Mieux vaut éviter certains antibiotiques durant la grossesse

Certains antibiotiques doublent le risque de fausse couche, selon une nouvelle étude montréalaise. Fort heureusement, les antibiotiques de première et de deuxième lignes sont sécuritaires sur ce point.

« Il y a eu plusieurs études contradictoires sur le sujet », explique Anick Bédard, épidémiologiste à Sainte-Justine et à l’Université de Montréal, qui est l’une des auteures de l’étude publiée ce matin dans le Journal de l’Association médicale canadienne. « Nos résultats sont semblables aux lignes directrices, et nous confirmons une importante étude danoise pour un des antibiotiques. Les deux antibiotiques les plus utilisés, la pénicilline et les céphalosporines, n’augmentent pas le risque de fausse couche. Nous avons aussi trouvé qu’un antibiotique semble associé à un risque moins grand de fausse couche. »

Les antibiotiques associés au plus grand risque de fausse couche étaient les quinolones, la plupart des macrolides et les tétracyclines, avec une augmentation de plus du double. Un seul macrolide, l’érythromycine, n’augmentait pas le risque. Le médicament associé à un plus faible risque de fausse couche était l’amoxicilline, avec une réduction de 30 %. Bonne nouvelle, un antibiotique couramment utilisé contre les infections urinaires, la nitrofurantoïne, n’augmentait pas le risque de fausse couche.

Y a-t-il des résultats qui vont à l’encontre des lignes directrices ? « Les lignes directrices ne regardent pas seulement les risques de fausse couche, dit Mme Bédard. Les infections durant la grossesse peuvent être très dangereuses pour la mère et son enfant. Et il y a d’autres risques directement associés aux antibiotiques. Par exemple, voilà quelques années, nous étudié certains macrolides et avons trouvé qu’ils n’augmentaient pas le risque de malformation, mais les lignes directrices les déconseillent toujours durant la grossesse. »

Analyses subséquentes

Le risque de fausse couche était calculé avant 20 semaines, parce qu’après 22 semaines, elles sont comptabilisées comme des naissances. L’épidémiologiste montréalaise et ses deux collègues de l’Université de Montréal ont aussi fait des analyses subséquentes pour tenir compte de la gravité des infections.

Mme Bérard s’est retrouvée sous les projecteurs en décembre 2015, quand elle a publié dans le Journal de l’Association médicale américaine une étude affirmant que le fait de prendre des antidépresseurs durant la grossesse augmentait de 75 à 87 % le risque d’autisme chez le bébé. Quelques jours après, des collègues de l’Université de Montréal ont condamné l’étude dans une lettre et une conférence de presse, affirmant qu’elle inquiétait inutilement les mères prenant des antidépresseurs.

La Presse a demandé un commentaire sur cette nouvelle étude à deux des collègues de Mme Bédard qui l’avaient critiquée en 2015, Emma Ferreira et Brigitte Martin. Mme Ferreira a préféré ne pas commenter vendredi, préférant en discuter avec des collègues auparavant, puisque Mme Bédard « est une de [leurs] collègues ». Elle a toutefois souligné que « les infections non traitées ont des répercussions importantes durant la grossesse ».

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