Alexandre Da Costa

L’aventure pop classique, le meilleur des deux mondes

Sans conteste l’un des plus éminents violonistes québécois de calibre international, soliste prisé par les plus grands chefs et les plus prestigieux orchestres du monde, Alexandre Da Costa plonge tête première dans l’aventure pop classique avec un ambitieux spectacle multimédia, fondé sur la matière de son album Stradivarius à l’opéra, lancé en novembre dernier.

De concert avec l’Orchestre symphonique de Vienne, le virtuose y reprend de grands airs d’opéras connus tels Carmen (Bizet), Roméo et Juliette (Prokofiev), Turandot (Puccini), La Valkyrie (Wagner) ou même le rock opératique de Queen (The Show Must Go On/Lo Spettacolo Deve Andare Avanti).

« Vaste entreprise de vulgarisation ? Absolument ! Et je suis très bien entouré pour y parvenir », amorce le virtuose qui, à l’évidence, ne s’encombre pas des scrupules et préjugés inhérents à cette démarche.

« Je voulais, explique-t-il, enregistrer un album de très haut niveau avec un ensemble de prestige sous ma propre direction, soit l’Orchestre symphonique de Vienne. Stradivarius à l’opéra est sorti ensuite sous étiquette Spectra Musique pour le marché local et chez Sony Classical à l’étranger. À partir de là, ç’a pris une tout autre dimension. »

Nous y voilà : l’équipe d’Alexandre Da Costa mise sur une approche multimédia qui, selon ses dires, décuplera l’ampleur de l’exécution devant public.

« Projections et éclairages accompagneront la musique, on fera ainsi le voyage entre différents opéras, différentes cultures. »

— Le violoniste Alexandre Da Costa

« Cet environnement visuel a été mis au point par Silent Partners, une entreprise de Montréal reconnue mondialement, entre autres pour ses contributions aux spectacles de Justin Timberlake, Taylor Swift, One Direction ou Calvin Harris. Dans le monde classique, en tout cas, je n’ai jamais vu un tel traitement. C’est énorme ! », s’exclame le violoniste.

Si, d’ailleurs, le spectacle produit les résultats escomptés, Alexandre Da Costa et son équipe souhaitent aller beaucoup plus loin : « Nous avons des rêves, c’est-à-dire développer le concept sur d’autres répertoires. Pourquoi, par exemple, ne présenterions-nous pas un tel spectacle à Las Vegas ? »

Violon amplifié

Choyé par la communauté classique, Alexandre Da Costa aurait pu s’en tenir à faire évoluer sa carrière de soliste, premier violon, chef ou professeur. Il voulait davantage : « Je joue des concertos depuis une vingtaine d’années, j’ai donné environ 2000 concerts depuis mes débuts. Je ne dénigre en rien le monde classique pur et dur, je continue d’ailleurs de beaucoup m’y investir, mais… Je trouve qu’on perd un peu l’excitation, ça devient de plus en plus stérile. C’est pourquoi j’avais envie de présenter quelque chose de rafraîchissant. »

Ainsi, le fameux Stradivarius « Di Barbaro » de 1727, prêté à long terme à Alexandre Da Costa, sera l’instrument central d’un ensemble amplifié de 10 excellents instrumentistes québécois, qui inclut aussi la violoniste Ana Drobac, le contrebassiste Éric Lagacé et la violoncelliste Chloé Dominguez.

« Jouer avec une centaine de musiciens, estime notre interviewé, cela génère une énergie fantastique, mais je dois avouer qu’un concert amplifié dans un tel environnement augmente considérablement l’impact. » 

« C’est comme si mon violon était multiplié par cent ! Je serais étonné qu’un spectacle aussi bien ficelé ne touche pas les gens. Nous avons le contenu et le contenant. »

— Alexandre Da Costa

De plus, Alexandre Da Costa dirige lui-même cet ensemble réduit comme il l’a fait avec l’Orchestre symphonique de Vienne pour l’enregistrement de Stradivarius à l’opéra. À ce titre, il rappelle ne rien inventer. « Il s’agit d’une tradition qui remonte au baroque. Jusqu’au siècle dernier, cette pratique a été courante et a décliné parce que les violonistes se sont davantage concentrés sur la virtuosité. Je fais donc juste raviver une tradition. J’ai appris auprès de plusieurs grands chefs lorsque j’étais soliste invité, j’ai aussi fait beaucoup de musique de chambre, je complète actuellement un doctorat sur ce sujet précis du violoniste maestro. »

Avec Stradivarius à l’opéra, fait-il observer, la musique fait partie d’un tout. « C’est la création collective à son plus haut degré, et je suis le gardien de la qualité musicale. J’essaie d’offrir le caviar dans un contenant plus accessible. Ce n’est pas parce qu’on aime Woody Allen qu’on ne peut pas apprécier une production hollywoodienne. »

Cela étant assumé, Alexandre Da Costa ne prétend pas vouloir absolument faire migrer les auditoires pop vers les concerts de musique classique. Il se contenterait volontiers de constituer deux types de public. Dans le monde classique, il jouera avec l’OSM en mai prochain, continuera d’enseigner cinq mois par an à Perth, en Australie (Université Edith Cowan), sera premier violon invité de l’Orchestre symphonique de Vienne en décembre, et ainsi de suite.

« En somme, conclut-il, je souhaite offrir le meilleur des deux mondes. »

Au Théâtre Maisonneuve, le 23 février, à 20 h, dans le cadre de Montréal en lumière

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