Éducation et enseignement supérieur

2000 embauches d’ici la rentrée

Québec ouvre les vannes après des années de disette : 1500 enseignants, techniciens en éducation spécialisée et professionnels seront embauchés d’ici la rentrée dans les écoles, surtout pour la maternelle et la première année. Cinq cents autres postes seront créés dans les cégeps et les universités.

QUÉBEC — Les offres d’emploi vont se multiplier dans le monde scolaire à la suite du budget Leitão 2017-2018, déposé hier à l’Assemblée nationale.

Au cours des cinq prochaines années, 7200 personnes vont s’ajouter aux effectifs des écoles primaires et secondaires, dont 1500 à la rentrée de l’automne, annonce le gouvernement Couillard. Il s’agit toutefois d’une promesse qui dépasse l’échéance électorale de l’automne 2018.

À terme, dans cinq ans, chaque enseignant de maternelle et de première année aura à ses côtés une personne pour l’épauler dans sa classe, soutient le gouvernement. Que ce soit un orthophoniste, un technicien en éducation spécialisée ou encore un second enseignant. L’objectif est double : renforcer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et intervenir rapidement auprès des enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage.

Un ajout de ressources spécialisées se fera également de la deuxième à la sixième année afin de donner un coup de pouce aux jeunes les plus vulnérables. Québec donnera la priorité aux écoles situées en milieu défavorisé dans le déploiement de cette mesure.

Ces embauches s’ajoutent aux 800 professionnels recrutés l’an dernier, selon le gouvernement Couillard. Des postes avaient été supprimés auparavant, en raison de compressions budgétaires.

Lors de la rentrée scolaire, le ratio entre le personnel offrant des services directs aux enfants s’élèvera à 1 pour 11,80 élèves. Il atteignait 1/14,43 au début des années 2000 ; 1/11,96 en 2015-2016.

L’ajout de personnel à la maternelle et en première année ralentit de toute évidence l’ouverture de classes de maternelle 4 ans. Le budget ne prévoit aucun ajout aux 186 classes existantes en milieu défavorisé. Le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx n’exclut toutefois pas d’en augmenter le nombre pour la rentrée.

Le budget de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur augmente de 4,2 % en 2017-2018, c’est-à-dire 638 millions. C’est une hausse plus importante que celle de l’an dernier (3,9 %) et largement supérieure à celle de 2015-2016 (0,8 %).

Comme les finances publiques ne sont plus dans le rouge et affichent un surplus, Québec délie les cordons de sa bourse. Il prétend couvrir la croissance des coûts de système, comme la hausse salariale des employés, tout en réalisant un réinvestissement. Ses nouvelles mesures totalisent 170 millions pour le primaire et le secondaire cette année, dont la majeure partie servira à financer les embauches. Elles s’élèvent à 100 millions pour les cégeps et les universités. Au total, le gouvernement entend réinvestir 3,4 milliards en cinq ans, pourvu qu’il soit réélu. Les mesures seront détaillées notamment dans la politique sur la réussite éducative du ministre de l’Éducation, attendue ce printemps.

Dans les cégeps et les universités, Québec embauchera 500 professeurs et professionnels dans les prochains mois, pour un total de 2500 en cinq ans. 

Il compte augmenter l’aide aux étudiants handicapés ou ayant un trouble d’apprentissage. Leur nombre a bondi de 135 % en cinq ans pour atteindre 27 252 en 2015-2016. C’est un peu plus de 5 % des étudiants collégiaux et universitaires.

Le gouvernement veut attirer davantage d’étudiants étrangers, qui représentaient 12 % (37 864 personnes) de l’effectif universitaire en 2015-2016. Il réitère son intention de revoir le mode de financement des universités afin de le rendre « plus équitable, plus transparent et plus efficace ».

Québec fait le pari qu’il dépassera son objectif visant à ce que 80 % des jeunes obtiennent un diplôme, quel qu’il soit, avant l’âge de 20 ans d’ici 2020. Ce taux était de 78,8 % en 2014-2015, les plus récentes statistiques disponibles.

Où va l’argent ?

Hausse budgétaire en éducation 

Commissions scolaires (primaire et secondaire) : 5,6 %, soit 418 millions

Écoles privées : 3,4 %, soit 16,5 millions

Cégeps : 4,2 %, soit 76 millions

Universités : 3,4 %, soit 95 millions

Un milliard de plus dans les infrastructures

Québec fait passer de 5 à 6,13 milliards ses investissements en infrastructures pour les écoles, les cégeps et les universités au cours des trois prochaines années. C’est une augmentation de 23 %. La cagnotte servira à retaper les bâtiments vieillissants, mais aussi à agrandir ou à construire des écoles. Pour les cégeps et les universités, Québec entend investir dans les technologies numériques et la formation à distance.

Famille : des dépenses limitées

Québec limite la hausse du budget du ministère de la Famille à 0,7 %. Deux raisons expliquent la décision, selon le Trésor : la baisse des places occupées dans les services de garde en milieu familial et la hausse des frais imposés aux parents. Les subventions aux CPE sont revues à la hausse de 4 %, soit 44 millions. Les garderies privées subventionnées doivent se contenter d’une augmentation de 2 %, soit 9 millions. Pour les services de garde en milieu familial et les bureaux coordonnateurs, Québec fait une coupe de 8 %, soit 49 millions, en raison d’une réduction de la fréquentation. Québec prévoit allouer 21 millions cette année aux services de garde dans le cadre de sa politique sur la réussite éducative.

Ils ont dit

« Plus on agit tôt dans la vie de gens, moins on aura de difficulté par la suite. C’est dans cette logique qu’on va mettre beaucoup d’emphase et de ressources au début de l’école, le préscolaire et le primaire. Et j’accorde énormément d’importance à la littératie, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les années les plus déterminantes, c’est celles où [...] on débute son enseignement primaire. »

— Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation et de la Famille

« Cinq cents embauches cette année, et si on multiplie par cinq, c’est 2500 [en cinq ans]. Mais ça pourrait être beaucoup plus si les universités et les collèges décident que c’est là qu’ils en ont besoin. [...] Il y a un besoin de professionnels, de professeurs, de chargés de cours. Il y a des amphithéâtres surchargés, des besoins de coordonnateurs de stages, des besoins de mille et une choses, parce qu’il y a une augmentation des clientèles [...]. »

— Hélène David, ministre de l’Enseignement supérieur

« Ce budget amène une bouffée d’air frais sur des années plus difficiles […]. Nous avons un réinvestissement réel pour notre réseau. »

— Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec

« Mille cinq cents postes pour septembre, c’est un défi. On verra si le gouvernement sera capable d’agir et de faire les embauches. Le gouvernement nous a compris, mais ç’a été le même gouvernement qui a supprimé plus de 250 postes de professionnels. Il y a eu des ruptures de services en éducation, et là, le gouvernement répare, mais pas en totalité. Il aurait pu aller plus loin. À 5 %, on aurait pu parler d’un réel réinvestissement. »

— Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec

« A priori, on parlait d’un budget qui priorisait l’éducation, mais ce n’est pas ce qu’on constate pour les universités. On parle de 3,4 % cette année, alors que les coûts de système sont de 3,8 %. Et les années d’avant, c’était [une hausse budgétaire] beaucoup moindre que 3,4 % ou une réduction. On est encore très loin de compenser les coupes qui ont été faites. »

— Nicolas Lavallée, président de l’Union étudiante du Québec

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