Danny Desriveaux

Un secret bien gardé

Danny Desriveaux a disputé six saisons dans la Ligue canadienne de football et il a gagné trois fois la Coupe Grey. Il a ensuite remporté une Coupe Vanier avec Danny Maciocia et les Carabins de l’Université de Montréal comme entraîneur adjoint. Détenteur d’un baccalauréat en finances et d’un MBA, il s’exprime dans un français impeccable, et tous ceux qui le connaissent l’apprécient. Alors pourquoi reste-t-il aussi peu connu ?

La réponse de Danny Desriveaux en dit long. Lorsqu’on lui demande s’il pense avoir obtenu le mérite et la publicité qui auraient dû lui revenir, l’ancien receveur des Alouettes hésite pendant quelques secondes, puis y va d’un petit pas de danse diplomatique.

« C’est une bonne question. Il y a sûrement quelques pistes de solution. J’y pense seulement lorsque les gens me posent la question, ce qui se produit occasionnellement. Pourquoi je n’ai pas eu les mêmes opportunités que certains autres joueurs québécois en après-carrière ? Je ne sais pas. »

Desriveaux ne demanderait pas mieux que de contribuer au paysage médiatique du ballon ovale. Qu’il n’ait jamais reçu d’offre pour le faire est difficile à comprendre. Il est plus que qualifié, il s’exprime dans un français soutenu, il a une belle apparence…

« J’ai déjà cogné à certaines portes. Je n’ai peut-être pas approché les bonnes personnes, mais c’était toujours des culs-de-sac. Pourtant, je pense que je possède des atouts intéressants. Je suis un gars d’ici, j’ai joué dans la NCAA et la LCF, et j’ai été un entraîneur au niveau universitaire. »

Faut dire que Desriveaux a toujours été un joueur de soutien lorsqu’il portait l’uniforme des Alouettes (de 2007 à 2011). Il s’est cependant toujours attiré les éloges de ses entraîneurs, entre autres pour son jeu sur les unités spéciales, son attitude exemplaire et sa connaissance du jeu.

« Je n’ai aucun regret, mais lorsque je fais une rétrospective de ma carrière, je me dis que j’aurais pu être un receveur de 1000 verges par saison. J’en suis convaincu. Il aurait toutefois fallu que je quitte Montréal pour le faire, et je n’aurais probablement pas gagné autant. »

Une deuxième carrière

Desriveaux a gagné la Coupe Grey avec les Alouettes en 2009 et en 2010, puis à sa seule saison avec les Argonauts, en 2012. « C’était la première fois que je voyais la vraie version de la vie d’un joueur professionnel, a-t-il dit au sujet de son passage chez les Argos. À Montréal, je pouvais toujours aller voir ma famille ou mes amis. À Toronto, je passais tout mon temps avec mes coéquipiers. C’était très différent », a noté Desriveaux.

« Je savais que ma carrière tirait à sa fin lorsque j’étais avec les Argos. J’avais donc déjà commencé à préparer des lettres de présentation et à sonder le terrain pour devenir un entraîneur. C’est de cette façon que je suis entré en contact avec Danny [Maciocia] et les Carabins. »

Maciocia a offert le poste d’entraîneur des receveurs au Québécois en janvier 2013. Les responsabilités de coordonnateur des unités spéciales se sont ajoutées l’année suivante.

« Danny s’exprime extrêmement bien, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je l’ai embauché. C’est un gars très respectueux et un excellent pédagogue. Il a dû travailler fort pour tout ce qu’il a obtenu dans la vie, rien ne lui a été donné », a souligné Maciocia.

« Il était très détaillé dans son approche et dans la façon qu’il présentait le matériel aux joueurs. Lorsque les choses ne fonctionnaient pas bien pour nous, il apportait un calme en étant toujours très positif. Il a joué un rôle important dans nos succès. »

La famille avant tout

Les Carabins ont remporté la première Coupe Vanier de leur histoire en 2014. En comptant ceux dans la LCF, il s’agissait d’un quatrième championnat en six ans pour Desriveaux. Au terme de la saison de 2015, il a toutefois décidé de quitter les Carabins afin de pouvoir consacrer plus de temps à ses fils, Samuel et Théodore, et à sa conjointe Marie-Pier.

« C’était l’un de plusieurs éléments qui m’ont forcé à voir s’il n’y avait pas une autre manière de faire les choses. Est-ce que tout ce qui se passait dans ma vie était aligné de la meilleure façon ? Mes intérêts ne se sont jamais limités au football. J’ai mené de belles études et j’ai toujours eu plusieurs projets. »

Diplômé de l’Université de Richmond et de l’Université du Connecticut (parfaitement bilingue, aussi), Desriveaux est actuellement le représentant et le directeur de comptes au Québec d’une entreprise qui se spécialise dans l’équipement sportif (Kahuna Sport). Il est également entraîneur-chef de l’équipe juvénile du collège Letendre à Laval, les Empereurs, depuis la mi-janvier.

« C’était la première fois en 20 ans l’année dernière que je n’étais pas impliqué dans le football. Ça me manquait et je voulais revenir au coaching si l’opportunité de m’impliquer sans avoir à trop compromettre de temps familial passait. Je l’ai finalement obtenue au collège Letendre. »

« C’est un investissement d’une dizaine d’heures par semaine durant la saison morte. Ce sera plus lorsque la saison débutera en août, mais on ne parle quand même pas des mêmes heures qu’au niveau universitaire », a précisé Desriveaux.

« Pour moi, il n’y a pas d’intérêt au coaching si l’aspect du développement du jeune n’est pas présent. Et il y a un gros mandat de développement et de mentorat. »

« Je suis un enseignant dans l’âme et je veux redonner, et ce que je connais le plus, c’est le foot. »

— Danny Desriveaux

Âgé de 35 ans, Desriveaux pourrait décider de redevenir entraîneur à temps plein lorsque ses enfants seront plus vieux. Il semble toutefois satisfait de sa situation actuelle.

« Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne sais pas si je le referais à temps plein. Ma vision serait de le faire à ma préretraite. Pour le plaisir plus que pour gagner ma vie. »

Devenus accros au football

Desriveaux est l’un des rares chanceux qui a pu goûter à l’euphorie des championnats autant comme joueur que comme entraîneur. Il conserve de précieux souvenirs de ces conquêtes.

« Je pense que Montréal et le Québec avaient soif de championnats. On a été accueillis en héros lorsqu’on a gagné la Coupe Grey avec les Alouettes, je n’oublierai jamais le défilé au centre-ville. Je suis content d’avoir pu vivre ça comme joueur local. Et j’espère que j’ai pu influencer quelques jeunes de s’investir académiquement et dans le sport. »

Cinq ans après son départ des Alouettes, Desriveaux garde encore un œil sur ce qui se déroule au sein de son ancienne équipe. Mais curieusement, ce sont parfois ses parents qui le gardent au diapason.

« Mes parents sont originaires d’Haïti et ils ne connaissaient que dalle au football avant que je commence à jouer. Aujourd’hui, ils suivent ça plus que moi ! Ils regardent les matchs dans l’Ouest, même si les Alouettes ne jouent pas. Et ils critiquent les décisions des entraîneurs d’Edmonton ou de Saskatchewan ou d’une autre équipe ! »

Faut croire que leur fils est vraiment un bon entraîneur.

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