Michel Favreault

La bonne façon de faire

Le DLussier décrit exactement la bonne façon de donner l’aide médicale à mourir. Malheureusement, il y a encore trop de médecins qui ne se sentent pas aptes ou prêts à soulager des patients qui pourraient bénéficier de cette aide tout en étant entourés de leurs proches.

— Jean-Marie Dumesnil

Un peu de réconfort

Votre message me donne les larmes aux yeux. Ma mère a malheureusement été une de celles trouvées sur le plancher un peu trop tard. Merci d’être là, David Lussier. Votre présence m’apporte un réconfort.

— Richard Guay, Québec

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