L’illustrateur-bédéiste Rémy Simard est l’un des invités d’honneur du Salon du livre de Montréal… auquel il a participé tous les ans depuis la publication de la BD , en 1984-1985 ! Quelque 80 livres plus tard, il lance un album aussi personnel qu’utile : , un « faux » vrai guide pratique, mi-BD, mi-illustrations, à l’intention des collectionneurs. De petites autos. Ou de grosses autos. Ou de toutes sortes d’affaires !
« Pour la première version de , je m’étais dessiné en train de consulter un psy, dit Rémy Simard, hilare. Car je conçois très bien que les non-collectionneurs nous trouvent fous, nous, les collectionneurs. D’ailleurs, tu ne t’en vantes pas, d’être un collectionneur… Mais je te jure que je me contrôle ! »
Car Simard collectionne. Principalement les petites voitures, surtout celles produites par les entreprises Corgi et Dinky dans les années 60, pour qui il a eu un coup de cœur dès son enfance. Dans son atelier-bureau, elles sont partout, ces fameuses petites voitures. Sa collection « officielle » en compte 140 modèles. Boîtes comprises !
On est donc direct dans le « vécu de bonhomme » avec … « J’ai effectivement abandonné l’idée du psy, qui était fictif, explique l’auteur-dessinateur, et j’ai conçu une deuxième version, plus structurée, plus “pratique”, avec des chapitres, des thèmes, des conseils pour être collectionneur de quoi que ce soit, tout en m’inspirant de ce que j’ai vécu. »
Plus pratique, c’est vrai, et finalement plus autobiographique : jalonné de reproductions très précises de voitures et de catalogues, l’album suit un « Rémy » imaginaire (il se dessine chauve, alors qu’il a beaucoup de cheveux !), qui tombe en amour avec les petites voitures grâce à Batman, un Rémy qui lui aussi a une « blonde », deux enfants et un chat, un Rémy qui fait la rencontre d’autres collectionneurs et en dresse une nomenclature très touchante, qui parcourt l’Europe à la recherche de tel ou tel modèle, qui découvre la Maison des encans… Tout cela parsemé de gags et de clins d’œil.
« Je n’aime pas parler de moi, je n’aime pas sortir, je n’avais pas envie d’étaler ma vie dans un livre : imagine, mon idole, c’est Réjean Ducharme, alors… »
« Mais je sais ce que c’est, avoir une passion pour un objet, explique Rémy Simard. Ne pas tout dire à tes proches – en tout cas, pas le prix que t’as vraiment payé ! –, considérer les animaux et les enfants comme un fléau pour ta collection, visiter systématiquement tous les antiquaires au cas où, faire affaire avec un courtier… »
« C’est pour cela que cela m’importait, par exemple, d’expliquer quel a été l’élément déclencheur pour moi, c’est-à-dire ma passion pour Batman : c’est absolument fondamental, le déclic, dans la vie d’un collectionneur. »
Rémy Simard a donc puisé dans sa vie personnelle pour relater cette étrange passion qu’on appelle la collection. Et il en a aussi profité pour se « lâcher lousse un peu » dans le dessin. « Je suis catalogué comme étant de type “ligne claire classique, qui dessine à l’ordinateur”. Cette fois, je me suis permis d’avoir des dessins qui n’étaient pas parfaits, dans la partie plus autobiographique. »
Ça donne notamment un des gags récurrents les plus rigolos du livre : le personnage du livreur, qui vient remettre à « Rémy » ce qu’il a acheté par la poste ou en ligne, est systématiquement représenté comme un père Noël. « Le livreur est super important dans la vie d’un collectionneur, explique le bédéiste, c’est l’intermédiaire en chair et en os entre toi et un objet que tu as beaucoup convoité… Et même si tu as payé ton “cadeau”, c’est tout de même un paquet qu’il t’apporte, tout emballé, comme un présent… »
Qui aurait dit, quand on le croisait étudiant en science politique à l’Université de Montréal à la fin des années 70, que Rémy Simard deviendrait – et rapidement, qui plus est – un illustrateur et bédéiste à temps plein, vivant bien de son crayon ? Bien sûr, il dessinait à l’époque une petite série BD dans le journal étudiant , mais quand même… « C’est vrai que ce n’était pas un objectif dans ce temps-là », reconnaît-il en riant.
Mais qu’importe l’objectif, pourvu qu’on ait la passion. De dessins en illustrations, de planches en BD, il est bel et bien devenu « dessinateur » et auteur, multipliant les publications, collaborations, nominations, etc. Il a aussi tâté de l’édition pendant plusieurs années…
Ensuite, la maison d’édition La Pastèque a publié l’intégrale de sa bande dessinée (2012) et l’a invité, l’an dernier, à participer à l’exposition collective pour les 15 ans de La Pastèque au Musée des beaux-arts. Avant de lui proposer de dessiner ce « guide pratique » pour les collectionneurs…
Et avant que le Salon du livre de Montréal lui demande d’être l’un de ses invités d’honneur : « Ça me fait vraiment plaisir, dit Rémy Simard. Je n’aime pas beaucoup voir du monde… mais j’aime vraiment rencontrer les lecteurs ! »
Rémy Simard sera au stand de La Pastèque (246) samedi et dimanche, mais aussi à celui de la Bagnole (546) samedi pour son livre , et à celui de Boréal (400) dimanche pour .