ÉDITORIAL ÉDUCATION

Le gaspillage de talent doit cesser

Imaginons : le Québec est une grande salle de classe et tous ses citoyens sont des élèves.

Un enseignant pose la question : « Qui pense qu’on devrait accorder plus d’importance à l’éducation ? »

Presque tous les élèves, à coup sûr, lèveraient la main.

Si le Québec était une grande salle de classe, on constaterait aussi qu’un petit groupe d’élèves se démène avec acharnement pour déterminer comment tirer le maximum de chaque dollar investi par les contribuables : les économistes.

Les membres de l’Association des économistes du Québec ont rendu public la semaine dernière un sondage interne à ce sujet. Leur conclusion : « Le meilleur moyen d’augmenter la productivité de l’économie québécoise » est d’investir davantage « dans l’éducation et la formation ».

Les économistes ont expliqué leur raisonnement dans un mémoire remis au ministère des Finances du Québec.

Cet investissement est d’autant plus crucial que la population active du Québec est en déclin, disent-ils. Une baisse de 150 000 personnes (de 15 à 64 ans) est prévue au cours des 15 prochaines années. Un « système d’éducation exigeant et inspirant » permettrait de mieux former davantage de Québécois. Et d’atténuer l’impact des changements démographiques.

On sait que le taux de diplomation au Québec demeure trop bas. Que, grosso modo, un jeune sur quatre n’obtient pas de diplôme après sept ans passés au secondaire. On sait aussi que la situation, depuis les années 80, s’est améliorée plus lentement que sûrement. Trop lentement, en fait.

Une vaste consultation vient d’être menée par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. Le diagnostic a été fait. Québec sait très certainement, maintenant, où il faut réinvestir.

Les experts indiquent, notamment, que les interventions doivent être effectuées par-dessus tout chez les plus jeunes. Tout particulièrement les élèves en difficulté, au sein des communautés moins favorisées.

On sait aussi que les effets négatifs de la concurrence entre le privé et le public, au secondaire, minent les efforts visant à faire grimper le taux de diplomation.

On attend maintenant avec impatience les remèdes. Ils seront, on l’espère, au menu de la « politique de réussite éducative » du Ministère. Son lancement est prévu d’ici l’été.

Si volonté politique et courage sont au rendez-vous à Québec au cours des prochains mois, le gouvernement pourrait – il était temps ! – jouer le rôle de bougie d’allumage.

L’étape suivante sera de transformer cet élan en véritable projet de société où tout un chacun mettra la main à la pâte. Y compris les parents, dont le rôle est primordial.

Si le Québec était une grande salle de classe, les élèves diraient que c’est loin d’être la première fois qu’on dit qu’il faut faire de l’éducation une priorité. Mais, à coup sûr, ils diraient presque tous que le moment est venu de passer de la parole aux actes.

Comment améliorer la productivité de l’économie québécoise ?

Le top 3 des économistes

1. Investir davantage dans l’éducation et la formation ;

2. Accroître les investissements privés en machinerie et en outillage, y compris en technologies numériques ;

3. Miser sur l’attraction et la croissance d’entreprises dans les secteurs les plus productifs.

Le nombre de membres de l’Association des économistes québécois qui ont dit privilégier chacune de ces mesures est respectivement de 85, 41 et 13 (sur un total de 194 membres).

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