Chronique

MTY entrevoyait un gros potentiel de croissance

Le groupe de restauration montréalais MTY voyait un gros potentiel de croissance dans la chaîne de rôtisseries St-Hubert et c’est la raison pour laquelle il a déposé une offre financière comparable à celle du groupe Cara. Cette offre n’a toutefois pas été retenue, ce qui a permis à Cara de devenir le nouveau propriétaire de l’emblématique chaîne de restaurants québécoise.

Éric Lefebvre, chef de la direction financière de MTY, confirme les révélations que Jean-Pierre Léger, le propriétaire du Groupe St-Hubert, nous a faites le jour de l’annonce de la vente de son entreprise à Cara, à savoir que MTY était du nombre des trois groupes finalistes retenus au terme du processus de sollicitation d’offres.

Selon Jean-Pierre Léger, MTY a formulé une proposition qui était du même ordre que celle de 537 millions qu’a déposée Cara et qui a été finalement acceptée. Le troisième finaliste était composé d’institutions financières québécoises qui n’avaient pas d’expertise dans le domaine de la restauration.

« Ce qui nous a déçus, c’est qu’on ne nous a pas donné l’occasion de bonifier notre offre. On nous a laissés dans le noir jusqu’à ce que l’on comprenne que St-Hubert avait fait son choix et que ce n’était pas nous. »

— Éric Lefebvre, chef de la direction financière de MTY

Selon le financier, MTY était vraiment désireux de réaliser l’acquisition et l’intégration des 120 rôtisseries du groupe et de ses deux usines de transformation alimentaire.

« On avait un plan bien précis pour accélérer le développement de la chaîne parce que, selon nous, il y avait encore de la place au Québec pour St-Hubert. On avait l’expertise pour optimiser ce potentiel de croissance », avance-t-il.

Éric Lefebvre ne veut pas expliquer en détail quelle était la stratégie envisagée par le groupe MTY pour développer l’enseigne St-Hubert – déjà largement implantée dans toutes les régions du Québec –, mais on peut aisément présumer que l’enseigne jaune aurait été beaucoup plus visible dans l’aire de restauration des grands centres commerciaux québécois et canadiens.

Il faut rappeler que MTY réalise 40 % de ses revenus annuels dans les aires de restauration de grands centres commerciaux, contre 40 % dans des restaurants qui ont pignon sur rue et 20 % dans des enseignes de restauration rapide qui sont logées dans des emplacements non traditionnels comme les stations-service ou les universités.

Au total, MTY exploite 2724 restaurants sous 30 enseignes, dont Thai Express, Sushi Shop, Madisons… Ces restos cumulent des revenus annuels de plus de 1 milliard, et l’entreprise réalise 80 % de son chiffre d’affaires au Canada ; les 20 % restants proviennent de ses activités internationales aux États-Unis, au Moyen-Orient, au Royaume-Uni, au Liban et en Arabie saoudite.

UN CONSOLIDATEUR À LA COUCHE-TARD

MTY a dévoilé jeudi dernier les résultats financiers de son premier trimestre qui ont été marqués par une hausse de 9 % de ses revenus et de 16 % de son bénéfice avant impôts. Les analystes financiers qui suivent l’entreprise ont été surpris de constater que le groupe de restauration avait haussé ses résultats par le seul effet de sa croissance organique.

« On n’a pas fait d’acquisition en 2015, même si celle des 132 restaurants Manchu Wok a été officialisée au tout début de notre année financière. On a enregistré une hausse de 1,2 % de nos ventes d’établissements comparables.

« Il faut dire qu’on a profité d’une journée de plus en février, mais on a surtout profité d’une météo beaucoup plus clémente, on n’a pas été assommés par le froid comme l’an dernier », souligne Éric Lefebvre.

MTY a été en mesure de livrer de pareils résultats en dépit de la très mauvaise performance qu’elle a enregistrée en Alberta et en Saskatchewan, deux provinces fortement touchées par le ralentissement économique.

L’entreprise réalise 20 % de ses ventes canadiennes en Alberta (29 % en Ontario et 35 % au Québec), et le marché de Calgary notamment a été lourdement affecté par la chute de l’activité pétrolière.

L’acquisition de St-Hubert aurait permis à MTY de mettre un terme à une séquence sans acquisition qui dure depuis plus d’un an. Un fait rare pour cet opérateur qui s’est littéralement imposé comme le consolidateur de la restauration rapide en Amérique du Nord, un peu à l’image de ce qu’a réalisé Couche-Tard dans le commerce de l’accommodation.

Depuis 1999, MTY a réalisé l’acquisition d’au moins une chaîne de restaurants chaque année, à l’exception de 2007 et de l’an dernier.

Outre son président-fondateur, Stanley Ma, qui possède 25,5 % des actions de MTY, plusieurs institutions québécoises ont des blocs importants du groupe, notamment Fiera Capital, Montrusco Bolton et Van Berkom et Associés. Manuvie est le deuxième actionnaire en importance, détenant 9,5 % des actions.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.