Grande entrevue Jean-Louis Vangeluwe, PDG Solmax

L’émergence d’un numéro un mondial

Depuis sa création en 1981, l’entreprise Solmax de Varennes n’a jamais caché ses ambitions de s’imposer sur le marché mondial. Le fabricant de géomembranes de polyéthylène, destinées aux secteurs minier et pétrolier, de même qu’aux lieux d’enfouissement, a toutefois franchi, en décembre dernier, une étape cruciale de son développement en faisant l’acquisition de l’entreprise américaine GSE Environmental, concurrente trois fois plus grosse que lui, pour devenir ainsi le numéro un mondial de l’industrie.

C’est en 1981 que l’entrepreneur Jacques Côté fonde Solmax, une entreprise spécialisée dans la distribution de produits géosynthétiques au Canada. En 1983, Solmax élargit ses activités en se lançant dans l’installation de géomembranes.

Jacques Côté voit grand. À partir de 1989, l’entrepreneur essaime son concept d’unités d’installation à l’international en ouvrant des divisions aux États-Unis, en France, au Chili et au Venezuela.

En 1997, Jacques Côté entreprend d’intégrer verticalement les activités de l’entreprise en décidant de fabriquer au Québec ses propres géomembranes de polyéthylène dans l’ancienne usine des Alcools de commerce de Varennes.

Il s’agissait d’un investissement important qui a nécessité un apport de capital du Fonds de solidarité de la FTQ, qui a pris alors une participation de 30 % dans l’entreprise.

« Les premières années ont été difficiles, mais de 2000 à 2012, on a profité du cycle minier favorable alors que 50 % de nos membranes étaient absorbées par les grandes entreprises minières partout à travers le monde », raconte Jean-Louis Vangeluwe, qui s’est joint à Solmax en 1997 pour s’occuper des ventes, avant d’en devenir le PDG en 2015.

Durant ces années d’expansion, Solmax a réussi à hausser ses ventes de 40 à 120millions et a ouvert une deuxième usine en Malaisie, de façon à mieux desservir le marché asiatique.

Depuis 2012, l’entreprise a absorbé les contrecoups de l’effondrement du secteur minier en haussant ses ventes dans les secteurs de l’énergie et des lieux d’enfouissement de déchets ménagers et industriels.

« La multiplication des gisements de gaz et de pétrole de schiste nous a permis de maintenir nos volumes, où nos géomembranes permettent de récupérer l’eau utilisée dans le fractionnement du sol. Les pays émergents ont haussé leur demande de membranes pour les sites d’enfouissement », souligne Jean-Louis Vangeluwe.

Une occasion de consolidation

Solmax a réussi à bien traverser les cinq dernières années même si les revenus du secteur minier, qui représentaient 50 % de son chiffre d’affaires, ont chuté à 20 % seulement.

« Notre ancien PDG, Marc-André Gervais, était un gestionnaire de haut calibre qui a mis en place des processus internes efficaces. Il a bien structuré les bases de notre activité industrielle. »

— Jean-Louis Vangeluwe

Ce qui n’a pas été le cas chez le principal concurrent de Solmax, l’entreprise américaine GES Environmental, de Houston, qui disposait aussi d’un réseau d’usines de géomembranes en Allemagne, en Égypte, en Thaïlande et en Chine.

« En 2014, GES, qui appartenait à deux fonds d’investissement américains, a dû se placer sous la protection de la loi sur les faillites. Un des fonds a racheté les dettes des créanciers, mais GES n’a jamais depuis affiché une rentabilité probante.

« C’est dans ce contexte qu’on a entrepris l’an dernier de proposer aux deux fonds d’acheter GES. Ils n’étaient pas chauds à l’idée, mais ils ont finalement accepté d’ouvrir leurs livres et d’autoriser une personne de notre groupe à visiter chacune de leurs usines », rappelle le PDG de Solmax.

Parallèlement à ces démarches, Solmax devait réaliser un montage financier pour lui permettre d’acheter ce concurrent trois fois plus gros qu’elle.

« On cherchait des partenaires patients. Le Fonds, qui est avec nous depuis 1997, a décidé de réinvestir et la Caisse de dépôt a aussi embarqué. Le propriétaire Jacques Côté a accepté de réduire sa participation et on a formé un groupe de trois actionnaires égaux.

« On avait un bilan et une capacité organisationnelle impeccables. C’est ce qui a convaincu la Caisse », estime Jean-Louis Vangeluwe.

Résultat des courses : grâce à l’acquisition de GES, Solmax va plus que quadrupler ses revenus cette année, de 120 millions à plus de 500 millions. Les parts du marché mondial de GES étaient de 25 %, contre 10 % pour Solmax.

« On prévoit qu’au terme de notre première année d’opération, on va hausser nos parts de marché à 45 %, grâce à une plus grande efficacité opérationnelle », anticipe le PDG.

Des gains partout

Jean-Louis Vangeluwe estime qu’il faudra compter deux ans pour réussir l’intégration de cette importante acquisition. Il est convaincu que Solmax sera en mesure de hausser l’efficacité opérationnelle du groupe américain en y implantant ses processus.

« On va utiliser nos processus pour optimiser leurs opérations. On va réaliser des synergies de revenus avec des volumes d’achat beaucoup plus importants. On va aussi implanter des outils de TI qui vont profiter à l’ensemble du groupe », prévoit le PDG.

Selon lui, Solmax profitera surtout d’une plus grande agilité pour répondre aux besoins du marché global en pouvant mieux répartir la production.

« Avant, on desservait nos clients du Moyen-Orient à partir de Varennes. Là, on a une usine en Égypte. On va sauver sur les coûts. Notre usine de Thaïlande va pouvoir répondre à nos clients australiens. On va sauver beaucoup de coûts de transport », évalue-t-il.

Solmax compte aujourd’hui 600 employés à travers son réseau d’usines dans le monde et compte des clients dans plus de 60 pays.

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