Opinion

L’aérospatiale sur les ailes du développement durable

Le Canada est un leader dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de l’aviation

Du 23 au 25 novembre prochains, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) tiendra son tout premier forum aéronautique mondial à Montréal, une des trois principales plaques tournantes de l’aviation dans le monde. Les participants étudieront les types de partenariat adaptés à ce secteur d’activité pour assurer son développement durable.

Les impacts du transport aérien sur l’environnement sont indéniables. À titre d’exemple, l’industrie aéronautique produit environ 2 % des gaz à effet de serre (GES) émis par l’homme à l’échelle planétaire et selon les prévisions, ce dernier connaîtra une croissance annuelle d’environ 5 %. Conséquemment, la consommation de carburant augmentera annuellement de 3 %, les aéroports seront plus gros et plus achalandés, et la pollution atmosphérique et sonore enregistrera une hausse.

Les acteurs de l’industrie aéronautique, transporteurs aériens, aéroports, avionneurs et prestataires de services en gestion de trafic aérien, peuvent être crédités pour leur vigilance accordée à l’environnement, mais un travail important reste à venir. La coopération entre les universités, les gouvernements et les acteurs de l’industrie est primordiale pour continuer de répondre aux exigences de demain.

Un vibrant exemple d’une telle collaboration existe à Concordia à travers son Institut de conception et d’innovation en aérospatiale (ICIAC) qui regroupe toutes les activités interdépartementales éducatives et de recherche, favorisant un climat de partenariat avec l’industrie.

Dans ce cadre, des chercheurs de réputation mondiale étudient les matériaux composites et les revêtements d’aéronef perfectionnés ; l’utilisation de biocarburant ; la réduction de gaspillage aux étapes de conception, de fabrication ainsi que dans la chaîne logistique ; et le perfectionnement des opérations aéroportuaires.

Malgré les gains en efficience réalisés par les avionneurs et les transporteurs aériens canadiens, les émanations de GES continueront d’augmenter. Selon les prévisions, les émissions de GES d’origine canadienne augmenteront de 1 % à 2 % annuellement. Perspective plus préoccupante, le Conseil international des transports propres constate que l’industrie accuse un retard d’une douzaine d’années dans l’atteinte des cibles en matière de rendement du carburant fixées par l’OACI pour 2020 et 2030. En 2010, l’OACI a établi des objectifs volontaires de réduction de la pollution causée par l’aviation internationale et à titre d’exemple, elle visait une hausse moyenne annuelle de 2 % du rendement du carburant dans le monde d’ici 2020.

Pour 2050, l’industrie s’est donné pour but de réduire de moitié les émissions de dioxyde de carbone telles qu’elles se mesuraient en 2005.

Il y a toutefois du bleu dans le ciel canadien. En effet, grâce à l’atteinte d’objectifs sectoriels en matière d’environnement, notre pays assume déjà un rôle de leader. De 2005 à 2020, le Canada a élaboré un « plan d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’aviation ». Du reste, plusieurs projets verts ont été adoptés pour parvenir à ce but, et ce, par l’intermédiaire notamment du Groupe de travail de l’aviation canadienne sur l’environnement (GT-ACE) et du Groupement aéronautique de recherche et développement en environnement (GARDN). Ainsi, le premier vol d’un avion civil à réaction entièrement alimenté au biocarburant de même que le premier voyage au Canada d’un aéronef commercial consommant du biocarburant ont eu lieu sous l’égide du GARDN.

De 1990 à 2010, l’industrie aéronautique canadienne a affiché une amélioration annuelle moyenne de 1,9 % en matière de rendement du carburant. Ce résultat – qui excède la cible définie dans l’accord volontaire – découle notamment d’initiatives adoptées par des entreprises comme Pratt & Whitney : le motoriste s’est fixé pour l’horizon 2025 des objectifs de durabilité portant sur plusieurs aspects, dont le gaspillage, l’énergie, les matériaux et les produits. L’avionneur Bombardier Aéronautique, quant à lui, a mis en œuvre une stratégie environnementale qui, par exemple, préconise l’utilisation de matières recyclables et sous-tend une réduction des émissions de GES et de la consommation d’énergie.

La croissance du transport aérien est inévitable. Nous devons nous assurer qu’elle sera également durable. Il faut maintenir – et renforcer – notre engagement à purifier l’air, et ce, en privilégiant les innovations qui impulseront des déplacements en avion plus écologiques.

*Nadia Bhuiyan est professeure et directrice de l’enseignement à l’Institut de conception et d’innovation en aérospatiale de l’Université Concordia (ICIAC).

Sylvain Cofsky est directeur général du Groupement aéronautique de recherche et développement en environnement (GARDN).

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