Entrepreneuriat collectif

La nouvelle vague

Nancy Neamtan est « la » référence dans le milieu. Pendant 20 ans, elle a dirigé le Chantier de l’économie sociale. Elle a connu des modes. Elle a vécu des cycles. Devenue conseillère stratégique de l’organisme, elle nous présente la nouvelle génération d’entrepreneurs collectifs. Explications en trois points.

ENTREPRENEURS 

Bien sûr, la création de coopératives et d’organismes à but non lucratif (OBNL) n’est pas nouvelle. Mais Mme Neamtan constate une évolution dans le vocable. 

« Le terme “entrepreneur collectif” prend de plus en plus de place, dit-elle. La nouvelle génération l’utilise. » 

Les jeunes sont conscients qu’ils doivent se prendre en main pour développer des projets. « Ils voient que le contrat social est ébranlé et ils savent qu’ils ne peuvent plus s’en remettre aux gouvernements, ajoute-t-elle. Ils trouvent eux-mêmes les solutions. » 

Cette situation les incite à améliorer leurs aptitudes entrepreneuriales.

COLLECTIVITÉ

L’économie sociale a la cote auprès des jeunes. « Ils vivent avec engouement l’époque de globalisation, dit Mme Neamtan. Ce sont des citoyens solidaires et engagés pour les causes sociales. » 

Beaucoup souhaitent en arriver à des modèles plus inclusifs. Ils aspirent à une véritable économie du partage. « Pas à des entreprises de type Uber, qui utilisent ce terme de façon éhontée », dit-elle. 

La finalité des coops et des OBNL n’est pas le rendement des actionnaires. « Le rendement de la collectivité a la primauté sur le capital », explique la conseillère.

VALEURS 

Le but des entreprises d’économie sociale est d’améliorer la vie des citoyens. Elles visent à le faire du point de vue économique, social, culturel et environnemental. 

« Il est possible d’avoir une autre logique économique, dit Mme Neamtan. Il suffit de centrer l’économie sur le bien-être des humains et de la planète. » 

Au fil des décennies, le mouvement a évolué. Dans les années 80, on parlait de « groupes communautaires ». Puis, au milieu des années 90, « d’économie sociale ». « Mais les valeurs sont restées les mêmes : entraide, solidarité, partage. »

Qu’est-ce qu’une entreprise d’économie sociale ?

Type de propriété Propriété collective, détenue par ses membres

Statuts juridiques

Coopérative, mutuelle, organisme à but non lucratif (OBNL)

Mission

Obligation d’une finalité sociale qui n’est pas centrée sur le profit pécuniaire, mais sur le service aux membres ou à la collectivité

Gouvernance

Obligation d’une gouvernance démocratique par les membres (1 membre = 1 vote)

Surplus

Distribution des surplus interdite ou limitée – réinvestissement des surplus dans la mission

Conditions en cas de vente

Obligation qu’en cas de dissolution, le reliquat des biens soit dévolu à une autre entreprise collective partageant des objectifs semblables

Nombre d’entreprises au Québec

7000 entreprises pour 150 000 emplois, un poids équivalant à 10 % du PIB pour plus de 35 milliards

Source : Chantier de l’économie sociale

Chantier de l’économie sociale

Les grandes étapes

MARS 1996 Création du groupe de travail sur l’économie sociale à la conférence préparatoire au Sommet

Octobre 1996 Sommet de l’économie et de l’emploi : dépôt du rapport Osons la solidarité par le groupe de travail sur l’économie sociale

1997 Création du Réseau d’investissement social du Québec (10 millions) et création du Comité sectoriel de main-d’œuvre en économie sociale et action communautaire

1999 Assemblée de fondation du Chantier de l’économie sociale comme structure permanente

2000 Création de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale

2007 Création de la Fiducie du Chantier de l’économie sociale (52,8 millions)

2011 Tenue du Forum international de l’économie sociale et solidaire

Création de Commerce solidaire

2013 Création du centre de liaison et de transfert de connaissances (TIESS)

Adoption de la loi-cadre sur l’économie sociale

2015 Création du Fonds d’aide à la rénovation d’habitation communautaire (31 millions)

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