HÉLÈNE DUMAIS

Vivre pour courir

Rien ne destinait Hélène Dumais à un parcours athlétique. Plus jeune, le sport l’intéressait très peu. Il lui arrivait même de sauter ses cours d’éducation physique à l’école. Puis, un jour, sa passion pour le grand air et la liberté l’a rattrapée.

« L’amour de la nature a toujours été là. C’était ma façon de penser », raconte-t-elle en entrevue avec La Presse de Washington, où elle est désormais établie.

C’est seulement à l’âge de 23 ans qu’elle découvre la course, notamment après avoir traversé les Pyrénées à pied. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas mis de temps à y prendre goût.

Aujourd’hui, à 35 ans, Hélène entraîne d’autres coureurs en devenir, en plus d’être conférencière. Et bien sûr, elle court toujours. Elle court souvent, et elle court longtemps.

La liste de ses exploits a de quoi impressionner. L’an dernier, elle est notamment devenue la première femme à traverser la Floride à la course – un coquet parcours de 400 km – munie uniquement de son GPS. Elle devait trouver de quoi boire et manger en chemin.

« Je deviens un modèle féminin de dépassement de soi », se réjouit l’athlète.

MOTIVÉE PAR L’INCONNU

Toujours en 2015, Hélène est aussi devenue la première femme à avoir traversé à pied et en autonomie complète la crête des monts Ko’olau, à Hawaii. L’exploit lui a d’ailleurs valu d’être en nomination pour la bourse Osez l’aventure !, d’une valeur de 10 000 $, remise par l’aventurier Frédéric Dion.

On dit souvent qu’il faut repousser ses propres limites pour mener à bien un projet aussi risqué et ambitieux. Hélène n’a pas fait exception à cette règle.

« J’ai peur des hauteurs et je n’avais pas 10 000 ans d’expérience en escalade. C’est aussi un terrain particulier. Beaucoup de gens expérimentés se sont aventurés dans la région, et certains se sont blessés, sont disparus ou sont morts. Je ne pouvais pas prendre ça à la légère. »

— Hélène Dumais au sujet de la crête des monts Ko’olau, à Hawaii

Mais voilà, c’est précisément ce désir de se plonger dans un univers qui ne lui est pas familier – et qui, de prime abord, peut parfois l’inquiéter – qui motive Hélène à relever chaque défi auquel elle décide de s’attaquer.

« L’idée, peu importe dans quel domaine, est que si tu fais toujours quelque chose que tu connais déjà, où est le thrill là-dedans ? Il faut aller voir ce qu’il y a de l’autre côté. […] Ce qui va arrêter les gens dans toute situation, c’est l’inconnu. Je n’avais jamais été dans ces montagnes, alors j’ai essayé d’imaginer ce que ça allait être », relate-t-elle.

BOUCLER LA BOUCLE

Au moment de s’entretenir avec La Presse, Hélène Dumais achevait sa préparation en vue de la course Infinitus, événement qui débutait le 19 mai et qui amène ses participants à travers la forêt des montagnes Vertes du Vermont sur différentes distances.

Sans surprise, elle a choisi de s’attaquer au trajet le plus long proposé, et le plus long qu’elle ait entrepris jusqu’ici : une vingtaine de tours sur une boucle de la longueur d’un marathon, pour un redoutable total de 888 km. Le tout doit être terminé en 10 jours.

Sur le site web de la course, le bouton sur lequel on doit cliquer pour s’inscrire à ce volet de l’Infinitus nous lance un message qui en dit long : « Vous allez le regretter ».

« Il s’agit quand même d’un terrain contrôlé, mais on demeure tout seul », souligne Hélène. 

« La nuit, dans le bois, quand ça fait des jours qu’on n’a pas dormi, ça commence à être rough. Et l’un des symptômes du manque de sommeil, c’est qu’on se met à halluciner. »

— Hélène Dumais

Une fois remise de cette épreuve, elle s’envolera vers le Royaume-Uni en juillet pour tenter de terminer avec succès les UK Big 3 Rounds, trois trajets qui amènent ceux qui l’entreprennent à grimper des dizaines de sommets un peu partout dans le pays.

« Très peu de gens l’ont fait et ont été capables de l’accomplir en 24 heures. Il y en a peut-être cinq qui ont fait les trois en une saison. Ce sont trois courses en 24 heures, et 90 km chaque fois », explique-t-elle.

Hélène profitera aussi de son voyage pour se marier. Comme quoi il est toujours possible de joindre l’utile à l’agréable, même lorsqu’on vit à la course.

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