Étude

Le ballon pour un accouchement moins long ?

Les femmes qui font de l’exercice en général, et sur un ballon en particulier, seraient celles qui ont, en moyenne, les accouchements les plus rapides et les moins compliqués. C’est ce que laisse croire une étude réalisée par deux chercheuses de l’Université de Montréal. Trop beau pour être vrai ? Quatre choses à savoir.

L’étude

Danielle Fournier et Marie-Ève Mathieu, du département de kinésiologie de l’Université de Montréal, viennent de publier une étude dans le Journal of Strength and Conditioning Research, laquelle conclut que les femmes qui s’adonnent à un programme d’entraînement avec ballon auraient des accouchements plus rapides et moins compliqués que la moyenne. Plus elles se sont entraînées (en moyenne un cours par semaine), moins les phases de dilatation et d’expulsion ont été longues, concluent-elles, sans toutefois être en mesure de quantifier ici le résultat, vu la taille de l’échantillon. Moins de femmes ont aussi eu recours à une péridurale : 46 % (contre une moyenne de 78 % dans la population générale). Aucun effet négatif sur le poids ou les tests Agpar n’ont par ailleurs été constatés.

La méthodologie

Pour arriver à ce constat, les chercheuses ont suivi 30 participantes, inscrites à un programme prénatal d’exercices avec ballon, pendant les deuxième et troisième trimestres de grossesse. Les femmes pouvaient suivre de 1 à 28 séances supervisées de 90 minutes, d’une intensité cardiovasculaire de légère à moyenne, composées d’exercices assis, debout ou au sol, toujours avec un ballon. Elles devaient noter leur temps d’entraînement, pendant la durée de l’étude. Avec ces données, on a ensuite colligé les types d’accouchements, la durée des différentes phases et l’utilisation d’anesthésiants.

Les hypothèses

« On fait travailler une région qu’on travaille très peu en général, avance Marie-Ève Mathieu, professeure de kinésiologie, et c’est comme si les muscles gagnaient ici en flexibilité. » Elle souligne notamment le travail « asymétrique », en « rotation » du bassin, qui permettrait de travailler des muscles d’ordinaire peu sollicités. Une fois le travail commencé, probablement que la région pelvienne se distend plus facilement, avance-t-elle, favorisant ainsi le passage du bébé.

Les nuances

Les chercheuses le reconnaissent : leur échantillon est ici faussé : 80 % des participantes faisaient en effet déjà de l’exercice avant leur grossesse. Elles soulignent aussi qu’il s’agit d’un projet « pilote » qui devra être poursuivi. C’est la principale limite que note Isabelle Brabant, sage-femme et auteure d’Une naissance heureuse, invitée à commenter les résultats. « C’est un très petit échantillonnage, dit-elle. Ça donne à penser que c’est bénéfique, mais ça n’est pas encore une conclusion béton. » Avant de prescrire le ballon à toutes les femmes pour accélérer leur travail, même si les résultats sont ici « très prometteurs », elle rappelle que l’accouchement est un phénomène complexe, impliquant toutes sortes de « composantes » (émotionnelles, sociales, culturelles). Bref, qu’il n’existe malheureusement pas d’ingrédient « magique » pour en garantir la rapidité.

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