Mont-Tremblant

Les triathlons et l'immobilier font bon ménage

Chuck Chokel avait de la difficulté à marcher le lendemain de sa course d’Ironman, l’an dernier, à Mont-Tremblant. Mais la fatigue après 3,8 km de nage, 180 km de vélo et 42,2 km de course n’a pas empêché l’homme d’affaires américain de négocier l’achat d’une maison de 2,25 millions.

« Nous devions partir bientôt, alors je me suis dit : faisons une offre », se rappelle M. Chokel, maintenant à la retraite.

M. Chokel est le premier dans son entourage d’amis sportifs à avoir acheté une maison de luxe à Tremblant, ville qui bénéficie d’une réputation grandissante comme endroit branché pour les triathloniens.

Trois événements majeurs de triathlon y ont déjà eu lieu cet été et un quatrième – le Championnat du monde Ironman 70.3, qui comprend 1,93 km de nage, 90,1 km de vélo et 21,1 km de course – aura lieu demain. C’est la première fois que cette compétition se déroule à l’extérieur des États-Unis.

Les participants seront d’ailleurs encouragés par des courtiers immobiliers, qui souhaitent transformer ces triathloniens en clients dans un marché qui, en ce moment, favorise les acheteurs. Lors de l’Ironman de Mont-Tremblant en 2013, le courtier Paul Dalbec et ses collègues de Royal LePage étaient aux premières loges agissant comme bénévoles pour distribuer des bouteilles d’eau aux athlètes.

« Je pense qu’on verra un deuxième souffle dans le marché vers la fin de l’été », prévoit M. Dalbec. Il faut dire que la région a connu des difficultés depuis quelques années. « La crise économique de 2008-2009 ainsi que la hausse de la valeur du dollar canadien ont contribué à la disparition des acheteurs américains et européens du marché à Tremblant au cours des dernières années », ajoute Paul Dalbec.

LE MARCHÉ REPREND DE LA VIGUEUR

Le prix médian d’un condo à Tremblant a fléchi de 240 000 $ à 186 000 $ entre 2009 et 2011, selon la base de données Centris des courtiers immobiliers. Cependant, les prix ont rebondi à Tremblant depuis ce temps. Malgré une baisse des ventes, le prix médian d’un condo dans le deuxième trimestre de 2014 est passé à 239 000 $, soit une augmentation de 11 % comparativement à l’année précédente.

L’arrivée de grands événements de triathlon et de nouvelles installations développées pour les athlètes a généré des retombées économiques pour la région et, selon certains courtiers, des clients additionnels.

Selon les données tirées d’une étude de Gohier Stratégie Conseil en 2012, l’Ironman a généré 8,4 millions en retombées touristiques régionales.

« La différence majeure se situe au niveau de l’augmentation des séjours en semaine, explique Annick Marseille, porte-parole de la Station Mont-Tremblant. Souvent, les athlètes vont arriver quelques jours à l’avance pour se familiariser avec le parcours et s’acclimater à la température. Ils ne partiront pas nécessairement le jour de la course, mais prendront plutôt un jour de repos à la suite d’un tel effort. »

Tous ces facteurs peuvent également motiver les athlètes à acheter des résidences à Tremblant.

« Nous avons des exemples concrets de gens qui ont acheté des maisons ici et qui sont tombés amoureux de la région, grâce aux événements Ironman, souligne Steve Lafave, courtier et directeur des ventes à Immobilier Playground, affilié à Intrawest Resort Holdings, propriétaire de la Station Mont-Tremblant.  Alors que dans le passé, les gens achetaient de l’immobilier ici pour en profiter pendant l’hiver, les gens achètent dorénavant des maisons pour les utiliser toute l’année. »

À titre d’exemple, Véronique Lambert et Benoît Bouchard, propriétaires d’une entreprise familiale spécialisée dans le recouvrement de planchers à Montréal, n’ont pas perdu de temps dans la vente de leur condo à Mont-Tremblant l’année dernière, malgré un marché immobilier dont le délai de vente moyen excédait 300 jours.

Les deux sportifs, qui font des compétitions de demi-Ironman, n’ont même pas eu à communiquer avec un courtier. « Notre entraîneur venait chez nous pour livrer un programme (de course à pied) et a eu un coup de cœur pour le condo », se rappelle Mme Lambert.

Par le plus grand des hasards, l’entraîneur de course à pied, également professeur d’éducation physique en Ontario, était au même moment à la recherche d’un plus grand condo. Il a acheté celui du couple de sportifs.

Mme Lambert et M. Bouchard ont ensuite acheté une maison en rangée pour accommoder leur famille avec deux enfants.

Mme Lambert, qui s’entraîne entre 7 et 10 heures par semaine, est impressionnée par l’augmentation du nombre d’athlètes qui courent et roulent à Tremblant chaque fin de semaine.

« Ça a pris énormément d’ampleur », souligne-t-elle.

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