Ça s’explique

Quelle tique vous a piqué ?

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer une parcelle d’actualité. Cette semaine, on se demande : où en est la maladie de Lyme au Québec ?

D’où vient la maladie ?

La maladie de Lyme est causée par une bactérie appelée Borrelia burgdorferi. Cette maladie infectieuse est transmise par les piqûres de tiques infectées. Si la maladie de Lyme a été repérée il y a presque 20 ans au Québec, elle n’est pas nouvelle. Elle a été découverte au milieu des années 70 dans le Connecticut, aux États-Unis.

« La tique vectrice de la maladie de Lyme a migré vers le nord. Elle continue sa progression dans le sud du Québec. Elle s’est très bien adaptée ici », indique Anne-Marie Lowe, conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec. Hausse des températures, hivers moins rudes, allongement des périodes de chaleur, forte humidité… Tels sont les éléments qui favorisent le développement des tiques.

Comment peut-on être infecté ?

La maladie de Lyme se transmet par la tique, et non d’un animal infecté à l’humain ni lors d’un contact entre deux personnes. Pour survivre, les tiques ont besoin de sang. Elles se fixent donc sur des animaux ou les humains. La tique infectée doit être fixée et se nourrir pendant au moins 24 heures avant que la bactérie puisse être transmise.

Il est possible d’être infecté lors d’une sortie dans des régions boisées, dans les herbes hautes ou dans votre jardin. Si votre animal de compagnie transporte une tique infectée et la fait entrer dans votre maison, vous pourriez également être infecté.

Quels sont les symptômes ?

Le symptôme le plus courant : une rougeur sur la peau autour de la piqûre. Parfois, des rougeurs apparaissent ailleurs sur le corps. Elles peuvent être accompagnées d’autres symptômes : fièvre, fatigue, maux de tête, raideur à la nuque, douleurs musculaires et articulaires. La maladie de Lyme se traite avec des antibiotiques prescrits par un médecin.

Mais si elle n’est pas traitée, elle peut causer des symptômes plus graves, tels que des problèmes aux articulations, des problèmes cardiaques, des problèmes neurologiques, une paralysie faciale…

La difficulté ? Les symptômes peuvent apparaître des semaines, des mois, voire des années après la piqûre. « Dans de rares cas, la maladie de Lyme peut entraîner la mort, généralement en raison de complications liées à l’infection du cœur », précise le gouvernement du Canada.

Où en est la maladie au Québec ?

Les premiers cas de maladie de Lyme signalés touchaient des personnes qui avaient, pour la majorité, contracté l’infection durant un séjour à l’extérieur de la province. Mais au cours des dernières années, de plus en plus de personnes ont contracté la maladie au Québec. Les zones où l’on dénombre le plus de tiques infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi au Québec sont le nord et l’ouest de l’Estrie, une grande partie de la Montérégie, le sud-ouest de la région de la Mauricie-et-Centre-du-Québec et le sud-ouest de l’Outaouais.

Dans la province, il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire (MADO) depuis 2003. En 2016, 179 cas de maladie de Lyme ont été rapportés au Québec, contre 32 en 2011. Cela s’explique par un nombre croissant d’infections et, en parallèle, par une meilleure sensibilisation des professionnels de la santé. « Un médecin qui ne suspectait pas la maladie de Lyme avant va y être plus sensible aujourd’hui », indique Annie-Marie Lowe.

Comment prévenir la maladie ?

Il n’existe actuellement aucun vaccin contre la maladie de Lyme. « Les mesures les plus efficaces et faciles à appliquer sont les mesures de protection personnelle, fait savoir Anne-Marie Lowe. Elles sont de mise tant ici que lorsqu’on voyage : l’application de chasse-moustiques, le port de vêtements longs et de couleurs claires quand on va dans un environnement susceptible d’être exposé à des tiques ou des moustiques. »

Le ministère de la Santé du Québec recommande de privilégier la marche dans les sentiers plutôt que dans les hautes herbes et de bien entretenir la végétation autour de la maison. Il préconise également de bien examiner son corps, ses vêtements et son animal de compagnie après une activité à l’extérieur. En effet, « les piqûres des tiques sont généralement sans douleur et passent souvent inaperçues », précise le Ministère. En cas de piqûre, il faut retirer la tique le plus rapidement possible.

Comment retirer une tique ?

Il faut se munir d’une pince à épiler et saisir la tique au plus près de la peau. Tirez lentement, sans presser l’abdomen de la tique ni pivoter. Ensuite, lavez-vous les mains ainsi que la zone de la piqûre avec de l’eau et du savon et désinfectez la plaie. Si vous ne vous sentez pas à l’aise de retirer la tique ou qu’elle est enfoncée trop profondément dans la peau, vous pouvez demander de l’aide à un professionnel de la santé. Une fois la tique retirée, conservez-la au réfrigérateur dans un contenant hermétique en notant l’endroit de la piqûre, la date et le lieu où vous pensez avoir été piqué. Ces informations peuvent servir si vous consultez un médecin, qui pourra décider de faire analyser la tique. En effet, les premiers symptômes de la maladie apparaissent généralement de 3 à 30 jours après la piqûre d’une tique infectée. Il est recommandé d’appeler Info-Santé au 811 pour expliquer sa situation, car dans certains cas, un antibiotique peut être prescrit en prévention, notamment si la piqûre a eu lieu dans certaines municipalités de la Montérégie et de l’Estrie ou hors Québec.

La maladie DE Lyme en chiffres

992

Nombre de cas de maladie de Lyme signalés au Canada en 2016, contre 144 cas en 2009.

174

Nombre de cas de maladie de Lyme déclarés au Québec en 2016, un record, d’après les derniers chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec. En comparaison, de 2004 à 2010, moins de 14 cas étaient déclarés annuellement.

124

personnes ont été infectées au Québec en 2016, 42 l’ont été à l’extérieur de la province et le lieu où l’infection a été contractée est inconnu dans 8 cas.

90

Parmi les 124 infections contractées au Québec, 90 (73 %) ont été déclarées entre juillet et septembre et le pic a été noté en septembre avec 37 cas.

43 ans

C’est l’âge moyen des personnes touchées par la maladie en 2016. Le malade le plus jeune avait 1 an, le plus âgé, 84 ans.

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