Analyse

Du grand Markov (2)

Quand un joueur évolue dans un marché aussi médiatisé que celui de Montréal pendant plus de 16 ans, ledit joueur est généralement connu sous tous ses angles.

C’est peut-être moins vrai pour Andrei Markov, l’anti-star par excellence. « Il n’a jamais eu le crédit qui lui revient, mais je crois qu’il ne le veut pas non plus ! », expliquait d’ailleurs Max Pacioretty hier soir.

Encore une fois, Markov a été le grand héros de cette victoire de 4-1 contre les Stars de Dallas. Il a passé sa soirée à tenter des tirs précis (comme celui que Brendan Gallagher a failli dévier dans le but), à rejoindre ses coéquipiers, et l’a fait de façon particulièrement brillante sur le but d’Artturi Lehkonen. Une passe directement « dans sa zone des prises ».

Après le match, Pacioretty a trouvé une façon d’expliquer un aspect qui demeurait méconnu du public. Le numéro 67 faisait constamment référence à la rotation que Markov donne à la rondelle quand il exécute ses passes. Un collègue lui a demandé de préciser sa pensée... Il a finalement eu droit à une leçon de physique du professeur Pacioretty !

« Quand un gaucher passe la rondelle, elle tourne en sens inverse des aiguilles d’une montre. Et quand un gaucher tire, il y a aussi cette rotation », a d’abord expliqué Pacioretty, soulignant que les passes de Markov permettent donc d’accentuer cet effet.

« Quand un droitier reçoit une passe d’un gaucher et tire, il doit donc annuler cet effet et c’est plus difficile d’avoir un bon tir. Demande à qui que ce soit, personne n’y penserait. Mais Markov pense à ça. Quand on joue à 5 contre 3 et qu’il passe la rondelle à la pointe à des droitiers, il réussit à enlever cette rotation. »

Pacioretty est catégorique : sans son illustre coéquipier russe, il n’aurait peut-être jamais connu cinq saisons de 30 buts.

« J’ai dit à Chuckie [Alex Galchenyuk] : j’espère qu’il ne prendra jamais sa retraite, car je vais perdre au moins 10 buts par saison. Les gauchers doivent penser à ça aussi, car il est toujours capable de nous repérer quand on est à droite. »

L’heure des célébrations

Dans une entrevue récente, l’ancien joueur Olli Jokinen, qui dirige les entraînements estivaux de Markov quelques semaines chaque été en Floride, a soutenu qu’il croyait Markov capable de jouer entre « trois ou quatre ans ».

Évidemment, pour un joueur de 38 ans, il demeure périlleux de se prononcer sur la longévité de sa carrière. Jokinen est enthousiaste, d’autres le sont moins. 

Même si Andrei Markov ne fait pas son âge, on sent qu’on arrive au point où ses exploits doivent être soulignés, sans savoir pendant combien de temps il pourra les répéter.

Hier, sur le but de Lehkonen, Markov a rejoint Guy Lapointe avec un 572e point dans l’uniforme du Canadien, ce qui est bon pour le 2e rang chez les défenseurs dans l’histoire de l’équipe. L’annonceur maison Michel Lacroix a souligné ce plateau, ce qui a donné une annonce de but nettement plus longue qu’à l’habitude.

« Ce n’est pas quelque chose que je pourrai redire dans sa carrière », a rappelé avec sagesse M. Lacroix.

Ses coéquipiers aussi ont senti l’unicité du moment. La foule rugissait encore lors de la mise en jeu suivante, pourtant en territoire du Canadien. C’était alors 3-1, et il restait plus de six minutes de jeu. La victoire n’était pas dans la poche pour le CH !

Pourtant, Shea Weber s’est sorti de sa « bulle » pour taper du bâton sur la patinoire. Gallagher a lancé quelques mots à l’arbitre près de lui.

Markov, lui, a accueilli le tout avec sa modestie habituelle.

« Je ne pensais pas qu’un jour, je me retrouverais là. Pour moi, ç’a toujours été de jouer mon style de jeu et d’aider mes coéquipiers. Je n’aurais pas pu en arriver là sans eux. Je les remercie et je remercie l’organisation qui a eu confiance en moi. »

Pour que Markov vole la vedette à Carey Price, qui venait de jouer un fort match, c’est bien la preuve que le moment était spécial.

Le Canadien

Forfait de Montoya

Le gardien Al Montoya devait affronter les Stars de Dallas, hier, mais il a dû déclarer forfait après avoir aggravé une blessure mineure qui l’ennuyait depuis quelque temps. Carey Price a été avisé dès la fin de l’entraînement du matin qu’il serait d’office devant le filet. « On se prépare quand même en conséquence car on ne sait jamais », a indiqué le gardien-vedette. Montoya ne participera pas à l’entraînement d’aujourd’hui et son cas sera réévalué sur une base quotidienne. Afin de seconder Price face aux Stars, le Tricolore a rappelé Zachary Fucale du Beast de Brampton, dans la ECHL. On présume toutefois que si Montoya doit manquer un tant soit peu d’action, le Canadien se tournera davantage vers Charlie Lindgren, qui connaît une très bonne saison dans la Ligue américaine.

— Marc Antoine Godin, La Presse

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